



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente d'inspecter ses croyances


Nos croyances façonnent notre réalité bien plus que nous ne l'imaginons. Telles des lunettes invisibles, elles filtrent notre perception du monde et influencent chacune de nos décisions. Une étude menée par l'Université de Stanford en 2023 a démontré que nos croyances limitantes peuvent réduire jusqu'à 60% notre capacité à saisir des opportunités professionnelles qui s'offrent à nous.
Mais que se passe-t-il lorsque nous décidons d'inspecter ces croyances qui nous définissent silencieusement ? Ce processus, bien que nécessaire dans tout cheminement de reconversion ou de quête de sens, recèle des pièges subtils qui peuvent entraver notre progression.
Dans cet article, nous explorerons les quatre erreurs majeures à éviter lorsque nous tentons d'examiner nos croyances, particulièrement dans un contexte de questionnement professionnel ou de recherche de notre vocation.
Sommaire




Qu'est-ce que réellement inspecter ses croyances ?
Inspecter ses croyances ne consiste pas simplement à dresser une liste de ce que nous pensons être vrai ou faux. Cette vision superficielle conduit souvent à une impasse. En réalité, nos croyances ne sont pas de simples opinions passagères, mais des représentations mentales profondément ancrées qui se sont formées au fil de nos expériences et des interprétations que nous en avons tirées.
Lorsque deux personnes vivent une situation d'échec similaire, l'une peut en conclure "Je ne suis pas fait pour ce domaine" tandis que l'autre en tirera "J'ai besoin d'acquérir davantage de compétences". Ces conclusions, répétées plusieurs fois face à des expériences similaires, se cristallisent en croyances qui dictent ensuite nos choix et nos comportements, souvent à notre insu.
Le neurologue Antonio Damasio a mis en évidence dans ses recherches que nos croyances s'inscrivent littéralement dans notre neurobiologie. Elles créent des chemins neuronaux préférentiels qui rendent certaines pensées et comportements presque automatiques. C'est pourquoi inspecter ses croyances est un processus qui requiert une attention particulière et une méthodologie adaptée.
Inspecter ses croyances, c'est donc entreprendre un véritable travail d'archéologue intérieur : exhumer ces convictions profondes, comprendre leur origine, évaluer leur validité actuelle et déterminer si elles nous servent encore dans notre cheminement vers notre vocation.
Erreur : Se focaliser uniquement sur les croyances conscientes
La première erreur majeure consiste à penser que nos croyances limitantes sont toutes accessibles à notre conscience. Nous avons tendance à nous concentrer sur les pensées que nous pouvons facilement identifier et verbaliser : "Je ne suis pas assez qualifié", "Je suis trop âgé pour changer de carrière" ou "Je ne mérite pas de réussir".
Pourtant, nos croyances les plus influentes opèrent souvent dans l'ombre de notre inconscient. Elles se sont formées pendant notre enfance, parfois avant même que nous ayons acquis le langage pour les exprimer. Ces croyances inconscientes sont d'autant plus puissantes qu'elles échappent à notre examen rationnel.
Prenons l'exemple de Marie, une cadre performante qui, malgré ses compétences reconnues, sabote systématiquement ses opportunités d'avancement. En surface, elle affirme vouloir évoluer professionnellement. Mais une croyance inconsciente, formée durant son enfance où on lui répétait que "se mettre en avant est mal vu", l'empêche d'accéder aux postes qui correspondraient véritablement à son potentiel.
Comment accéder à ces croyances souterraines ? L'observation de nos comportements récurrents, particulièrement ceux qui semblent contradictoires avec nos désirs conscients, peut révéler ces croyances cachées. Nos réactions émotionnelles disproportionnées face à certaines situations sont également de précieux indicateurs.
Un exercice efficace consiste à noter, pendant une semaine, toutes les situations qui génèrent en vous un sentiment intense de malaise, de peur ou de blocage dans votre parcours professionnel. Analysez ensuite ces moments en vous demandant : "Quelle conviction profonde pourrait expliquer cette réaction ?" Cette démarche permet souvent de faire émerger des croyances dont vous n'aviez pas conscience.
