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4 erreurs à éviter lorsqu'on tente de retrouver de l'empathie au travail

Dans un monde professionnel où les relations humaines sont parfois mises à mal par les pressions et les exigences de performance, l'empathie apparaît comme une qualité de plus en plus recherchée. Selon une étude publiée par le Harvard Business Review, les entreprises qui cultivent une culture d'empathie connaissent une augmentation de 21% de leur productivité et une réduction significative du turnover. Pourtant, malgré cette reconnaissance croissante de son importance, retrouver ou développer une véritable empathie au travail reste un défi pour beaucoup d'entre nous.


Il ne s'agit pas simplement d'être "gentil" ou de manifester de la compassion de façon superficielle. L'empathie authentique au travail s'inscrit dans une démarche plus profonde, liée à notre identité professionnelle et à notre capacité à nous connecter aux autres tout en restant fidèles à nous-mêmes. Dans cet article, nous allons explorer les quatre erreurs majeures qui nous empêchent souvent de cultiver cette qualité précieuse, et comment les éviter pour retrouver une relation plus authentique avec nos collègues et avec nous-mêmes.

Qu'est-ce que réellement l'empathie au travail ?

L'empathie ne consiste pas à ressentir les mêmes émotions que l'autre, contrairement à ce que beaucoup pensent. C'est plutôt la capacité à comprendre ce que l'autre ressent, sans nécessairement vivre ces émotions soi-même. Cette distinction est fondamentale et souvent mal comprise.


Dans un contexte professionnel, l'empathie se manifeste par notre capacité à saisir les préoccupations, les motivations et les défis de nos collègues, tout en maintenant une distance émotionnelle saine. Elle requiert deux compétences essentielles : une écoute attentive et une maîtrise de nos propres réactions émotionnelles.


Prenons l'exemple de Nelson Mandela, qui a su faire preuve d'une empathie remarquable envers ceux qui l'avaient emprisonné. Il n'a pas absorbé leur hostilité (ce qui aurait relevé de la sympathie), mais a plutôt cherché à comprendre leurs perspectives et leurs craintes, ce qui lui a permis de construire des ponts plutôt que des murs.


L'empathie au travail n'est pas une qualité universelle que tout le monde devrait posséder au même degré. Elle s'exprime différemment selon notre singularité personnelle. Certains excellent dans l'écoute active, d'autres dans la perception fine des non-dits, d'autres encore dans la création d'espaces où chacun se sent en sécurité pour s'exprimer. Reconnaître sa propre façon d'être empathique est la première étape pour développer cette qualité de façon authentique.


Est-ce que vous vous êtes déjà demandé si votre façon d'exprimer l'empathie correspond véritablement à qui vous êtes?


Erreur : Confondre empathie et sympathie émotionnelle

La confusion entre empathie et sympathie constitue l'une des erreurs les plus courantes et les plus épuisantes dans notre quête d'humanité au travail. Lorsque nous tombons dans ce piège, nous ne nous contentons pas de comprendre les émotions de nos collègues, nous les absorbons littéralement comme une éponge.


Imaginez une réunion d'équipe où un collègue exprime sa frustration face à un projet qui stagne. Si vous réagissez par sympathie, vous risquez de vous sentir tout aussi frustré, voire en colère, ce qui n'aide personne – ni vous, ni votre collègue. En revanche, répondre avec empathie signifie reconnaître et valider cette frustration tout en gardant votre propre équilibre émotionnel.


Cette confusion a des conséquences profondes sur notre bien-être au travail. Une étude menée par l'Université de Californie a révélé que les professionnels qui confondent empathie et sympathie présentent des taux d'épuisement professionnel jusqu'à trois fois plus élevés que ceux qui maintiennent cette distinction claire.


