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4 erreurs à éviter lorsqu'on tente de pratiquer le compagnonnage

Dans notre quête personnelle et professionnelle, nous cherchons souvent des repères, des guides pour nous aider à trouver notre voie.


Le compagnonnage, bien au-delà de sa dimension historique d'apprentissage d'un métier, représente aujourd'hui une démarche profonde d'accompagnement mutuel dans la découverte de soi.


Selon une étude menée par l'Institut Gallup en 2023, les personnes bénéficiant d'une relation de compagnonnage ou de mentorat authentique ont 67% plus de chances de trouver un alignement professionnel satisfaisant que celles qui entreprennent leur cheminement seules.


Pourtant, malgré ses bienfaits évidents, cette pratique est souvent mal comprise et mal utilisée.


Dans cet article, nous allons explorer les quatre erreurs majeures à éviter lorsque l'on s'engage dans une démarche de compagnonnage, avec l'objectif de vous aider à tirer pleinement profit de cette ressource précieuse dans votre parcours de reconversion professionnelle.

Qu'est-ce que réellement le compagnonnage dans une démarche de connaissance de soi ?

Contrairement à ce que beaucoup imaginent, le compagnonnage ne se limite pas à une simple relation de conseil ou de transmission technique. Il ne s'agit pas non plus d'une thérapie ou d'un coaching directif. Le véritable compagnonnage dans une démarche de connaissance de soi est avant tout un effet miroir bienveillant.


Lorsque nous sommes en quête de notre identité professionnelle profonde, nous nous heurtons souvent à un paradoxe fondamental : comment pouvons-nous prendre du recul sur nous-mêmes alors que nous sommes constamment immergés dans notre propre perception ? C'est comme demander à un poisson de décrire l'eau dans laquelle il nage. Les schémas qui nous définissent sont tellement récurrents et familiers qu'ils deviennent invisibles à nos yeux.


Le professeur Robert Kegan de l'Université Harvard a consacré sa carrière à étudier ce phénomène qu'il nomme "l'immunité au changement". Selon ses recherches, nous développons des angles morts cognitifs qui nous empêchent de percevoir nos propres contradictions internes et nos schémas limitants.


C'est précisément ici qu'intervient la puissance du compagnonnage. Un véritable compagnon devient ce miroir extérieur, capable de refléter ce que nous ne pouvons voir par nous-mêmes. Il observe nos réactions, nos comportements récurrents, et nous les renvoie avec bienveillance. Ce n'est pas un hasard si Socrate, l'un des plus grands maîtres de la connaissance de soi, pratiquait la maïeutique - l'art d'accoucher les esprits de leur propre vérité - à travers le dialogue avec un autre.


Le compagnonnage authentique offre ainsi un espace d'observation privilégié de nos interactions. Combien de fois avons-nous pris conscience d'une habitude limitante uniquement lorsqu'une personne de confiance nous l'a fait remarquer ? Ces moments de vérité, parfois inconfortables mais toujours précieux, sont le cœur battant d'une démarche de compagnonnage réussie.


L'erreur de choisir un compagnon qui ne vous reflète pas authentiquement

La première erreur fondamentale que nous observons fréquemment réside dans le choix même du compagnon. Trop souvent, nous nous tournons instinctivement vers des personnes qui renforcent notre vision actuelle du monde plutôt que de la questionner.


Imaginez un instant Marie, cadre supérieure qui ressent un profond malaise dans sa carrière actuelle. Lorsqu'elle cherche conseil, elle se tourne naturellement vers ses collègues qui partagent les mêmes valeurs professionnelles qu'elle. Bien que confortables, ces échanges ne font que renforcer son cadre de référence existant, sans jamais le remettre en question ou lui permettre de voir au-delà.


Ce que Marie ignore, c'est que le miroir le plus utile n'est pas celui qui nous renvoie l'image que nous connaissons déjà, mais celui qui nous montre ce que nous n'avons jamais vu. Un véritable compagnon n'est pas un flatteur ou un écho de nos propres pensées, mais un révélateur de nos angles morts.


