



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente d'interpréter les résultats du test MBTI


Dans notre quête de nous comprendre et de trouver notre voie professionnelle, nombreux sont ceux qui se tournent vers des outils de connaissance de soi comme le Myers-Briggs Type Indicator (MBTI). Ce test psychométrique, créé par Isabel Briggs Myers et sa mère Katharine Cook Briggs dans les années 1940, s'est imposé comme l'un des instruments de développement personnel les plus populaires au monde. Mais sa large diffusion s'accompagne parfois d'interprétations hâtives qui peuvent nous éloigner d'une véritable connaissance de soi.
Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology a révélé que près de 50% des participants obtiennent un type de personnalité différent lorsqu'ils repassent le test MBTI quelques semaines plus tard. Cette statistique interpelle et nous invite à réfléchir : comment un outil censé révéler notre essence pourrait-il donner des résultats si variables ?
Dans cet article, nous allons explorer quatre erreurs courantes que nous commettons en interprétant les résultats du MBTI, et comment éviter ces pièges pour progresser réellement dans notre quête de sens et d'épanouissement professionnel.
Sommaire






Qu'est-ce que réellement le test MBTI et ses limites intrinsèques ?
Le test MBTI repose sur une théorie développée par Carl Jung concernant les types psychologiques. Il classe les personnes selon quatre dimensions bipolaires : Extraversion (E) ou Introversion (I), Sensation (S) ou Intuition (N), Pensée (T) ou Sentiment (F), et Jugement (J) ou Perception (P). En combinant ces préférences, on obtient 16 types de personnalité distincts, chacun représenté par un code de quatre lettres.
Contrairement à l'idée reçue, le MBTI ne mesure pas des compétences ou des aptitudes, mais plutôt des préférences comportementales. C'est un peu comme si on vous demandait si vous préférez écrire avec la main droite ou la main gauche - cela n'indique pas votre niveau d'habileté à l'écriture, seulement votre tendance naturelle.
L'une des principales critiques scientifiques du MBTI réside dans sa conception binaire. Dans une recherche menée par l'American Psychological Association, les chercheurs ont démontré que la plupart des traits de personnalité se distribuent selon une courbe continue plutôt que de façon dichotomique. Ainsi, présenter quelqu'un comme étant soit "introvertie" soit "extravertie" peut s'avérer réducteur.
Par exemple, Marie, une consultante en marketing de 35 ans, m'a confié lors d'un accompagnement : "Pendant des années, je me suis définie comme une INTJ - la 'stratège' - et j'ai orienté ma carrière vers des postes analytiques en pensant que c'était ma voie. J'ai finalement découvert que ce qui me passionnait vraiment était la facilitation de groupe et la formation, des domaines que j'avais écartés en me croyant trop introvertie."
Le MBTI peut donc nous offrir un éclairage intéressant sur certaines de nos tendances, mais il ne saurait capturer la complexité et la richesse de notre identité profonde.
L'erreur n°1 : Se réduire à quatre lettres et s'enfermer dans une case
"Je suis ENFP, donc je ne peux pas être comptable." "En tant qu'ISTJ, je suis fait pour les métiers qui demandent de la précision et de la rigueur." Ces affirmations, nous les entendons fréquemment lors de nos ateliers d'orientation. Elles illustrent parfaitement la première erreur à éviter : réduire notre identité multiple et nuancée à quatre lettres.
Les descriptions des types MBTI peuvent être étrangement similaires à des horoscopes : suffisamment vagues pour que chacun s'y retrouve, mais donnant l'illusion d'une personnalisation. Cette approche typologique nous encourage à nous identifier à un profil prédéfini, au risque d'ignorer notre singularité.
Prenons l'exemple de Ludwig van Beethoven. S'il avait passé le test MBTI, il aurait peut-être été classé comme INTJ en raison de son intensité créative et de son indépendance d'esprit. Mais réduire son génie musical unique à un type de personnalité aurait-il reflété sa capacité extraordinaire à transformer sa souffrance personnelle (notamment sa surdité) en œuvres d'art transcendantes ? Certainement pas.