Au quotidien, cette erreur se manifeste souvent par une fatigue émotionnelle en fin de journée, une difficulté à "couper" après le travail, ou une tendance à ruminer les problèmes des autres comme s'ils étaient les nôtres. Nous finissons par porter un fardeau qui n'est pas le nôtre, ce qui diminue paradoxalement notre capacité à aider véritablement.


Pour éviter cette erreur, commencez par prendre conscience de vos propres frontières émotionnelles. Après une conversation difficile, posez-vous cette question simple : "Est-ce que je comprends ce que cette personne ressent, ou est-ce que je me sens exactement comme elle?" Si c'est la deuxième option, vous êtes probablement dans la sympathie plutôt que dans l'empathie.


Une technique efficace consiste à pratiquer ce que les psychologues appellent "la distance compassionnelle" – être pleinement présent pour l'autre tout en maintenant un ancrage dans votre propre centre émotionnel. Comme le disait si justement Carl Rogers, pionnier de l'approche centrée sur la personne : "C'est comme si j'entrais dans le monde privé de l'autre et que je m'y installais. Je deviens sensible, [...] mais sans jamais perdre la qualité du 'comme si'."


Erreur : Négliger la connaissance de soi comme préalable à l'empathie

Il peut sembler contre-intuitif de commencer par soi pour mieux comprendre les autres. Pourtant, l'une des erreurs majeures dans notre quête d'empathie consiste à sous-estimer l'importance de la connaissance de soi.


L'empathie authentique s'enracine dans une compréhension profonde de nos propres émotions, motivations et angles morts. Sans cette base solide, nous risquons de projeter inconsciemment nos propres expériences et biais sur les autres, croyant les comprendre alors que nous ne faisons que nous voir en eux.


Prenons un exemple concret : avez-vous déjà remarqué comment certaines personnes semblent vous agacer particulièrement au travail, sans raison apparente? Souvent, ces irritations cachent un miroir que l'autre nous tend inconsciemment, reflétant des aspects de nous-mêmes que nous n'avons pas encore pleinement acceptés ou compris.


Le philosophe Carl Jung parlait d'"ombre" pour désigner ces aspects de notre personnalité que nous refusons de voir. Or, ces zones d'ombre non reconnues limitent considérablement notre capacité d'empathie. Comme l'explique la psychologue Brené Brown : "Nous ne pouvons comprendre chez les autres que ce que nous sommes capables de reconnaître en nous-mêmes."


Cette connaissance approfondie de soi n'est pas un exercice narcissique, mais plutôt un acte de générosité envers les autres. Elle nous permet de distinguer clairement ce qui nous appartient de ce qui appartient à l'autre dans nos interactions, évitant ainsi les projections et les malentendus.


Pour développer cette connaissance de soi essentielle à l'empathie véritable, plusieurs pratiques s'avèrent particulièrement efficaces :



Ce travail d'introspection n'est pas toujours confortable, mais il constitue le fondement d'une empathie authentique qui ne se confond pas avec nos propres projections.


Erreur : Forcer l'empathie dans des contextes qui ne nous correspondent pas

Nous commettons souvent l'erreur de croire que l'empathie devrait s'exprimer de la même manière quel que soit l'environnement professionnel. Cette vision uniformisée ignore une réalité fondamentale : notre capacité d'empathie dépend largement du contexte dans lequel nous évoluons et de l'adéquation entre ce contexte et notre identité profonde.


Avez-vous déjà ressenti une étrange difficulté à être véritablement présent pour vos collègues dans certains environnements, alors que cette même qualité vous semble naturelle dans d'autres? Ce phénomène n'est pas le fruit du hasard.


Lorsque nous travaillons dans un environnement qui entre en conflit avec notre nature profonde, notre capacité d'empathie se trouve considérablement réduite. Pourquoi? Parce qu'une grande partie de notre énergie est mobilisée pour nous adapter à un contexte dissonant, laissant peu de ressources disponibles pour la connexion authentique avec les autres.