Nous recherchons souvent, inconsciemment, l'approbation plutôt que la vérité. Cette tendance naturelle à s'entourer de personnes qui nous confirment dans nos perceptions actuelles constitue ce que les psychologues appellent le "biais de confirmation". Ce mécanisme, bien que rassurant à court terme, devient un véritable obstacle à notre évolution personnelle et professionnelle.


Pour éviter cette erreur, posez-vous cette question essentielle : votre compagnon vous renvoie-t-il parfois des reflets qui vous surprennent ou vous déstabilisent ? Si la réponse est non, il y a fort à parier que vous n'avez pas trouvé le miroir dont vous avez réellement besoin.


Le philosophe Martin Buber écrivait : "Toute vie véritable est rencontre." Un compagnonnage authentique doit être une véritable rencontre, parfois déstabilisante, avec des aspects de nous-mêmes que nous n'avions jamais perçus auparavant. C'est à ce prix que se révèle progressivement notre singularité, cette zone de génie unique qui constitue notre véritable potentiel.

L'erreur de résister au feedback déstabilisant plutôt que d'accueillir les révélations

Face au miroir authentique qu'offre un véritable compagnon, notre première réaction est souvent défensive. Cette résistance naturelle constitue la troisième erreur majeure dans la pratique du compagnonnage.


Pensez à ce moment où quelqu'un vous a fait remarquer un comportement dont vous n'aviez pas conscience. Votre première réaction a probablement été de justifier, d'expliquer ou même de nier. Cette réaction défensive, que les psychologues nomment "résistance cognitive", est un mécanisme de protection de notre identité construite.


Thomas, entrepreneur de 42 ans, illustre parfaitement ce phénomène. Lors d'une séance de travail avec son mentor, celui-ci lui fit remarquer sa tendance à interrompre systématiquement ses collaborateurs. La première réaction de Thomas fut le déni : "Je suis simplement passionné et je rebondis sur leurs idées". Ce n'est qu'après plusieurs semaines d'observation consciente qu'il put admettre cette habitude et comprendre qu'elle découlait d'une peur profonde de perdre le contrôle.


L'ego agit comme un gardien protecteur de notre cohérence interne, mais devient paradoxalement notre principal obstacle à l'évolution. Comme l'écrivait Carl Jung : "Ce à quoi vous résistez persiste, ce que vous acceptez se transforme."


La valeur d'un compagnonnage authentique réside précisément dans ces moments déstabilisants où notre vision de nous-mêmes est remise en question. Ces instants, bien qu'inconfortables, sont les véritables portes d'entrée vers une connaissance de soi plus profonde.


Pour dépasser cette résistance, nous gagnons à développer ce que les psychologues appellent la "curiosité bienveillante" envers nous-mêmes. Il s'agit d'accueillir le feedback non comme une menace, mais comme une donnée intéressante à explorer. Plutôt que de vous demander "est-ce vrai ou faux ?", essayez cette question plus féconde : "en quoi cela pourrait-il être vrai ?".


L'erreur de confondre compagnonnage et dépendance décisionnelle

La quatrième erreur, plus subtile mais tout aussi limitante, consiste à transformer le compagnonnage en une forme de dépendance décisionnelle. Cette dérive survient lorsque nous déléguons notre propre discernement à notre compagnon, par manque de confiance en nos capacités intuitives.


Dans notre société contemporaine, nous sommes confrontés à une abondance d'informations et de choix qui peut générer une forme d'anxiété décisionnelle. Face à cette complexité, il devient tentant de s'en remettre entièrement au jugement d'autrui, surtout lorsque nous respectons sa sagesse.


Le cas de Sophie est révélateur. Après quinze ans dans la finance, elle entama une reconversion professionnelle avec l'aide d'un coach reconnu. Progressivement, elle se mit à consulter son mentor pour chaque décision, même mineure, perdant ainsi contact avec sa propre boussole intérieure. Son mentor, bien que compétent, ne pouvait avoir accès à cette connaissance intime d'elle-même qui constitue pourtant le fondement de tout choix authentique.