La vérité est que nous portons tous en nous une singularité irréductible qui échappe aux catégorisations. Notre "don unique", cette zone de génie singulière dans laquelle nous excellons naturellement, ne peut être capturée par un simple questionnaire à choix multiples.
Lorsque nous acceptons de nous définir uniquement par notre type MBTI, nous risquons de limiter notre horizon des possibles et d'ignorer des facettes essentielles de notre identité. Des talents insoupçonnés peuvent ainsi rester en sommeil, simplement parce qu'ils ne correspondent pas à la description de notre "type".
Pour éviter ce piège, considérez votre type MBTI comme une lentille parmi d'autres pour observer certains aspects de votre personnalité, mais jamais comme une définition exhaustive de qui vous êtes. Interrogez-vous plutôt : "Dans quelles situations ai-je réussi à exprimer pleinement mon potentiel, avec aisance et fluidité, indépendamment de ce que mon type MBTI suggère ?"
L'erreur n°2 : Confondre préférences temporaires et excellence naturelle profonde
Une des confusions les plus courantes concernant le MBTI est de prendre des préférences comportementales, potentiellement temporaires ou contextuelles, pour des indicateurs de notre essence profonde.
Le test MBTI évalue nos préférences à un moment donné, dans un contexte particulier. Ces préférences peuvent évoluer avec le temps, les expériences et les environnements dans lesquels nous évoluons. En revanche, notre zone de génie singulière, cette manière unique d'agir et de transformer le monde qui nous est propre, reste relativement stable tout au long de notre vie.
Cette différence est fondamentale. Comme l'explique le psychologue Daniel Kahneman, prix Nobel d'économie, nous avons deux systèmes de pensée : l'un rapide et intuitif (système 1), l'autre lent et réfléchi (système 2). Le MBTI capture essentiellement nos préférences du système 1, alors que notre excellence naturelle profonde implique une harmonisation unique des deux systèmes.
Sarah, une participante à l'un de nos ateliers, nous a partagé son expérience : "Selon mon test MBTI, je suis une ISFJ - la 'protectrice'. Pendant des années, j'ai travaillé dans les ressources humaines, pensant que c'était ma voie. Mais je n'y trouvais aucune fluidité, aucun plaisir profond. C'est en explorant mes moments d'excellence naturelle que j'ai découvert ma capacité unique à transformer des concepts complexes en images accessibles. Aujourd'hui, en tant qu'illustratrice scientifique, je ressens une aisance et une satisfaction que je n'aurais jamais soupçonnées en me fiant uniquement à mon type MBTI."
Pour éviter cette confusion, demandez-vous : "Dans quelles situations ai-je excellé sans effort, avec fluidité et créativité, au point que le temps semblait s'arrêter ?" Ces moments révèlent souvent bien plus sur votre vocation que les résultats d'un test de personnalité.
L'erreur n°3 : Baser ses choix professionnels uniquement sur les résultats du test
Dans notre société qui valorise les décisions rapides et les solutions clés en main, il peut être tentant de s'appuyer exclusivement sur son type MBTI pour orienter sa carrière. Les sites internet regorgent de listes de "métiers idéaux pour les ENFP" ou de "carrières à éviter pour les ISTJ".
Cette approche présente deux problèmes majeurs. Premièrement, elle ignore la complexité du monde professionnel moderne où les frontières entre métiers deviennent de plus en plus poreuses. Deuxièmement, elle ne tient pas compte de la singularité de notre parcours de vie qui façonne une manière d'agir unique et irremplaçable.
Steve Jobs, souvent typé comme ENTJ dans les analyses posthumes du MBTI, a révolutionné non seulement l'informatique mais aussi le design, la musique et l'animation. Son parcours illustre parfaitement comment une même personne peut exceller dans des domaines apparemment incompatibles avec son "type". Ce n'est pas son profil MBTI qui a défini sa réussite, mais sa capacité à connecter des univers différents à travers sa vision singulière.
