



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente de gérer ses peurs


La peur est l'une des émotions les plus fondamentales que nous expérimentons en tant qu'êtres humains.
Elle nous accompagne tout au long de notre vie, parfois comme protectrice, souvent comme frein à notre épanouissement.
Dans un contexte de reconversion professionnelle ou de recherche de sens dans notre parcours, ces peurs peuvent devenir particulièrement envahissantes.
Selon une étude publiée dans le Journal of Neuroscience en 2022, notre cerveau traite différemment les peurs réelles des peurs anticipées.
Fait surprenant : l'étude révèle que les peurs fictives ou projetées activent davantage les zones cérébrales liées à l'anxiété chronique que les dangers réels immédiats.
Cette distinction est cruciale pour comprendre pourquoi certaines approches de gestion des peurs échouent systématiquement.
Dans cet article, nous explorons les erreurs les plus courantes que nous commettons lorsque nous tentons de faire face à nos peurs, particulièrement dans un contexte de changement professionnel.
Comment éviter ces pièges et transformer nos peurs en leviers d'action plutôt qu'en obstacles insurmontables ?
Sommaire






Qu'est-ce que réellement la peur et pourquoi la gérer ?
La peur n'est pas seulement cette émotion paralysante qui nous empêche d'avancer. Elle est avant tout un mécanisme de survie sophistiqué, développé au cours de millions d'années d'évolution. Son rôle premier ? Nous protéger des dangers.
Ce que nous ignorons souvent, c'est la distinction fondamentale entre deux types de peurs. Les peurs réelles représentent une réponse à un danger immédiat et tangible. Elles ne constituent qu'environ 10% de nos peurs quotidiennes. Les 90% restants ? Des peurs fictives, des dangers projetés qui n'existent que dans notre esprit.
Ces peurs fictives trouvent leur origine dans notre enfance et nos expériences passées. Comme l'explique le Dr Joseph LeDoux, neuroscientifique renommé : "Le cerveau établit des connexions entre des situations présentes et des expériences passées négatives, créant ainsi des peurs anticipatoires qui n'ont souvent aucun fondement dans la réalité actuelle."
Prenons l'exemple de Marie, 42 ans, qui hésite à quitter son poste stable dans la finance pour se reconvertir dans l'artisanat d'art, sa véritable passion. Sa peur principale ? "Et si je n'y arrivais pas et me retrouvais sans ressources ?" Cette peur, bien que ressentie comme réelle, est principalement une projection basée sur une croyance limitante formée durant son enfance, lorsqu'elle a vu ses parents traverser des difficultés financières.
Gérer nos peurs devient donc essentiel, non pas pour les éliminer complètement (ce qui serait contre-productif), mais pour les reconnaître, les comprendre et éviter qu'elles ne dictent nos décisions professionnelles et personnelles. Car au fond, la peur mal gérée devient souvent le principal obstacle à notre épanouissement.
Erreur n°1 : Chercher à éliminer complètement ses peurs
"N'aie pas peur", "Surmonte tes peurs", "Vis sans peur"... Ces injonctions bien intentionnées constituent pourtant la première erreur majeure dans notre rapport à la peur. Chercher à éliminer totalement nos peurs est non seulement impossible, mais fondamentalement contre-productif.
La peur fait partie intégrante de notre humanité. Elle est le signal que quelque chose d'important est en jeu. Lorsque nous envisageons un changement professionnel radical, la peur qui surgit nous indique que nous sortons de notre zone de confort, que nous nous apprêtons à déstabiliser un équilibre, aussi imparfait soit-il.
Le mythe du "no fear" entretenu par certains discours de développement personnel crée souvent plus de dommages que de bienfaits. En effet, chercher à supprimer nos peurs nous amène généralement à deux impasses :
- Le déni : nous refoulons nos peurs, qui s'expriment alors de manière détournée (procrastination, somatisations, irritabilité).
- La frustration : nous nous sentons inadéquats car incapables d'atteindre cet idéal "sans peur" pourtant irréaliste.
L'histoire de Nelson Mandela illustre parfaitement cette nuance. Contrairement à l'image du héros sans peur, il confiait : "Je n'ai jamais cessé d'avoir peur. J'ai simplement appris à transformer ma peur en courage." Cette approche transformative, plutôt qu'éliminatoire, constitue une perspective bien plus réaliste et féconde.
La question n'est donc pas "Comment éliminer mes peurs ?" mais plutôt "Que me révèlent mes peurs sur mes valeurs, mes aspirations profondes, et les obstacles que je perçois ?" Une peur de l'échec dans un nouveau domaine professionnel peut ainsi révéler l'importance que nous accordons à la réussite, mais aussi notre manque de confiance en nos capacités d'adaptation.
