
Pourquoi ai-je du mal à me projeter professionnellement suite au test des big five ?
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Les résultats des tests de personnalité comme celui des Big Five peuvent s'avérer à la fois fascinants et déroutants. Face à ces graphiques et ces scores, nous nous retrouvons souvent avec plus de questions que de réponses. Comment transformer ces données en informations véritablement utiles pour notre parcours professionnel ? Comment éviter les pièges d'interprétation qui pourraient nous limiter plutôt que nous libérer ?
Dans cet article, nous allons explorer ensemble les clés d'une interprétation éclairée et nuancée des résultats du test Big Five. Nous verrons comment dépasser les lectures superficielles pour en extraire des insights véritablement pertinents pour votre cheminement personnel et professionnel.
Selon une étude publiée dans le Journal of Research in Personality (2019), près de 76% des personnes qui utilisent des tests de personnalité dans le cadre d'une réorientation professionnelle ont tendance à sur-interpréter ou sous-interpréter certains aspects de leurs résultats, limitant ainsi le potentiel transformateur de ces outils. Notre objectif ici est de vous aider à faire partie des 24% qui savent tirer pleinement parti de cette ressource.
Le test des Big Five n'est pas un simple questionnaire qui vous attribue un type de personnalité figé. Il s'agit d'un modèle scientifiquement validé qui évalue cinq dimensions fondamentales de la personnalité humaine, développé progressivement par plusieurs chercheurs depuis les années 1960, et notamment consolidé par Costa et McCrae dans les années 1980.
Ces cinq dimensions, connues sous l'acronyme OCEAN, sont :
À la différence d'autres tests populaires qui vous classent dans des catégories binaires (comme "introverti" ou "extraverti"), le Big Five mesure chaque dimension sur un continuum. Vous n'êtes pas "consciencieux" ou "non consciencieux" - vous vous situez quelque part sur une échelle allant de "très peu consciencieux" à "extrêmement consciencieux". Cette approche dimensionnelle offre une vision bien plus nuancée de la complexité humaine.
Prenons l'exemple de Leonard de Vinci. S'il avait passé ce test, il aurait probablement obtenu un score très élevé en ouverture à l'expérience, comme en témoignent sa curiosité insatiable et ses multiples centres d'intérêt. Cependant, cette même ouverture se manifestait différemment selon les contextes : parfois sous forme d'innovations artistiques, parfois par des recherches anatomiques minutieuses. Le modèle des Big Five permet de capturer ces nuances que d'autres tests réduiraient à une simple étiquette de "créatif".
Une erreur fréquente consiste à considérer que vos scores les plus élevés définissent l'essence même de votre identité. "Je suis extraverti" ou "Je suis consciencieux" devient alors une sorte de mantra qui peut réduire considérablement votre perception de vous-même.
En réalité, vos traits de personnalité, même dominants, ne sont que des tendances comportementales qui s'expriment différemment selon les contextes. Ils ne constituent pas votre identité profonde, qui est bien plus complexe et nuancée.
Imaginons que vous obteniez un score élevé en extraversion. Cela ne signifie pas que vous êtes constamment sociable et énergique dans toutes les situations. Vous avez probablement remarqué que votre comportement varie significativement selon les contextes : peut-être êtes-vous très extraverti en famille, modérément extraverti au travail, et plutôt réservé dans certains environnements sociaux.
Votre identité profonde se situe au carrefour de ces expressions variables, et englobe également vos valeurs, vos aspirations et votre histoire personnelle. Les résultats du Big Five ne sont qu'une photographie partielle de tendances comportementales, pas une définition exhaustive de qui vous êtes.
Pour éviter ce piège, posez-vous cette question : "Comment ces traits s'expriment-ils différemment selon les contextes de ma vie ?" Cette réflexion vous aidera à développer une vision plus nuancée et intégrée de vous-même, au-delà des simples scores.
Lorsque nous recevons nos résultats, nous avons naturellement tendance à les interpréter à travers le filtre de l'image que nous souhaitons avoir de nous-mêmes. Ce phénomène, que les psychologues appellent "biais de confirmation", peut sérieusement limiter la valeur du test.
