
Comment gagner en connaissance de soi au travail
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Dans notre société contemporaine, la quête de connaissance de soi au travail est devenue un enjeu crucial pour notre épanouissement professionnel. Pourtant, malgré nos efforts, cette connaissance profonde semble souvent nous échapper, restant dans les limbes d'une compréhension superficielle.
Pourquoi est-il si difficile de percevoir clairement qui nous sommes vraiment dans notre environnement professionnel ? Selon une étude menée par l'Université de Stanford en 2023, 72% des professionnels déclarent éprouver des difficultés à identifier leurs talents naturels et leur singularité dans leur contexte de travail.
Cette difficulté ne relève pas d'un simple manque de volonté, mais trouve ses racines dans des mécanismes bien plus complexes et souvent inconscients. Dans cet article, nous explorerons les différentes barrières qui entravent notre capacité à nous connaître véritablement dans le cadre professionnel et comment les dépasser pour enfin trouver notre juste place.
La connaissance de soi au travail va bien au-delà de la simple identification de nos compétences techniques ou de nos préférences professionnelles. S'il est relativement aisé de dresser la liste de ce que nous savons faire ou de ce que nous aimons faire, ces éléments ne constituent que la partie émergée de l'iceberg de notre identité professionnelle.
La véritable connaissance de soi au travail implique de découvrir notre zone de génie unique – cette manière singulière d'appréhender les situations, de traiter l'information, de résoudre les problèmes et d'interagir avec notre environnement. Elle s'apparente à une empreinte digitale professionnelle, à la fois naturelle et inconsciente, qui nous distingue fondamentalement de nos collègues.
Prenons l'exemple de Marie Curie. Au-delà de ses compétences scientifiques, ce qui la rendait véritablement unique était sa capacité extraordinaire à persévérer dans ses recherches malgré l'adversité et à percevoir des schémas là où d'autres ne voyaient que du chaos. Cette aptitude n'était pas seulement une compétence acquise, mais une expression naturelle de son mode de fonctionnement.
Cette zone de génie est souvent si intégrée à notre être que nous n'en avons pas conscience. Nous l'utilisons quotidiennement sans même nous en rendre compte, comme nous respirons sans y penser. C'est précisément cette nature automatique qui rend sa découverte si complexe, particulièrement dans l'environnement professionnel.
L'un des principaux obstacles à la connaissance de soi au travail réside dans la structure même de nos environnements professionnels. Les entreprises et organisations fonctionnent généralement selon un modèle qui valorise l'acquisition de compétences standardisées plutôt que la révélation et le développement de notre excellence naturelle.
Observons le processus de recrutement et d'évolution de carrière classique : fiches de poste détaillant des compétences requises, entretiens d'évaluation basés sur des objectifs mesurables, plans de formation visant à combler des "lacunes" identifiées. Cette approche nous conditionne progressivement à penser que notre valeur professionnelle se mesure uniquement à l'aune de ce que nous avons consciemment appris ou acquis.
Ce conditionnement est si profond qu'il nous amène souvent à dévaloriser ou ignorer notre mode opératoire naturel. Comme le souligne le psychologue organisationnel Adam Grant : "Nous avons tendance à sous-estimer nos talents naturels précisément parce qu'ils nous viennent facilement. Cette facilité nous laisse croire, à tort, qu'ils ne sont pas exceptionnels."
Ainsi, paradoxalement, ce qui fait notre plus grande singularité – cette manière unique d'interagir avec le monde – est fréquemment ce que nous valorisons le moins dans notre environnement professionnel. Nous nous efforçons d'acquérir des compétences standardisées qui nous éloignent parfois de notre nature profonde, au lieu de chercher des contextes où notre excellence naturelle pourrait s'exprimer pleinement.
Dans le monde professionnel actuel, l'attention se porte essentiellement sur les résultats obtenus et rarement sur la manière dont nous parvenons à ces résultats. Cette fixation sur l'objectif final nous empêche de prendre conscience du processus mental unique que nous utilisons pour atteindre nos réussites.
Considérons le cas d'un chef de projet particulièrement doué pour désamorcer les tensions dans son équipe. Lors de l'évaluation de sa performance, on valorisera le respect des délais et du budget, mais rarement sa capacité naturelle à créer un environnement de travail harmonieux. Cette aptitude, pourtant centrale dans sa réussite, reste généralement invisible tant pour l'organisation que pour lui-même.