Prenons l'exemple de Marie, gestionnaire de projet dans une entreprise valorisant la compétition individuelle et les résultats à court terme. Naturellement portée vers la collaboration et la vision à long terme, Marie s'épuisait à tenter d'être empathique dans un système qui ne récompensait pas cette qualité. Ce n'est qu'après avoir rejoint une organisation dont les valeurs s'alignaient avec les siennes qu'elle a redécouvert sa capacité naturelle d'empathie, sans effort.


Pour identifier si votre contexte professionnel permet l'expression de votre empathie authentique, soyez attentif à ces signaux d'alerte :



L'alignement entre notre environnement professionnel et notre vocation n'est pas un luxe, mais une nécessité pour que notre empathie puisse s'exprimer pleinement. Comme l'écrivait Howard Thurman : "Ne demandez pas ce dont le monde a besoin. Demandez-vous ce qui vous fait vibrer, et faites-le. Car ce dont le monde a besoin, c'est de personnes qui vibrent."


Erreur : Pratiquer l'empathie sans conscience de ses propres besoins

L'idée que l'empathie implique nécessairement l'oubli de soi constitue peut-être la plus insidieuse des erreurs dans notre rapport aux autres. Contrairement à ce que beaucoup pensent, une empathie authentique ne peut exister sans une attention équivalente portée à nos propres besoins et limites.


Le paradoxe est frappant : en négligeant notre propre bien-être au nom de l'empathie, nous finissons par épuiser notre capacité même à comprendre et à soutenir les autres. C'est ce que les psychologues appellent la "fatigue de compassion" - un état d'épuisement émotionnel qui affecte particulièrement les professions d'aide et de soin.


Gandhi illustre parfaitement cette tension lorsqu'il nous invite à "vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre". Cette philosophie, mal interprétée, peut conduire à un déséquilibre dangereux. Or, Gandhi lui-même prenait soin de ses propres besoins à travers la méditation quotidienne, les jeûnes réguliers et des périodes de silence - pratiques qui nourrissaient sa capacité à servir les autres.


Pour cultiver une empathie durable, nous devons développer une double conscience : celle des besoins de l'autre et celle de nos propres ressources et limites. Cette conscience s'exprime concrètement par notre capacité à :



L'équilibre entre présence pour les autres et respect de soi n'est pas statique mais dynamique. Il évolue selon les circonstances, les relations et notre propre état intérieur. Apprendre à ajuster cet équilibre représente peut-être l'art le plus subtil de l'empathie authentique.


Pour beaucoup d'entre nous, cette quête d'équilibre s'avère particulièrement difficile par manque de connaissance précise de nos propres besoins fondamentaux et de notre façon unique de fonctionner. C'est ici qu'un accompagnement spécifique peut s'avérer précieux pour clarifier notre singularité et identifier les contextes dans lesquels notre empathie s'exprime naturellement.


Un bilan de compétences approfondi peut vous aider à explorer non seulement vos savoir-faire techniques, mais aussi cette dimension essentielle de votre identité professionnelle. Le Bilan d'Excellence va encore plus loin en vous permettant d'identifier votre zone de génie unique - cette manière d'agir dans laquelle vous excellez naturellement et à travers laquelle votre empathie s'exprime de façon authentique.


Cultiver une empathie authentique alignée avec notre singularité

L'empathie authentique au travail ne s'impose pas, elle se cultive. Elle ne s'imite pas, elle s'exprime à travers notre singularité. En prenant conscience des quatre erreurs que nous venons d'explorer, nous pouvons commencer à développer une qualité de présence plus vraie, plus durable et finalement plus bénéfique pour tous.


Retrouver ou cultiver l'empathie au travail n'est pas qu'une question de technique ou de bonne volonté. C'est une invitation à un cheminement plus profond, à la rencontre de notre identité authentique et de notre vocation. Une invitation que chacun est libre de saisir, à sa manière et à son rythme.

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