Accueil Nos contenus Thématiques connaissance de soi Pourquoi ai-je du mal à travailler sur mes émotions ?

Pourquoi ai-je du mal à travailler sur mes émotions ?

Travailler sur nos émotions représente souvent un défi considérable, particulièrement lors d'une période de transition professionnelle.


Cette difficulté n'est pas le fruit du hasard mais résulte de mécanismes complexes, tant neurologiques que psychologiques, qui influencent notre rapport à notre monde intérieur.


Selon une étude publiée dans le Journal of Psychological Research en 2023, plus de 67% des personnes en reconversion professionnelle reconnaissent que leur difficulté à comprendre et gérer leurs émotions constitue un obstacle majeur à leur évolution.

Qu'est-ce que réellement travailler sur ses émotions ?

Contrairement à l'idée répandue, travailler sur ses émotions ne consiste pas à les contrôler, les supprimer ou même les "gérer" comme on gèrerait un projet professionnel. L'étymologie même du mot "émotion" nous éclaire sur sa nature profonde : issu du latin "emovere", il signifie "mettre en mouvement". Les émotions sont donc fondamentalement des énergies qui nous animent et nous poussent à agir.


En anglais, cette réalité est encore plus évidente : "e-motion" se décompose en "motion" (mouvement) et le préfixe "e" qui renvoie à l'extériorité. Nos émotions sont ainsi des mouvements intérieurs destinés à se manifester dans le monde extérieur, à la manière des courants marins qui façonnent invisiblement la surface de l'eau avant de créer des vagues.


Travailler sur ses émotions signifie donc apprendre à reconnaître ces mouvements intérieurs, à les accueillir comme des messagers porteurs d'informations essentielles sur nous-mêmes, et à les laisser nous guider vers une compréhension plus profonde de nos besoins authentiques. C'est un processus d'écoute et de dialogue intérieur, bien loin de l'effort de contrôle ou de répression que nous imaginons souvent.


Prenons l'exemple de Leonard de Vinci, dont les émotions d'émerveillement face à la nature ont nourri tant son art que ses inventions. Il ne cherchait pas à "gérer" cette curiosité émotionnelle – il l'utilisait comme boussole pour orienter ses recherches et créations. C'est précisément cette capacité à être guidé par ses mouvements intérieurs qui lui a permis de déployer son génie unique.


Notre rapport aux émotions s'est construit dès l'enfance

Pour comprendre nos difficultés actuelles, il nous faut remonter aux sources de notre construction émotionnelle. Entre 0 et 16 ans, notre cerveau ne se contente pas de grandir – il se spécialise. Les neurosciences ont démontré que cette période est caractérisée par une production massive de connexions neuronales, suivie d'un processus d'élagage qui préserve uniquement les circuits les plus utilisés.


Concrètement, chaque expérience émotionnelle forte de notre enfance a tracé des "chemins" dans notre cerveau, à la manière d'un sentier qui se forme dans l'herbe à force d'être emprunté. Face aux situations difficiles, notre jeune cerveau a développé des stratégies d'adaptation spécifiques : peut-être avez-vous appris à réprimer votre colère pour préserver l'harmonie familiale, ou à ignorer votre tristesse pour répondre aux attentes de force et de résilience de votre entourage.


Ces stratégies, initialement conçues pour nous protéger, deviennent avec le temps des automatismes inconscients. Le problème ? Ces chemins neurologiques persistent à l'âge adulte, même lorsqu'ils ne sont plus adaptés à notre réalité présente. Notre difficulté à travailler sur nos émotions provient ainsi en grande partie de ces structures neurologiques profondément ancrées.


Quand un enfant grandit dans un environnement où exprimer sa peur est interprété comme un signe de faiblesse, il développe des mécanismes pour masquer cette émotion – même à ses propres yeux. Des décennies plus tard, cet enfant devenu adulte pourra traverser des situations professionnelles anxiogènes sans même conscientiser sa peur, tout en subissant pourtant ses effets sur sa santé et ses décisions.


La peur de découvrir notre véritable identité

Une autre raison fondamentale de notre résistance au travail émotionnel réside dans la crainte de ce que nous pourrions découvrir sur nous-mêmes. Nos émotions, lorsqu'elles sont pleinement écoutées, peuvent révéler des aspects de notre identité que nous avons longtemps ignorés ou réprimés.