Erreur : Confondre croyances et opinions
Une autre erreur fréquente est de mettre sur le même plan croyances et opinions. Cette confusion nous conduit à traiter nos croyances limitantes comme de simples idées que nous pourrions changer facilement par un effort de volonté.
Les opinions sont des jugements conscients que nous formons sur des sujets spécifiques. Elles peuvent évoluer relativement facilement lorsque nous sommes exposés à de nouvelles informations ou arguments. En revanche, les croyances sont des convictions profondes sur nous-mêmes, les autres et le monde, qui se sont inscrites dans notre système nerveux et influencent notre comportement de façon automatique.
Pour illustrer cette différence, considérons Thomas, un ingénieur qui envisage une reconversion dans l'enseignement. Il peut avoir l'opinion que l'enseignement est un métier valorisant (jugement conscient), tout en étant freiné par la croyance profonde que "changer de voie professionnelle est un signe d'échec" (conviction enracinée qui guide ses décisions malgré lui).
Cette distinction est cruciale car modifier une croyance nécessite une approche bien plus profonde que celle requise pour changer d'opinion. Là où une opinion peut être transformée par l'acquisition de nouvelles connaissances, une croyance limitante demande un travail qui combine prise de conscience, compréhension de son origine, et création de nouvelles expériences capables de la remettre en question.
Lorsque vous explorez vos freins intérieurs, posez-vous cette question révélatrice : "Est-ce que cette pensée influence uniquement mon avis sur un sujet, ou affecte-t-elle profondément ma façon d'agir et de ressentir ?" Cette distinction vous permettra d'identifier s'il s'agit d'une simple opinion ou d'une croyance ancrée nécessitant un travail plus approfondi.
Erreur : Chercher à éliminer toutes ses croyances limitantes sans discernement
Lorsqu'on découvre l'impact des croyances limitantes sur notre parcours, il est tentant de vouloir les éradiquer toutes, sans exception. Cette approche radicale constitue pourtant une erreur de jugement qui peut nous faire perdre un temps précieux.
Nos croyances, même celles qui semblent limitantes, ont souvent joué un rôle protecteur à un moment de notre vie. Plutôt que de chercher à les éliminer systématiquement, il est plus pertinent d'adopter une démarche de discernement pour évaluer leur utilité actuelle.
Prenons l'exemple de Sarah qui porte la croyance "Je dois tout maîtriser avant de me lancer". Cette conviction a pu être utile dans sa carrière d'avocate où la rigueur et la préparation minutieuse étaient essentielles. Cependant, cette même croyance devient limitante lorsqu'elle souhaite se reconvertir dans l'entrepreneuriat, où la capacité à apprendre en faisant est souvent plus précieuse que la maîtrise préalable.
La question n'est donc pas "Comment puis-je me débarrasser de cette croyance ?" mais plutôt "Dans quels contextes cette croyance m'est-elle utile, et dans quels contextes me limite-t-elle ?"
Cette approche nuancée nous permet de développer une relation plus saine avec nos croyances en les considérant comme des outils adaptatifs plutôt que comme des vérités absolues. Elle nous invite également à transformer nos croyances limitantes en croyances plus flexibles, mieux adaptées à la diversité des situations que nous rencontrons.
Pour chaque croyance identifiée comme potentiellement limitante, posez-vous ces questions :
- Dans quel contexte cette croyance s'est-elle formée ?
- Quelle fonction protectrice a-t-elle pu remplir dans le passé ?
- Est-elle encore appropriée dans ma situation actuelle ?
- Comment pourrait-elle être reformulée pour m'offrir à la fois sécurité et liberté d'action ?
Erreur : Négliger l'origine émotionnelle des croyances
La quatrième erreur consiste à aborder nos croyances comme des constructions purement intellectuelles que nous pourrions modifier par le seul pouvoir du raisonnement. Cette vision rationnelle néglige un aspect fondamental : nos croyances les plus profondes sont ancrées dans un substrat émotionnel puissant.
Nos croyances ne se construisent pas uniquement à partir des faits que nous observons, mais surtout à travers le ressenti émotionnel associé à ces expériences. C'est la charge émotionnelle d'un événement qui détermine en grande partie la force et la persistance de la croyance qui en découle.
