



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente de gérer ses émotions


Dans notre quotidien souvent trépidant, la gestion des émotions représente un défi permanent. Selon une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology en 2023, plus de 67% des adultes déclarent avoir des difficultés à gérer efficacement leurs émotions intenses, ce qui impacte significativement leur bien-être et leurs relations interpersonnelles.
Pourtant, malgré l'importance de cette compétence, nombreux sont ceux qui tombent dans des pièges courants lorsqu'ils tentent de maîtriser leurs réactions émotionnelles. Dans cet article, nous explorerons quatre erreurs majeures à éviter pour développer une relation plus saine avec notre monde émotionnel.
Sommaire






Qu'est-ce que réellement la gestion des émotions ?
L'expression "gestion des émotions" peut porter à confusion. Elle ne signifie pas contrôler ses émotions au point de les faire disparaître. En réalité, le terme "émotion" vient étymologiquement du latin "emovere", composé du préfixe "e" signifiant "vers l'extérieur" et de "movere" qui évoque le mouvement. Nos émotions sont donc littéralement des "mouvements vers l'extérieur".
Cette compréhension change radicalement notre approche. Gérer ses émotions ne consiste pas à les supprimer mais plutôt à les accueillir, les comprendre et les canaliser de manière constructive. Tout comme nous ne pourrions empêcher l'océan de produire des vagues, nous ne pouvons bloquer l'émergence naturelle de nos émotions.
Une analogie parlante est celle de l'eau : empêcher l'eau de couler ne fait qu'augmenter la pression jusqu'au débordement ou à la rupture du barrage. De même, tenter de bloquer nos émotions risque simplement de les faire ressurgir plus intensément plus tard, souvent de façon imprévisible ou inappropriée.
La véritable gestion émotionnelle implique donc de développer une capacité à naviguer dans ces courants intérieurs plutôt que de lutter contre eux. Cela nécessite une compréhension fine de nos mécanismes internes et une approche bienveillante envers nos ressentis, qu'ils soient agréables ou désagréables.
Erreur n°1 : Vouloir supprimer ou ignorer ses émotions
La première erreur, et sans doute la plus répandue, consiste à considérer certaines émotions comme "négatives" et donc à vouloir s'en débarrasser. Cette vision dichotomique (émotions positives vs négatives) influence profondément notre rapport à notre monde intérieur.
Prenons l'exemple de la colère. Dans notre société, elle est souvent perçue comme une émotion problématique qu'il faudrait contrôler, voire étouffer. Or, d'un point de vue biologique et psychologique, la colère remplit des fonctions essentielles : elle nous signale une injustice, une violation de nos limites personnelles, ou un besoin non satisfait.
Marie Curie, cette scientifique d'exception, a transformé sa colère et sa tristesse suite au décès de son mari en une détermination remarquable qui l'a conduite à poursuivre leurs travaux communs. Loin de supprimer ces émotions douloureuses, elle les a canalisées dans un projet qui l'a menée à devenir la première personne à recevoir deux prix Nobel.
En réalité, toutes nos émotions, même les plus inconfortables, sont des messagères précieuses qui nous informent sur notre état intérieur et nos besoins. La peur nous avertit d'un danger, la tristesse nous permet de faire le deuil d'une perte, la colère nous mobilise pour agir face à une situation inacceptable.
Lorsque nous tentons de supprimer ces signaux, nous nous privons d'informations cruciales. C'est comme si nous débrachions la sonnette d'alarme de notre maison au lieu d'identifier l'origine de l'incendie. Cette approche peut sembler fonctionner à court terme, mais elle conduit généralement à l'accumulation de tensions intérieures qui finissent par s'exprimer de manière plus intense ou détournée.
Que faire alors ? Plutôt que d'ignorer ou de combattre vos émotions, essayez de les accueillir avec curiosité. Lorsqu'une émotion intense surgit, accordez-vous un moment d'observation : "Je remarque que je ressens de la colère." Cette simple reconnaissance, sans jugement, constitue déjà un premier pas vers une gestion plus saine.
Erreur n°2 : Confondre émotions et passage à l'acte
Une autre confusion fréquente concerne la différence entre ressentir une émotion et y réagir immédiatement. Nos émotions nous suggèrent souvent des actions : la colère peut nous pousser à crier, la peur à fuir, la jalousie à contrôler. Cependant, l'intelligence émotionnelle réside précisément dans notre capacité à insérer un espace entre le stimulus émotionnel et notre réponse.
Comme l'expliquait Viktor Frankl, psychiatre et survivant des camps de concentration : "Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. Dans notre réponse réside notre croissance et notre liberté."
Imaginez un instant que vous ressentez une profonde colère suite à une remarque désobligeante d'un collègue. L'émotion vous suggère peut-être de répondre agressivement ou de claquer la porte. Pourtant, agir sous l'impulsion de cette émotion n'est pas la seule option qui s'offre à vous.
La confusion entre émotion et action est souvent à l'origine de regrets. "J'étais tellement en colère que j'ai dit des choses que je ne pensais pas" - cette phrase résume parfaitement cette erreur. L'émotion elle-même (la colère) n'est pas problématique, c'est le passage à l'acte immédiat (les paroles blessantes) qui peut causer des dommages.