Imaginez un cadre supérieur qui a construit toute sa carrière dans la finance, suivant le chemin tracé par les attentes familiales. Que se passerait-il s'il s'autorisait à explorer la tristesse qui l'envahit chaque matin en se rendant au travail ? Peut-être découvrirait-il que sa véritable aspiration a toujours été l'enseignement ou l'artisanat. Cette découverte impliquerait de remettre en question non seulement sa carrière, mais aussi l'image qu'il a construite de lui-même et qu'il projette aux autres.


N'avez-vous jamais ressenti cette appréhension face à vos propres mouvements intérieurs ? Cette peur que les vagues émotionnelles, une fois libérées, ne viennent bouleverser l'édifice soigneusement construit de votre vie ? C'est précisément cette anxiété existentielle qui nous pousse souvent à maintenir le statu quo, aussi insatisfaisant soit-il, plutôt que de risquer la transformation profonde qu'implique le travail émotionnel authentique.


La confusion entre émotions et actions

L'une des sources principales de notre résistance au travail émotionnel vient d'une confusion fondamentale entre ressentir une émotion et agir sous son impulsion. Cette confusion crée une crainte légitime : si j'autorise ma colère à émerger pleinement, ne risqué-je pas de devenir violent ? Si j'accueille ma tristesse, ne vais-je pas sombrer dans une dépression sans fin ?


Cette peur nous amène à une posture paradoxale : pour éviter de subir les conséquences redoutées de nos émotions, nous choisissons de les réprimer à la source. C'est comme si, craignant d'être emportés par un courant marin, nous décidions de bétonner la plage entière.


Pourtant, les émotions elles-mêmes sont neutres - ce sont nos réactions qui peuvent être problématiques. La neuroscientifique Lisa Feldman Barrett a démontré que les émotions sont avant tout des constructions mentales destinées à nous aider à donner du sens à nos sensations physiques. Elles ne sont pas intrinsèquement "bonnes" ou "mauvaises" - elles sont informatives.


Prenons l'exemple de la colère. Cette émotion nous signale qu'une de nos limites ou valeurs importantes a été transgressée. La sentir pleinement nous permet de prendre conscience de cette violation. Mais entre cette prise de conscience et une réaction potentiellement agressive, il existe un espace de liberté que le philosophe Viktor Frankl décrivait ainsi : "Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace réside notre pouvoir de choisir notre réponse."


Apprendre à distinguer le ressenti émotionnel de l'action qui pourrait en découler constitue donc une étape cruciale pour dépasser notre résistance au travail émotionnel. Comment pouvez-vous créer cet espace entre l'émotion et la réaction ? Commencez par observer votre émotion sans jugement, en la nommant simplement : "J'éprouve de la colère" plutôt que "Je suis en colère". Cette légère distinction linguistique crée déjà une distance salutaire.


L'absence d'un cadre méthodologique adapté

Une difficulté majeure dans le travail émotionnel est l'absence d'une méthode structurée et personnalisée. Face à nos émotions, nous sommes souvent livrés à nous-mêmes, sans repères ni guidance adaptée à notre singularité.


Les approches standardisées que l'on trouve dans de nombreux livres ou formations de développement personnel présentent une limite fondamentale : elles proposent des méthodes génériques qui ne tiennent pas compte de notre histoire unique, de notre sensibilité particulière, et de notre manière spécifique de traiter l'information émotionnelle.


Imaginez un instant que vous souhaitiez apprendre à jouer d'un instrument de musique. Suivriez-vous exactement la même méthode qu'un autre apprenant, sans tenir compte de votre oreille musicale, de votre coordination naturelle, ou de votre sensibilité rythmique ? Probablement pas. Pourtant, c'est ce que nous faisons souvent avec le travail émotionnel.


Ce manque d'adaptation nous décourage rapidement : comment persévérer dans un travail aussi exigeant sans méthode qui résonne véritablement avec notre nature profonde ? Sans cadre structurant qui prenne en compte notre unicité, le travail émotionnel peut sembler abstrait, déconnecté de notre réalité quotidienne, voire totalement inefficace.


Pour progresser véritablement, nous avons besoin d'une approche qui reconnaisse notre singularité émotionnelle - notre manière unique de percevoir, traiter et exprimer nos émotions. Une méthode qui, plutôt que de nous proposer un chemin standard, nous aide à cartographier notre propre territoire intérieur et à y naviguer avec confiance.