La voie professionnelle qui nous correspond vraiment n'est pas celle qui convient à notre "type", mais celle qui nous permet d'exprimer notre don unique, cette manière d'agir dans laquelle nous excellons naturellement. Et ce don ne se révèle pas dans une simple catégorisation, mais dans l'exploration attentive de nos expériences de vie significatives, particulièrement celles vécues durant notre enfance et notre adolescence.
Plutôt que de vous demander "Quels métiers correspondent à mon type MBTI ?", posez-vous ces questions plus révélatrices : "Dans quelles situations ai-je ressenti un sentiment de plénitude et d'accomplissement ? Quels problèmes ai-je toujours eu une facilité naturelle à résoudre, au point que mon entourage faisait spontanément appel à moi ?"
L'erreur n°4 : Ignorer l'aspect dynamique et évolutif de notre identité
La quatrième erreur, peut-être la plus subtile, consiste à considérer notre personnalité comme figée une fois notre type MBTI identifié. Cette vision statique contredit non seulement les recherches en neurosciences qui démontrent la plasticité du cerveau humain, mais elle ignore également l'évolution naturelle de notre identité tout au long de la vie.
Nos expériences, nos rencontres et nos défis façonnent continuellement qui nous sommes. Notre cerveau crée constamment de nouvelles connexions neuronales en réponse à nos apprentissages. Comme l'explique le neuroscientifique Norman Doidge dans "Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau", notre plasticité neuronale nous permet de développer de nouvelles compétences et préférences à tout âge.
Prenons l'exemple de Nelson Mandela. Emprisonné pendant 27 ans, il a transformé une expérience traumatisante en une sagesse profonde qui a changé le cours de l'histoire sud-africaine. Son identité n'a cessé d'évoluer, passant du jeune militant au sage réconciliateur. Aucun test MBTI passé dans sa jeunesse n'aurait pu prédire cette évolution remarquable.
Si le MBTI peut offrir un instantané de certaines de nos préférences à un moment donné, il échoue à capturer cette dimension évolutive essentielle de notre identité. Notre zone de génie, quant à elle, possède une stabilité fondamentale tout en se déployant et s'affinant au fil du temps à travers différents contextes.
Pour éviter ce piège, considérez votre développement personnel comme un voyage continu plutôt que comme l'identification d'une catégorie fixe. Interrogez-vous régulièrement : "Comment mes expériences récentes ont-elles enrichi ma compréhension de moi-même ? Quelles nouvelles facettes de mon potentiel ai-je découvertes ces derniers temps ?"
Dépasser les limites du MBTI pour une connaissance de soi authentique
Face aux limites du MBTI, comment progresser véritablement dans notre quête d'une connaissance de soi authentique qui nous guide vers notre vocation ?
La première étape consiste à adopter une approche multidimensionnelle. Plutôt que de vous contenter d'un seul modèle, explorez différentes perspectives : les valeurs qui vous animent, les besoins profonds qui vous motivent, les expériences significatives qui vous ont façonné, et surtout, ces moments d'excellence naturelle où vous agissez avec une fluidité et une aisance particulières.
La seconde étape implique de porter une attention particulière à votre histoire personnelle. Nos expériences de vie, particulièrement celles vécues entre 0 et 16 ans, ont un impact profond sur le développement de notre cerveau et de nos patterns d'excellence. Ces expériences, tant heureuses que douloureuses, sculptent en nous une sensibilité unique et une manière spécifique d'appréhender le monde.
La troisième étape consiste à observer attentivement ces moments où vous vous sentez pleinement vivant, où le temps semble s'arrêter lorsque vous êtes plongé dans une activité. Ces états de flow, comme les appelle le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, sont souvent des indicateurs précieux de notre zone de génie.
Pour ceux qui cherchent à approfondir cette démarche, un bilan de compétences peut constituer un cadre structurant. Cependant, tous les bilans ne se valent pas. Les approches qui se contentent d'utiliser des tests typologiques comme le MBTI risquent de vous enfermer dans les mêmes limites que nous avons explorées dans cet article.
C'est pourquoi nous avons développé le Bilan d'Excellence, qui va au-delà des bilans de compétences classiques en permettant d'identifier votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement, sans vous enfermer dans une case prédéfinie.