Le véritable compagnonnage n'a pas pour vocation de décider à votre place, mais de vous aider à affiner votre propre discernement. Comme le rappelle le proverbe chinois : "Donnez un poisson à un homme, il mangera un jour. Apprenez-lui à pêcher, il mangera toute sa vie."


Un compagnon authentique vous guide vers votre propre sagesse intérieure plutôt que de s'y substituer. Il vous aide à développer cette capacité essentielle à distinguer ce qui résonne profondément en vous de ce qui n'est que bruit extérieur ou conditionnement social.


Pour éviter cette erreur, prenez l'habitude de consulter votre ressenti corporel face à un conseil reçu. Votre corps possède une intelligence instinctive qui réagit aux choix alignés avec votre nature profonde. Une sensation d'expansion, de légèreté ou d'enthousiasme signale généralement un chemin en accord avec votre véritable nature.


L'erreur de négliger la réciprocité dans la relation de compagnonnage

Le compagnonnage authentique n'est pas une relation à sens unique où l'un reçoit passivement la sagesse de l'autre. Sa puissance réside au contraire dans la réciprocité des échanges, dans ce mouvement d'enrichissement mutuel qui transforme les deux parties.


Cette dimension essentielle est souvent négligée, notamment lorsque nous abordons le compagnonnage avec une mentalité consumériste, cherchant à "extraire" de l'autre sa sagesse sans conscience de ce que nous pouvons lui apporter en retour.


Le neuroscientifique Matthew Lieberman a démontré que notre cerveau est fondamentalement social, câblé pour l'apprentissage par interaction. Ses recherches révèlent que les connexions neuronales se renforcent davantage dans un contexte d'échange mutuel que dans un modèle d'apprentissage unilatéral.


Pour cultiver cette réciprocité, commencez par reconnaître ce que vous pouvez offrir à votre compagnon. Même si vous êtes en position d'apprenant, votre regard neuf, vos questions naïves et même vos résistances constituent des cadeaux précieux pour celui qui vous accompagne. Ils l'obligent à clarifier sa pensée, à explorer de nouvelles façons d'expliquer et parfois à remettre en question ses propres certitudes.


Attention toutefois à ne pas confondre réciprocité et symétrie parfaite. Dans une relation de compagnonnage, les échanges peuvent être profondément équilibrés tout en prenant des formes différentes selon les moments et les besoins de chacun.


Pour approfondir votre démarche de connaissance de soi dans un cadre professionnel, le bilan de compétences traditionnellement proposé constitue une première étape utile. Cependant, ces dispositifs présentent souvent des limites dans leur approche de l'identité professionnelle, se concentrant davantage sur les compétences acquises que sur cette singularité profonde qui fait de chacun un être unique et irremplaçable. Pour aller plus loin que l'approche classique, vous pouvez explorer notre Bilan d'Excellence, qui s'appuie sur une méthode permettant d'identifier cette zone de génie unique que vous portez en vous, sans vous enfermer dans des cases prédéfinies.


Vers un compagnonnage authentique comme révélateur de notre singularité

Le compagnonnage, lorsqu'il évite les écueils que nous avons explorés, devient un puissant levier de transformation personnelle et professionnelle. Il nous permet d'accéder à des dimensions de nous-mêmes qui resteraient autrement inaccessibles à notre conscience.


Au-delà des techniques et des méthodes, c'est peut-être dans cette qualité de présence et d'écoute mutuelle que réside l'essence du véritable compagnonnage. Dans un monde toujours plus rapide et fragmenté, ces espaces de réflexion partagée deviennent des ressources précieuses pour quiconque cherche à tracer un chemin authentique, aligné avec sa nature profonde.


La connaissance de soi n'est pas une destination mais un chemin. Emprunter ce chemin aux côtés d'un compagnon bienveillant et lucide peut transformer ce qui semblait être une simple reconversion professionnelle en une véritable renaissance.

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