Le conditionnement social et professionnel

Notre société valorise traditionnellement la rationalité au détriment de l'émotionnel, particulièrement dans le monde professionnel. Dès l'école, nous apprenons à privilégier la pensée logique et à mettre de côté nos ressentis. Le monde du travail renforce cette dichotomie en associant professionnalisme et contrôle émotionnel.


"Sois rationnel." "Ne te laisse pas submerger par tes émotions." "Reste professionnel." Ces injonctions, répétées depuis l'enfance, créent une fracture artificielle entre notre être pensant et notre être ressentant. Cette division, bien qu'illusoire d'un point de vue neurologique (les circuits émotionnels et rationnels de notre cerveau sont profondément interconnectés), devient une réalité vécue qui complique considérablement notre rapport aux émotions.


Ce conditionnement crée une dissociation progressive entre notre identité professionnelle et notre identité émotionnelle. Nous développons l'habitude de "laisser nos émotions au vestiaire" en arrivant au travail, créant ainsi un clivage artificiel qui complique considérablement tout travail d'intégration émotionnelle.


Marie Curie, scientifique de renom, illustre parfaitement ce défi. On se souvient d'elle comme d'une figure emblématique de la rationalité scientifique, oubliant souvent que sa passion pour la science était profondément émotionnelle. Ses journaux intimes révèlent l'intensité de ses sentiments face aux découvertes - émerveillement, frustration, joie pure - qui nourrissaient sa démarche scientifique plutôt que de l'entraver.


Que se passerait-il si, plutôt que de compartimenter nos vies, nous commencions à intégrer harmonieusement nos dimensions rationnelles et émotionnelles ? Cette question invite à reconsidérer fondamentalement notre approche du travail et de la vie en général.


Vers une reconnexion à notre véritable identité

Face à ces défis, comment entamer un travail émotionnel authentique qui nous reconnecte à notre véritable nature ? La première étape consiste à abandonner l'idée même de "travailler sur" nos émotions, expression qui suggère un effort de contrôle, pour adopter une posture d'accueil et d'écoute.


Concrètement, cela implique de créer des espaces quotidiens d'attention consciente à nos ressentis. Prenez quelques minutes chaque jour pour vous demander : "Que ressens-je en ce moment ?" Sans juger, sans chercher à modifier, simplement en observant les mouvements intérieurs qui vous animent.


La "remontée en signification" constitue une approche particulièrement puissante. Elle consiste à considérer chaque émotion difficile comme porteuse d'un message sur vos besoins profonds et votre identité véritable. Posez-vous cette question essentielle : "En quoi ce que je vis de difficile et désagréable fait sens dans ma vie ?"


Cette question ouvre la porte à une compréhension plus profonde de vous-même. Peut-être découvrirez-vous que cette insatisfaction chronique dans votre travail n'est pas un problème à résoudre, mais le signal que votre chemin professionnel actuel ne correspond pas à votre nature profonde. Peut-être réaliserez-vous que cette colère récurrente face à certaines situations reflète des valeurs fondamentales que vous n'avez jamais pleinement assumées.


Dans cette exploration, un accompagnement personnalisé peut s'avérer précieux. Le bilan de compétences traditionnel, bien qu'utile pour identifier vos aptitudes professionnelles, atteint rapidement ses limites lorsqu'il s'agit d'explorer cette dimension émotionnelle et identitaire. C'est pourquoi nous avons développé le Bilan d'Excellence, qui va au-delà des compétences pour vous permettre de découvrir votre zone de génie unique, cette manière singulière d'exceller naturellement que vous avez développée depuis l'enfance.


Conclusion

Notre difficulté à travailler sur nos émotions n'est pas un échec personnel mais le résultat de conditionnements profonds et de mécanismes de protection que nous avons mis en place au fil de notre vie. Reconnaître ces obstacles constitue déjà un pas significatif vers une relation plus harmonieuse avec notre monde intérieur.


L'enjeu véritable n'est pas tant de "maîtriser" nos émotions que d'apprendre à les accueillir comme des guides précieux sur le chemin de notre épanouissement authentique. En nous réconciliant avec cette dimension fondamentale de notre être, nous ouvrons la voie à une vie professionnelle plus alignée avec notre nature profonde – une vie où le faire découle naturellement de l'être.


Dans la même section...

Votre assistant