



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente de sortir de l'errance vocationnelle


L'errance vocationnelle touche un nombre croissant de personnes dans notre société contemporaine. Selon une étude récente de l'Institut Gallup, plus de 67% des salariés dans le monde se déclarent désengagés ou activement désengagés de leur travail. En France, ce chiffre atteint près de 70%, révélant l'ampleur d'un phénomène qui dépasse la simple insatisfaction professionnelle passagère. Derrière ces statistiques se cachent des femmes et des hommes qui, malgré des carrières parfois brillantes sur le papier, ressentent ce vide intérieur caractéristique d'une vie professionnelle déconnectée de leur véritable nature.
Mais comment éviter les pièges qui nous maintiennent dans cet état de flottement existentiel ? Dans cet article, nous explorerons ensemble les quatre erreurs majeures qui peuvent compromettre notre sortie de l'errance vocationnelle et nous empêcher de trouver notre juste place dans le monde professionnel.
Sommaire





Qu'est-ce que réellement l'errance vocationnelle ?
L'errance vocationnelle se manifeste par cette impression tenace de ne pas être à sa place, malgré les efforts déployés pour trouver un métier épanouissant. Elle se caractérise par une série de symptômes révélateurs : un sentiment d'emprisonnement dans un travail vide de sens, un épuisement chronique qui persiste malgré les vacances et les moments de repos, ou encore cette tension intérieure qui demeure même lorsque tous nos besoins matériels sont comblés.
Au cœur de cette condition se trouve notre incapacité à répondre à deux questions existentielles fondamentales : "Qui suis-je réellement, au-delà de mes rôles sociaux et professionnels ?" et "Quelle est ma véritable raison d'être dans ce monde ?" Ces interrogations, loin d'être anodines, touchent à notre besoin profond de donner un sens à notre existence.
Prenons l'exemple de Marie, cadre supérieure dans une grande entreprise. À 42 ans, elle a atteint tous les objectifs professionnels qu'elle s'était fixés : un poste à responsabilités, une rémunération confortable, la reconnaissance de ses pairs. Pourtant, chaque matin, elle ressent ce même vide, cette même lassitude. Son travail, bien que valorisé socialement, ne résonne pas avec ce qu'elle est profondément. Marie est en pleine errance vocationnelle, prisonnière d'une réussite professionnelle qui ne nourrit pas son être véritable.
L'errance vocationnelle n'est donc pas simplement un problème d'orientation professionnelle - c'est avant tout une déconnexion entre notre activité et notre nature profonde, notre identité véritable.
Erreur : Confondre intérêts personnels et vocation profonde
La première erreur majeure que nous commettons souvent consiste à prendre nos intérêts momentanés ou nos passions pour notre vocation véritable. Face à l'insatisfaction professionnelle, nous sommes nombreux à envisager une reconversion dans un domaine qui nous passionne, pensant y trouver l'épanouissement qui nous fait défaut.
"J'adore la photographie, je devrais en faire mon métier", "La cuisine me passionne, je pourrais ouvrir un restaurant"... Ces réflexions, bien que légitimes, reposent sur une confusion fondamentale entre ce que nous aimons faire et ce pour quoi nous sommes véritablement faits.
Nos intérêts personnels évoluent avec le temps et sont souvent influencés par notre environnement social, les tendances du moment ou nos expériences récentes. Ils relèvent davantage de l'avoir (ce que nous aimons faire) que de l'être (ce que nous sommes fondamentalement).
Pour illustrer cette différence, pensons à Leonard de Vinci. Ce qui caractérisait son génie n'était pas tant ses multiples centres d'intérêt (peinture, sculpture, architecture, sciences...), mais bien sa manière unique d'aborder chacun de ces domaines : une capacité extraordinaire à observer les détails, à percevoir les connexions invisibles entre des phénomènes apparemment distincts, et à traduire ces observations en créations ou découvertes innovantes. Sa vocation profonde résidait dans cette façon singulière d'interagir avec le monde, qui transcendait les disciplines spécifiques dans lesquelles elle s'exprimait.
La vocation, contrairement aux simples intérêts, s'ancre dans notre identité profonde. Elle représente cette zone de génie singulière dans laquelle nous excellons naturellement, presque sans effort. Elle ne se découvre pas en suivant nos envies passagères, mais plutôt en identifiant ce mode opératoire unique qui s'exprime dans toutes les situations où nous ressentons un sentiment de fluidité et d'accomplissement.