En pratique, accueillir ses peurs plutôt que les combattre commence par un simple exercice : noter ses peurs sur papier, sans jugement, puis s'interroger pour chacune : "Qu'est-ce que cette peur cherche à protéger en moi ?" Cette démarche transforme la peur d'obstacle en indicateur précieux sur notre chemin.
Erreur n°2 : Confondre ses peurs avec son identité
"Je suis anxieux", "Je suis une personne peureuse", "J'ai toujours été comme ça"... Ces formulations apparemment anodines révèlent une seconde erreur fondamentale : nous identifier à nos peurs au point d'en faire un trait de caractère immuable.
Cette confusion entre ce que nous ressentons momentanément et ce que nous sommes fondamentalement crée une prison mentale particulièrement résistante. En assimilant nos peurs à notre identité, nous les rendons permanentes et incontestables.
L'origine de cette confusion remonte souvent à l'enfance. Lorsqu'un enfant manifeste de la peur face à certaines situations et que son entourage interprète ce comportement comme un trait de personnalité ("il est timide", "elle a peur de tout"), cette étiquette peut s'ancrer profondément dans la construction identitaire.
La psychologue Carol Dweck, connue pour ses travaux sur l'état d'esprit de croissance, a démontré combien cette identification à nos peurs peut être limitante. En étudiant des milliers d'enfants et d'adultes, elle a observé que ceux qui considéraient leurs peurs comme des états temporaires ("j'éprouve de la peur") plutôt que comme des traits identitaires ("je suis peureux") développaient une résilience significativement plus élevée face aux défis.
Cette distinction subtile mais cruciale peut se résumer ainsi : avoir peur est une expérience temporaire, être peureux est une prison identitaire que nous nous construisons nous-mêmes. L'un est un état passager, l'autre un verdict permanent.
Pour sortir de cette confusion, nous pouvons commencer par modifier notre langage. Au lieu de dire "Je suis anxieux à l'idée de changer de métier", essayez plutôt "J'éprouve de l'anxiété quand je pense à changer de métier". Ce simple recadrage linguistique crée une distance salutaire entre vous et votre peur, vous permettant de l'observer plutôt que de vous y identifier.
Pensez à un musicien qui, avant de monter sur scène, ressent le trac. S'il se dit "Je suis une personne anxieuse", il renforce une identité limitante. S'il reconnaît simplement "Je ressens du trac avant ce concert", il peut accueillir cette émotion comme une information temporaire, sans qu'elle ne définisse qui il est fondamentalement.
Erreur n°3 : Gérer ses peurs uniquement par l'analyse rationnelle
Face à nos peurs, particulièrement dans un contexte professionnel, notre premier réflexe est souvent de faire appel à la raison. Nous listons les pour et les contre, analysons les risques, élaborons des plans B, C et D. Cette approche purement cognitive, bien que nécessaire, constitue la troisième erreur majeure lorsqu'elle est utilisée exclusivement.
La peur ne se loge pas uniquement dans notre néocortex, siège de la pensée rationnelle. Elle s'ancre profondément dans notre système limbique, cette partie du cerveau qui traite les émotions. C'est pourquoi même les arguments rationnels les plus solides peuvent échouer à dissiper certaines peurs.
Imaginez une personne qui craint de prendre la parole en public. Elle peut parfaitement savoir, intellectuellement, qu'elle maîtrise son sujet et que les conséquences d'une présentation imparfaite seraient minimes. Pourtant, cette connaissance rationnelle ne suffira pas à apaiser sa peur tant que la dimension émotionnelle n'est pas prise en compte.
L'intelligence émotionnelle devient alors une compétence indispensable dans la gestion de nos peurs. Elle implique de reconnaître nos émotions sans les juger, de comprendre leur origine, et de développer des stratégies qui s'adressent aussi bien à notre raison qu'à nos ressentis.
Une approche équilibrée pourrait ressembler à ceci :
- Reconnaître la peur : "J'ai peur de ne pas être à la hauteur dans ce nouveau domaine professionnel"
- Explorer sa dimension rationnelle : "Quels sont mes atouts et mes lacunes objectives ?"
- Mais aussi sa dimension émotionnelle : "Quels souvenirs ou expériences passées alimentent cette peur ?"
- Élaborer des stratégies qui répondent aux deux dimensions : acquérir de nouvelles compétences (aspect rationnel) tout en travaillant sur la confiance en soi (aspect émotionnel)
Cette double approche est particulièrement importante dans les phases de transition professionnelle, où les peurs ne sont pas seulement liées à des considérations pratiques, mais aussi à des questions d'identité et de sens.