L'écrivain et philosophe Albert Camus illustre parfaitement ce phénomène. Ayant perdu son père très jeune et grandi dans une extrême pauvreté, ces expériences émotionnellement intenses ont forgé en lui une croyance profonde en l'absurdité de l'existence, mais aussi en la nécessité de créer du sens malgré cette absurdité. Cette conviction n'était pas le fruit d'un raisonnement abstrait, mais l'expression d'un vécu émotionnel transformé en vision du monde.
Lorsque nous tentons de transformer une croyance limitante sans tenir compte de sa dimension émotionnelle, nous nous heurtons généralement à une résistance tenace. L'intellectualisation seule ne suffit pas à déraciner ce qui s'est inscrit au niveau de notre ressenti.
Une approche plus efficace consiste à reconnaître l'émotion originelle associée à la croyance, à l'accueillir avec bienveillance, puis à créer de nouvelles expériences émotionnelles capables de reconfigurer notre perception. Ce processus demande du temps et une certaine tolérance envers nos propres résistances.
Pour faciliter ce travail, tenez un journal de vos croyances limitantes et notez, pour chacune d'elles :
- L'émotion qui surgit lorsque cette croyance s'active
- Les situations qui déclenchent cette émotion
- Les sensations physiques associées
- Une nouvelle interprétation possible qui pourrait générer une émotion différente
Comment développer une inspection saine et productive de ses croyances
Au-delà des erreurs à éviter, comment pouvons-nous développer une approche constructive pour inspecter nos croyances, particulièrement lorsque nous traversons une période de questionnement professionnel ?
La première étape consiste à adopter une posture d'observateur curieux plutôt que de juge. Plutôt que de vous blâmer pour vos croyances limitantes, considérez-les comme des données précieuses sur votre fonctionnement intérieur. Cette bienveillance envers vous-même créera l'espace sécuritaire nécessaire pour explorer vos convictions profondes.
La pratique régulière de la pleine conscience peut également vous aider à créer une distance salutaire avec vos pensées automatiques. En vous entraînant à observer le flux de vos pensées sans y adhérer immédiatement, vous développez la capacité de discerner ce qui relève de la croyance et ce qui relève de la réalité.
Un autre levier puissant est l'expérimentation active. Pour ébranler une croyance limitante, rien ne vaut l'expérience directe qui la contredit. Si vous pensez "Je suis trop âgé pour apprendre de nouvelles compétences", engagez-vous dans l'apprentissage d'une nouvelle compétence simple et observez votre capacité réelle à progresser. Ces "tests de réalité" sont souvent plus efficaces que toutes les affirmations positives.
Face à l'ampleur de ce travail introspectif, de nombreuses personnes en reconversion professionnelle ressentent le besoin d'être guidées. C'est légitime : explorer nos croyances profondes est un voyage complexe qui bénéficie grandement d'un regard extérieur formé à cette démarche.
Les bilans de compétences traditionnels, bien qu'utiles pour inventorier vos aptitudes professionnelles, n'offrent pas toujours les outils nécessaires pour accéder à cette dimension plus profonde de votre identité. Ils s'appuient souvent sur des typologies standardisées qui peuvent vous enfermer dans des catégories préétablies plutôt que de révéler votre unicité.
Le Bilan d'Excellence va plus loin en vous permettant de découvrir cette zone de génie unique qui vous caractérise, dans laquelle vous excellez naturellement sans même vous en rendre compte, grâce à une méthodologie qui ne vous enferme dans aucune case prédéfinie.
Conclusion
Inspecter nos croyances est une aventure intérieure qui requiert courage, patience et méthode. Cette exploration nous confronte à nos zones d'ombre, mais nous ouvre également à des ressources insoupçonnées, portant en elle le potentiel de transformer profondément notre rapport à nous-mêmes et au monde professionnel.
Au-delà des erreurs évoquées dans cet article, retenons que le véritable objectif n'est pas d'éliminer toute croyance limitante, mais de développer une relation plus consciente et plus souple avec nos convictions profondes. Cette flexibilité cognitive est peut-être l'aptitude la plus précieuse dans un monde professionnel en constante évolution.
Osez remettre en question ce qui vous semble être des vérités immuables sur vous-même. Votre vocation authentique pourrait se cacher juste derrière une croyance que vous n'avez jamais pensé à interroger.