Notre excellence naturelle opère souvent dans l'ombre des résultats visibles. Lorsque nous accomplissons une tâche avec fluidité et aisance, nous avons tendance à minimiser l'importance de notre mode opératoire, pensant que "tout le monde pourrait faire pareil". Cette banalisation constitue l'un des plus grands obstacles à la connaissance de soi au travail.
Combien de fois nous sommes-nous dit : "Ce n'est rien, c'est normal" face à un compliment sur quelque chose qui nous est venu naturellement ? Cette réaction révèle notre difficulté à reconnaître notre excellence singulière précisément parce qu'elle nous semble évidente et sans effort. Pourtant, c'est justement cette facilité qui signale que nous sommes dans notre zone de génie.
Le rythme effréné de notre quotidien professionnel laisse peu de place à l'introspection nécessaire pour observer et comprendre notre fonctionnement unique. Entre les deadlines qui s'enchaînent, les réunions qui s'accumulent et les urgences quotidiennes, les moments de recul deviennent rares, voire inexistants.
Cette course perpétuelle nous maintient dans un état de pilotage automatique où nous agissons mécaniquement, sans prendre conscience de notre manière singulière d'appréhender les situations. Comme l'explique Mihaly Csikszentmihalyi, psychologue renommé et auteur de la théorie du "flow" : "Nous sommes tellement absorbés par le faire que nous perdons la capacité d'observer comment nous faisons."
Imaginez un musicien virtuose qui jouerait constamment sans jamais prendre le temps d'écouter ses propres interprétations. Comment pourrait-il identifier ce qui rend son jeu unique ? De la même manière, sans ces pauses nécessaires pour observer nos schémas d'excellence, nous restons aveugles à la spécificité de notre fonctionnement.
Cette absence de moments réflexifs nous prive d'une ressource essentielle pour notre évolution professionnelle : la compréhension de notre mode opératoire identitaire. Sans cette clé, nous continuons à chercher notre voie professionnelle en tâtonnant, souvent attirés par des critères superficiels (statut, rémunération) plutôt que par des contextes qui résonneraient profondément avec notre nature.
Avez-vous déjà pris le temps, ne serait-ce qu'une heure par mois, pour observer comment vous fonctionnez naturellement dans votre environnement professionnel ? Cette simple pratique pourrait ouvrir une porte vers une connaissance de soi plus authentique.
Un autre obstacle majeur à la connaissance de soi au travail réside dans notre tendance à confondre la satisfaction temporaire que procurent le succès ponctuel ou la reconnaissance professionnelle avec le sentiment d'alignement profond qui émerge lorsque nous œuvrons dans notre zone de génie naturelle.
Cette confusion est particulièrement insidieuse car elle nous maintient dans l'illusion de nous connaître, alors que nous ne faisons qu'effleurer la surface. Nous prenons nos envies conscientes (statut, rémunération, domaine d'activité) pour des indicateurs fiables de notre vocation, sans réaliser qu'elles sont souvent le fruit de conditionnements sociaux ou de stratégies adaptatives développées au cours de notre parcours.
Prenons l'exemple d'un cadre dirigeant qui a gravi les échelons avec brio et atteint un poste prestigieux. Extérieurement, tout indique la réussite et la satisfaction. Pourtant, intérieurement, il ressent un vide inexplicable, comme si quelque chose d'essentiel lui échappait. Ce décalage illustre parfaitement la différence entre atteindre des objectifs extrinsèques (envies) et être en accord avec sa nature profonde (besoins).
Cette méprise nous pousse à chercher constamment des solutions extérieures – changement d'entreprise, de poste, de secteur – sans avoir clarifié notre monde intérieur. Nous perpétuons ainsi un cycle de satisfaction éphémère suivie de désillusion, comme un voyageur qui changerait sans cesse de destination sans jamais consulter sa boussole interne.
La véritable connaissance de soi au travail passe par la distinction entre ces satisfactions superficielles et l'alignement profond qui se manifeste par un sentiment de fluidité, d'aisance et de plénitude dans notre manière d'agir, indépendamment des résultats obtenus ou de la reconnaissance reçue.
Dans notre quête de connaissance de soi au travail, nous nous tournons souvent vers des outils d'évaluation censés nous éclairer sur notre personnalité ou nos aptitudes professionnelles. Tests de personnalité, évaluations de compétences, bilans d'orientation – ces instruments sont devenus omniprésents dans le monde professionnel.