Pour distinguer intérêts et vocation, posez-vous cette question : "Est-ce que cette activité me procure un sentiment d'aisance et d'excellence sans effort particulier, ou est-ce que j'y trouve simplement du plaisir sans nécessairement y exceller naturellement ?" La vocation se reconnaît à cette fluidité caractéristique, cette impression que le temps s'arrête lorsque nous l'exerçons.
Erreur : Se fier exclusivement aux tests de personnalité standardisés
Dans notre quête de clarté vocationnelle, nous sommes nombreux à nous tourner vers les tests de personnalité et autres outils d'évaluation professionnelle. Ces instruments, largement utilisés dans les bilans de compétences traditionnels, peuvent sembler rassurants par leur apparente objectivité et leur capacité à nous ranger dans des catégories bien définies.
Une étude menée par la Society for Industrial and Organizational Psychology a révélé que 80% des entreprises Fortune 500 utilisent des tests de personnalité dans leurs processus de recrutement ou de développement professionnel. Cette omniprésence renforce l'idée que ces outils constituent une voie fiable vers la connaissance de soi et l'orientation professionnelle.
Le problème de cette approche est qu'elle nous enferme dans des cases prédéfinies qui ne peuvent saisir la complexité et l'unicité de notre être. Ces tests fonctionnent selon un principe de typologie : en fonction de vos réponses, on vous attribue un profil parmi un nombre limité de possibilités.
Prenons l'exemple des tests MBTI (Myers-Briggs Type Indicator), l'un des plus populaires dans le monde. Ce test classe les individus en 16 types de personnalité distincts. Mais comment 16 catégories pourraient-elles capturer l'infinie diversité des êtres humains ? Comment un questionnaire standardisé pourrait-il saisir ce qui fait de vous un être unique et irremplaçable parmi les 8 milliards d'habitants de notre planète ?
Ces outils peuvent certes offrir un point de départ, une piste de réflexion initiale, particulièrement lorsque nous nous sentons complètement perdus. Cependant, ils présentent plusieurs limites fondamentales :
- Ils réduisent notre complexité à quelques traits dominants
- Ils ne tiennent pas compte de notre évolution personnelle au fil du temps
- Ils négligent le contexte spécifique dans lequel s'exprime notre singularité
- Ils ne peuvent identifier cette manière d'agir unique qui est la nôtre
La véritable connaissance de soi ne se limite pas à l'identification de traits de personnalité génériques. Elle implique de comprendre cette manière d'agir qui nous est propre, cette façon singulière par laquelle nous transformons la réalité qui nous entoure avec une fluidité et une excellence naturelles.
Erreur : Négliger l'exploration de nos expériences passées significatives
Une erreur fréquente dans notre cheminement vers la clarté vocationnelle consiste à chercher des réponses exclusivement dans le futur ou dans le présent, en négligeant le potentiel révélateur de notre passé.
Nos expériences de vie, particulièrement celles vécues durant l'enfance et l'adolescence (entre 0 et 16 ans), ont façonné en nous une manière d'agir bien particulière. Les neurosciences nous confirment aujourd'hui ce que l'intuition nous suggérait : c'est durant cette période cruciale que notre cerveau crée le plus de connexions neuronales, avant que celles-ci ne soient progressivement élaguées pour ne privilégier que certains chemins spécifiques.
Ces expériences, heureuses comme malheureuses, ont contribué à développer des automatismes et des chemins neuronaux spécifiques qui constituent aujourd'hui notre excellence naturelle. En s'adaptant aux défis de son environnement, l'enfant que nous étions a développé des stratégies uniques, des compétences particulières qui, une fois identifiées, peuvent nous révéler notre singularité profonde.
En ignorant ce fil d'Ariane qui traverse notre parcours, nous risquons de passer à côté d'indices précieux sur notre vocation véritable. Prenez le temps d'identifier les moments de votre vie où vous avez ressenti une profonde satisfaction, un sentiment de fluidité dans votre action. Analysez ces expériences : qu'est-ce qui les caractérise ? Quel mode d'action revient systématiquement ? Quel type de problématique vous passionne naturellement ?