Par exemple, si vous valorisez fortement l'organisation et la discipline, vous pourriez être tenté d'interpréter un score moyen en conscienciosité comme la confirmation que vous êtes "suffisamment organisé". À l'inverse, si vous n'accordez pas beaucoup d'importance à l'empathie dans votre échelle de valeurs personnelles, vous pourriez minimiser l'importance d'un score bas en agréabilité.
Comment éviter ce piège ? Commencez par reconnaître honnêtement vos valeurs et idéaux personnels avant même de regarder vos résultats. Puis, demandez-vous : "Si un observateur neutre me suivait pendant une semaine, quels comportements observables confirmeraient ou infirmeraient ces scores ?"
Une autre approche consiste à demander l'avis de personnes qui vous connaissent bien et en qui vous avez confiance. Leurs observations peuvent vous aider à développer une perspective plus équilibrée, notamment sur les aspects que vous pourriez avoir tendance à idéaliser ou à minimiser.
N'oubliez pas que l'objectif n'est pas de vous juger, mais de développer une compréhension authentique et nuancée de vos tendances naturelles. Cette lucidité est la première étape vers des choix professionnels et personnels véritablement alignés avec qui vous êtes réellement.
L'idée qu'il existerait un profil de personnalité "parfait" pour chaque profession est l'un des mythes les plus persistants dans le domaine de l'orientation professionnelle. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée.
Des recherches menées auprès de professionnels épanouis dans divers secteurs révèlent une diversité surprenante de profils de personnalité au sein d'une même profession. Prenons l'exemple des entrepreneurs à succès : contrairement à l'image populaire de l'extraverti charismatique, on trouve parmi eux des personnalités très diverses. Bill Gates, avec son profil plutôt introverti et analytique, a connu un succès comparable à celui de Richard Branson, nettement plus extraverti et aventureux.
Cette diversité s'explique simplement : la réussite professionnelle dépend moins de traits de personnalité spécifiques que de la façon dont nous adaptons notre environnement de travail à nos préférences naturelles. Un architecte introverti peut exceller en créant un cadre de travail qui lui permet de se concentrer sur la conception en profondeur, tandis qu'un architecte extraverti peut briller dans la présentation de projets aux clients.
Au lieu de vous demander : "Ai-je le bon profil pour ce métier ?", posez-vous plutôt ces questions :
Cette approche ouvre considérablement le champ des possibles et vous libère de limitations artificielles basées sur des stéréotypes professionnels.
Face aux résultats du Big Five, nous avons souvent le réflexe de nous focaliser sur nos scores les plus bas, les considérant comme des "faiblesses" à corriger impérativement. Cette perspective peut être non seulement décourageante, mais aussi contreproductive.
Chaque positionnement sur le spectre des cinq dimensions offre des avantages uniques. Un score bas en extraversion n'est pas un défaut - c'est le signe d'une préférence pour des interactions plus profondes et moins fréquentes, une qualité précieuse dans de nombreux contextes professionnels et personnels. De même, un score modéré en conscienciosité peut indiquer une flexibilité et une spontanéité qui constituent des atouts majeurs dans certains environnements de travail.
Les scores ne sont pas des jugements de valeur, mais des indications de vos préférences naturelles. La diversité de ces préférences est non seulement normale, mais essentielle au bon fonctionnement de nos organisations et de notre société.
Plutôt que de chercher à "corriger" vos scores les plus bas, demandez-vous :
La reconnaissance et l'acceptation de vos préférences naturelles constituent le fondement d'une vie professionnelle authentique et épanouissante. Au lieu de lutter contre votre nature, apprenez à créer les conditions dans lesquelles elle peut s'exprimer pleinement.
Les scores généraux sur chacune des cinq dimensions ne racontent qu'une partie de l'histoire. Pour une interprétation plus riche et nuancée, explorez les facettes spécifiques qui composent chaque dimension.
Par exemple, la dimension "ouverture à l'expérience" comprend généralement des facettes comme la curiosité intellectuelle, la sensibilité esthétique, l'imagination et l'ouverture aux émotions. Vous pourriez avoir un score élevé en curiosité intellectuelle mais modéré en sensibilité esthétique. Cette nuance est cruciale pour comprendre comment votre ouverture se manifeste concrètement dans votre vie.