Erreur n°4 : Affronter ses peurs sans préparation adéquate
"Jette-toi à l'eau", "Il faut sortir de sa zone de confort", "Affronte tes peurs directement"... Ces conseils, bien qu'ils contiennent une part de vérité, peuvent conduire à la quatrième erreur majeure : affronter ses peurs sans préparation appropriée.
L'exposition directe et brutale à ce qui nous fait peur, sans préparation ni accompagnement, peut s'avérer contre-productive. Loin de nous libérer, elle peut renforcer nos peurs en confirmant nos appréhensions ou en créant de nouveaux traumatismes.
Prenons l'exemple d'Alexandre qui, après quinze ans dans l'informatique, envisage une reconversion dans l'enseignement. Sa peur principale concerne sa capacité à s'exprimer devant un groupe. S'il se lance directement dans une situation d'enseignement sans préparation, l'expérience risque d'être si éprouvante qu'elle confirmera ses doutes plutôt que de les dissiper.
L'approche progressive, ou désensibilisation systématique comme l'appellent les psychologues, offre une alternative bien plus efficace. Elle consiste à décomposer le défi en étapes graduelles, chacune légèrement plus exigeante que la précédente. Pour Alexandre, cela pourrait signifier :
- Observer des cours donnés par d'autres
- Préparer une courte présentation et la tester devant des proches
- Co-animer une session avec un enseignant expérimenté
- Animer un court atelier auprès d'un petit groupe
- Progressivement, prendre en charge des groupes plus importants
Cette stratégie progressive permet de construire la confiance pas à pas, tout en développant les compétences nécessaires pour faire face à la situation redoutée. Elle transforme l'exposition à la peur en expérience d'apprentissage plutôt qu'en épreuve potentiellement traumatisante.
La préparation adéquate implique également de développer des ressources internes (techniques de respiration, visualisation positive, dialogue intérieur constructif) et externes (soutien d'un mentor, d'un groupe de pairs, d'un professionnel) pour traverser les moments difficiles.
Comment transformer ses peurs en alliées dans son parcours professionnel
Après avoir identifié ces quatre erreurs courantes, comment adopter une approche plus constructive face à nos peurs, particulièrement dans un contexte de transition professionnelle ?
La première étape consiste à changer notre rapport à la peur. Plutôt que de la voir comme un obstacle à éliminer, nous pouvons l'accueillir comme une information précieuse. Nos peurs nous renseignent sur ce qui compte vraiment pour nous, sur nos zones de vulnérabilité, mais aussi sur notre potentiel inexploité.
L'écrivain et aventurier André Malraux disait : "Le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité d'agir en sa présence." Cette perspective transforme radicalement notre approche. Il ne s'agit plus de ne pas avoir peur, mais d'apprendre à avancer malgré – et parfois grâce à – nos peurs.
Pour y parvenir, voici quelques approches concrètes :
- Pratiquer la pleine conscience face à vos peurs : observez-les sans jugement, comme un phénomène temporaire qui vous traverse.
- Distinguer les peurs qui protègent (signes de prudence légitime) de celles qui limitent (projections anxieuses sans fondement réel).
- Questionner vos peurs : "Que cherche à me dire cette peur ? Quelle valeur ou besoin important se cache derrière elle ?"
- Transformer le dialogue intérieur : remplacer "Et si j'échouais ?" par "Comment puis-je me préparer au mieux ?"
- Célébrer chaque pas, même modeste, fait en direction de ce qui vous fait peur.
Le chemin vers une reconversion professionnelle épanouissante passe inévitablement par la confrontation à certaines peurs. Cette confrontation devient cependant beaucoup plus féconde lorsqu'elle s'inscrit dans une démarche de connaissance de soi approfondie.
C'est précisément l'objectif d'un bilan de compétences bien mené : vous permettre d'identifier non seulement vos aptitudes professionnelles, mais aussi de comprendre vos peurs, vos aspirations profondes et votre manière unique d'interagir avec le monde.
Le Bilan d'Excellence que nous proposons va encore plus loin, en vous permettant d'identifier votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement, au-delà des catégorisations conventionnelles qui enferment souvent dans des cases prédéfinies.
Nos peurs ne disparaîtront jamais complètement – et c'est tant mieux. Elles font partie de notre humanité et nous rappellent ce qui compte vraiment pour nous. En apprenant à les comprendre plutôt qu'à les combattre, nous transformons ce qui semblait être notre plus grand obstacle en notre plus précieux allié sur le chemin de notre accomplissement professionnel.
À chaque étape de cette transformation, souvenez-vous que la peur n'est pas l'ennemie du courage – elle en est la condition nécessaire.