Cependant, la plupart de ces outils fonctionnent selon un principe de typologie : ils nous classent dans des catégories prédéfinies à partir de nos réponses à des questionnaires standardisés. "Vous êtes analytique", "Vous êtes un leader", "Vous êtes créatif" – autant d'étiquettes qui, bien que partiellement éclairantes, ne rendent pas justice à la complexité et à la singularité de notre fonctionnement.
Ces approches, en nous attribuant des "tendances" génériques, nous encouragent implicitement à nous conformer à des profils standardisés plutôt qu'à découvrir et valoriser notre mode opératoire authentique. Nous finissons par nous identifier à ces cases prédéfinies, perdant de vue la spécificité de notre contribution.
Carl Jung lui-même, dont les travaux ont inspiré de nombreux tests de personnalité, mettait en garde contre cette simplification excessive : "L'individualité ne tolérera jamais d'être classifiée dans une catégorie générale." Cette mise en garde reste largement ignorée dans le monde professionnel actuel.
Cette standardisation présente un autre danger subtil : elle nous donne l'illusion de nous connaître alors que nous n'avons fait qu'identifier des traits généraux. C'est comme si nous confondions la reconnaissance d'un continent sur une carte avec l'exploration détaillée de ses paysages, de sa faune et de sa flore.
Pour gagner en véritable connaissance de soi au travail, il est nécessaire de dépasser ces catégorisations génériques et d'explorer notre fonctionnement unique dans toute sa richesse et sa complexité.
Nos années d'enfance et d'adolescence, de 0 à 16 ans environ, constituent la période la plus déterminante pour la formation de notre mode de fonctionnement unique. C'est durant cette période que nos expériences, heureuses comme douloureuses, façonnent des chemins neuronaux spécifiques dans notre cerveau et développent en nous des aptitudes singulières.
Les neurosciences confirment cette importance cruciale des premières années : c'est entre 0 et 3 ans que notre cerveau crée le plus de neurones, avant d'entamer un processus d'élagage et de spécialisation qui se poursuivra jusqu'à la fin de l'adolescence. Ce processus neurologique, largement inconscient, forge littéralement notre manière unique d'interagir avec le monde.
Or, dans notre vie professionnelle d'adulte, nous perdons souvent la connexion avec ces expériences fondatrices et les ressources intérieures qu'elles ont développées en nous. Cette déconnexion crée un fossé entre notre identité profonde et notre identité professionnelle.
Comment retrouver le lien avec ces expériences formatrices ? Un exercice simple consiste à vous remémorer des moments de votre enfance où vous avez ressenti un plaisir intense ou une facilité déconcertante dans certaines activités. Ces souvenirs contiennent souvent des indices précieux sur votre mode de fonctionnement naturel.
Cette reconnexion avec nos expériences fondatrices n'est pas un simple exercice de nostalgie. Elle constitue une voie d'accès privilégiée vers la compréhension de notre excellence naturelle et peut éclairer de manière décisive nos choix professionnels actuels.
Face à ces nombreux obstacles, il est légitime de se demander comment progresser vers une véritable connaissance de soi dans notre environnement professionnel. Voici quelques pistes concrètes pour entamer ce cheminement :
Ces démarches constituent un bon point de départ, mais pour certains, un accompagnement plus structuré peut s'avérer nécessaire. C'est là que le bilan de compétences prend tout son sens, surtout lorsqu'il intègre des approches qui vont au-delà des compétences techniques pour explorer votre mode opératoire unique.
Le Bilan d'Excellence, grâce à la méthode MO2I (Mode Opératoire Identitaire et Itératif), vous permet d'aller plus loin en identifiant précisément cette zone de génie dans laquelle vous excellez naturellement, sans vous enfermer dans des cases prédéfinies.
La connaissance de soi au travail est un voyage plus qu'une destination, un processus continu plutôt qu'un état figé à atteindre. Les obstacles que nous avons explorés ne sont pas insurmontables, mais leur dépassement requiert une attention consciente et une démarche délibérée.
En prenant conscience de ces barrières souvent invisibles, nous faisons déjà un pas significatif vers une compréhension plus authentique de notre singularité professionnelle. Cette connaissance approfondie ouvre la voie à des choix professionnels plus éclairés et à un alignement plus profond entre ce que nous sommes et ce que nous faisons.
N'est-ce pas là, finalement, l'essence même de l'épanouissement professionnel que nous recherchons tous ?