De même, examinez les interactions entre les différentes dimensions. Un score élevé en conscienciosité associé à un score élevé en névrosisme peut indiquer une tendance au perfectionnisme, tandis qu'un score élevé en ouverture combiné à un score élevé en extraversion peut suggérer une aptitude particulière pour l'innovation collaborative.
Pour approfondir cette analyse, posez-vous ces questions :
Cette exploration des nuances et des interactions vous permet de dépasser l'interprétation superficielle des scores pour accéder à une compréhension plus profonde et personnalisée de votre profil.
Les chiffres et les graphiques prennent véritablement leur sens lorsqu'ils sont reliés à des expériences concrètes de votre vie. Cette contextualisation transforme des données abstraites en insights personnalisés qui peuvent éclairer votre parcours professionnel.
Si vous avez obtenu un score élevé en agréabilité, réfléchissez aux moments où cette qualité s'est manifestée naturellement. Peut-être avez-vous souvent été celui qui résolvait les conflits dans vos équipes, ou peut-être trouvez-vous une satisfaction particulière dans des rôles d'accompagnement et de soutien.
À l'inverse, identifiez les situations où vous vous êtes senti en décalage avec votre environnement. Ces moments de friction peuvent révéler un désalignement entre vos préférences naturelles et les exigences du contexte. Par exemple, une personne avec un score élevé en ouverture peut se sentir étouffée dans un environnement très structuré et répétitif.
Cette mise en relation entre vos résultats et vos expériences concrètes vous aide à développer une compréhension intuitive et personnalisée de votre profil. Elle vous permet également d'identifier les environnements professionnels dans lesquels vous êtes naturellement plus à l'aise et plus performant.
Prenez le temps de répondre à ces questions :
Le test Big Five offre une première couche d'information précieuse, mais il ne constitue pas une fin en soi. Considérez-le comme le début d'un voyage de découverte personnelle plutôt que comme une destination finale.
Utilisez vos résultats pour générer des questions plutôt que des réponses définitives. Si vous obtenez un score élevé en extraversion, ne vous contentez pas de penser "Je suis extraverti". Demandez-vous plutôt :
Cette approche interrogative transforme le test d'un simple outil de catégorisation en un catalyseur pour une exploration personnelle continue et approfondie.
N'hésitez pas à compléter le Big Five avec d'autres méthodes d'exploration personnelle. Les journaux de réflexion, les discussions approfondies avec des personnes qui vous connaissent bien, ou encore l'observation attentive de vos réactions dans différentes situations peuvent toutes contribuer à enrichir votre compréhension de vous-même.
Les tests comme le Big Five sont conçus pour mesurer des traits généraux et comparer les individus à des normes statistiques. Cette approche, bien que scientifiquement valide, comporte une limite fondamentale : elle tend à mettre l'accent sur ce que vous avez en commun avec les autres, plutôt que sur ce qui vous rend unique.
Or, dans un parcours de reconversion professionnelle, la question n'est pas seulement "Quels sont mes traits dominants ?" mais surtout "Qu'est-ce qui me rend singulier ? Quelle est ma contribution unique ?"
Pour accéder à cette dimension plus profonde, vous devez aller au-delà des catégories standardisées et explorer les zones où votre singularité s'exprime naturellement. Ces moments où vous agissez avec une fluidité et une excellence qui vous semblent évidentes, mais qui suscitent souvent l'admiration des autres.
Cette singularité ne peut généralement pas être capturée par des tests standardisés. Elle se révèle plutôt à travers une exploration guidée de vos expériences de vie, notamment celles où vous avez excellé sans effort apparent.
C'est précisément pour répondre à ce besoin d'une approche plus personnalisée et révélatrice que les bilans de compétences ont évolué. Un bilan de compétences classique peut être enrichi par des méthodes qui vont au-delà des évaluations standardisées pour révéler votre zone de génie unique. Le Bilan d'Excellence, par exemple, utilise la méthode MO2I pour identifier ce qui vous rend véritablement irremplaçable, cette zone où vous excellez naturellement sans même vous en rendre compte.