Pour rendre cette exploration concrète, créez un journal de vos "moments d'excellence passés" en répondant à ces questions :
- Quelles sont les trois à cinq expériences qui m'ont procuré le plus de satisfaction dans ma vie ?
- Qu'est-ce que j'y faisais précisément ? Comment agissais-je ?
- Quel était le contexte qui a déclenché cette excellence en moi ?
- Quelle transformation ai-je apportée dans cette situation ?
Cette démarche rétrospective vous permettra de repérer les constantes qui émergent au-delà des contextes différents, révélant ainsi cette excellence d'action qui vous est propre et qui constitue la base de votre vocation véritable.
Erreur : Chercher sa vocation exclusivement dans le monde extérieur
La quatrième erreur fondamentale réside dans notre tendance à chercher notre vocation uniquement dans le monde extérieur - en multipliant les recherches sur les métiers porteurs, en suivant de nouvelles formations, ou en sollicitant les conseils de notre entourage - sans préalablement clarifier notre paysage intérieur.
Cette approche inversée nous conduit souvent à l'errance perpétuelle : nous testons différentes voies, accumulons des expériences diverses, sans jamais trouver cette résonance profonde qui caractérise l'alignement vocationnel. Nous restons alors dans ce sentiment inconfortable d'être à côté de notre chemin, malgré nos efforts pour trouver notre place.
L'écrivain et philosophe américain Joseph Campbell l'exprimait ainsi : "Si vous suivez votre félicité, vous vous mettez sur une sorte de voie qui a toujours été là à vous attendre, et la vie que vous devriez vivre est celle que vous vivez. Où que vous soyez, si vous suivez votre félicité, vous êtes sur la voie des oiseaux chanteurs."
Cette "félicité" dont parle Campbell n'est pas à chercher à l'extérieur de nous, mais bien dans cette connaissance intime de notre nature profonde, de notre manière unique d'interagir avec le monde.
La véritable démarche commence donc par l'intérieur : comprendre notre fonctionnement unique, identifier cette zone de génie qui nous caractérise, reconnaître les contextes qui déclenchent naturellement notre excellence. Ce n'est qu'une fois cette clarté intérieure établie que l'exploration du monde extérieur devient véritablement fructueuse.
Imaginez un arbre fruitier : sa nature est déterminée par sa graine, non par l'environnement extérieur. De même, votre vocation est déjà inscrite en vous, telle une graine qui attend les conditions favorables pour s'épanouir. Votre travail consiste d'abord à identifier la nature de cette graine - votre excellence unique - puis à créer ou trouver l'environnement propice à son déploiement.
Pour initier cette démarche d'exploration intérieure, prenez le temps de vous interroger sur :
- Les situations qui vous procurent cette sensation de fluidité, d'aisance, où le temps semble s'arrêter
- Les problématiques face auxquelles vous ressentez une envie irrésistible d'intervenir
- Les transformations que vous apportez naturellement dans votre environnement
- Les contextes qui semblent déclencher en vous cette excellence naturelle
Face à ces défis complexes de connaissance de soi, un accompagnement adapté peut s'avérer précieux. Les bilans de compétences traditionnels peuvent constituer une première étape, mais ils montrent souvent leurs limites lorsqu'il s'agit d'identifier cette zone de génie singulière qui est la vôtre, au-delà des compétences techniques ou comportementales.
C'est pourquoi nous avons développé le Bilan d'Excellence, une approche qui va au-delà des bilans de compétences classiques en plaçant au centre du processus non pas vos "compétences" mais bien votre "excellence" - cette manière d'agir unique qui est la vôtre et qui ne demande qu'à s'exprimer pleinement dans votre vie professionnelle.
Conclusion
Sortir de l'errance vocationnelle représente un défi majeur, mais notre capacité à éviter ces quatre erreurs fondamentales peut considérablement faciliter ce cheminement. Au-delà des approches conventionnelles, c'est bien dans cette quête de notre singularité profonde que réside la clé d'une vie professionnelle alignée avec notre nature véritable.
Cette démarche ne consiste pas tant à "trouver sa voie" qu'à reconnaître et honorer celle qui est déjà là, inscrite au plus profond de notre être, attendant simplement d'être révélée et pleinement assumée. Car comme le disait si justement Carl Jung : "Ce que vous êtes fera plus de bruit que ce que vous dites."