Pour éviter cette confusion, développez l'habitude de créer cet espace intérieur entre l'émotion et l'action. Une simple respiration profonde peut suffire à initier ce processus. Demandez-vous : "Comment puis-je honorer cette émotion sans causer de tort à moi-même ou aux autres ?" Parfois, la meilleure action consiste simplement à exprimer verbalement votre ressenti : "Je me sens frustré par ce qui vient de se passer" plutôt que de réagir impulsivement.
Erreur n°3 : Se focaliser uniquement sur la dimension corporelle
Face à des émotions intenses, de nombreuses techniques recommandent une approche centrée sur le corps : respiration profonde, relaxation musculaire, activité physique... Ces méthodes sont certainement utiles pour apaiser l'intensité immédiate d'une émotion, mais elles négligent souvent une dimension essentielle : le sens.
Les émotions ne sont pas de simples réactions physiologiques, elles portent des messages sur notre rapport au monde. Se contenter de les apaiser sans explorer leur signification revient à traiter le symptôme tout en ignorant sa cause profonde.
Le neurologue Antonio Damasio, pionnier dans l'étude des émotions, a démontré que nos émotions sont intrinsèquement liées à notre capacité à prendre des décisions et à donner du sens à nos expériences. Selon ses recherches, les patients ayant subi des lésions dans les zones cérébrales liées aux émotions perdent non seulement leur capacité à ressentir, mais aussi à prendre des décisions cohérentes avec leurs valeurs.
Pour illustrer, prenons l'exemple d'une personne ressentant régulièrement de l'anxiété avant les réunions d'équipe. Elle pourrait pratiquer des exercices de respiration pour calmer ses symptômes physiques. Cette approche, bien qu'utile à court terme, ne l'aidera pas à comprendre pourquoi ces situations déclenchent une telle réaction. L'anxiété pourrait signaler un besoin de préparation plus approfondie, une peur du jugement liée à des expériences passées, ou même un désalignement entre ses valeurs et la culture de l'entreprise.
Ne vous limitez donc pas à gérer uniquement les manifestations physiques de vos émotions. Accordez-vous également des moments de réflexion pour explorer leur signification plus profonde.
Erreur n°4 : Négliger la remontée en signification
La "remontée en signification" représente peut-être l'approche la plus profonde et la plus transformatrice de la gestion émotionnelle. Elle consiste à utiliser nos émotions comme des portes d'entrée vers une meilleure compréhension de nous-mêmes, de nos valeurs et de nos besoins fondamentaux.
Cette démarche nous invite à nous poser cette question essentielle : "En quoi ce que je vis de difficile et désagréable fait sens dans ma vie ?" Cette interrogation peut sembler contre-intuitive - pourquoi chercher un sens dans la souffrance ? Pourtant, c'est précisément dans ces moments d'inconfort émotionnel que se révèlent nos aspirations les plus profondes.
Prenons l'exemple d'une personne qui ressent régulièrement de la frustration dans son travail. Au lieu de simplement chercher à atténuer cette émotion, elle pourrait l'explorer plus profondément : "Qu'est-ce que cette frustration me révèle sur mes besoins et mes valeurs ?" Peut-être découvrira-t-elle un besoin d'autonomie non satisfait, un désir de créativité bridé, ou une quête de sens inassouvie.
La remontée en signification transforme ainsi l'expérience émotionnelle en opportunité de croissance. Les émotions deviennent des guides précieux sur notre chemin d'évolution personnelle et professionnelle.
Cette approche est particulièrement pertinente dans les contextes de transition professionnelle où les émotions comme l'incertitude, la peur ou l'enthousiasme peuvent révéler des aspects essentiels de notre identité professionnelle authentique.
Pour pratiquer cette remontée en signification, prenez l'habitude de vous poser ces questions lorsqu'une émotion intense survient :
- Qu'est-ce que cette émotion me révèle sur mes besoins fondamentaux ?
- Quelles valeurs importantes pour moi sont en jeu dans cette situation ?
- Quel message cette émotion tente-t-elle de me transmettre ?
Cette démarche introspective vous aidera à transformer vos défis émotionnels en leviers de développement personnel. Dans certains cas, lorsque ces questionnements révèlent un désalignement profond avec votre situation professionnelle actuelle, un accompagnement peut s'avérer précieux.
Le Bilan d'Excellence va au-delà des bilans de compétences classiques en vous permettant d'identifier cette zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement. Contrairement aux approches qui vous classent dans des cases prédéfinies, cette méthode révèle ce qui vous rend véritablement irremplaçable.
Conclusion
La gestion des émotions est un art subtil qui nécessite à la fois présence, conscience et acceptation. Plutôt que de les considérer comme des obstacles à surmonter, nous gagnons à voir nos émotions comme des alliées précieuses sur notre chemin d'évolution.
En développant une relation plus consciente avec notre monde émotionnel, nous accédons à une source inestimable d'informations sur nos besoins profonds, nos valeurs essentielles et notre direction de vie authentique. Cette intelligence émotionnelle enrichit non seulement notre existence personnelle mais nourrit également notre contribution professionnelle, nous permettant d'apporter au monde ce que nous sommes véritablement faits pour offrir.