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4 erreurs à éviter lorsqu'on tente de travailler sur ses émotions

Dans notre société moderne, nous entendons souvent parler de l'importance de la gestion des émotions. Pourtant, cette approche cache parfois des pièges subtils. Une étude de l'Université de Berkeley publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology révèle que 78% des personnes qui tentent de "contrôler" leurs émotions rapportent en réalité une augmentation de leur anxiété à long terme. Cette statistique nous invite à repenser notre relation avec nos mouvements intérieurs.


Que vous soyez en pleine reconversion professionnelle, en questionnement sur votre parcours ou simplement à la recherche d'un meilleur équilibre émotionnel, cet article vous propose d'explorer quatre erreurs courantes que nous commettons lorsque nous tentons de travailler sur nos émotions.


Qu'est-ce que réellement travailler sur ses émotions ?

Contrairement à ce que beaucoup pensent, les émotions ne sont pas des ennemies à maîtriser. Le terme "é-motion" lui-même nous éclaire : "motion" signifie mouvement, et le préfixe "e" renvoie à l'extériorité. Nos émotions sont des mouvements intérieurs qui nous mettent en action dans le monde extérieur, tels les courants marins qui influencent la navigation d'un bateau.


Imaginons un instant le cas de Marie Curie, scientifique brillante dont la passion et l'engagement émotionnel profond pour la recherche l'ont conduite à des découvertes révolutionnaires. Ce n'est pas en réprimant sa curiosité ou sa frustration face aux obstacles qu'elle a progressé, mais bien en utilisant ces ressentis comme carburant pour son travail.


Travailler sur ses émotions ne consiste donc pas à les supprimer ou à les contrôler, mais plutôt à les accueillir pour mieux comprendre leurs messages. Notre corps utilise ces signaux pour nous préserver et s'autoréguler naturellement. La peur, la colère, la tristesse - souvent qualifiées à tort de "négatives" - sont en réalité nécessaires au maintien de notre équilibre psychique et à notre connaissance de nous-même.


L'erreur de la suppression émotionnelle : lutter contre soi-même

La première erreur majeure consiste à vouloir supprimer ou ignorer nos émotions désagréables. Lorsque nous ressentons de la frustration face à une situation professionnelle, par exemple, nous pouvons être tentés de refouler ce sentiment pour "rester professionnel".


Cette lutte intérieure crée paradoxalement plus de tension. Comme tenter de maintenir un ballon sous l'eau, plus nous exerçons de pression pour contenir l'émotion, plus celle-ci cherchera à remonter avec force. Cette rétention émotionnelle finit inévitablement par nous épuiser et peut même conduire à des explosions émotionnelles disproportionnées.


Prenons l'exemple concret de Thomas, cadre supérieur que nous avons accompagné. Pendant des années, il a ignoré son sentiment croissant d'inadéquation dans son poste prestigieux. "Je ne pouvais pas me permettre de douter", nous confiait-il. Cette suppression constante l'a finalement conduit à un burnout sévère. Ce n'est qu'en acceptant enfin d'écouter sa frustration qu'il a pu comprendre qu'elle signalait un décalage profond entre ses valeurs personnelles et la culture de son entreprise.


L'émotion en elle-même est neutre - ce sont les conséquences de nos actions en réponse à ces émotions qui peuvent être problématiques. Plutôt que de combattre l'émotion, apprenez à l'observer comme un indicateur précieux sur votre état intérieur et votre situation actuelle. Cette observation bienveillante constitue le premier pas vers une véritable intelligence émotionnelle.


L'erreur de l'action impulsive : réagir sans comprendre

La deuxième erreur fréquente est de passer immédiatement à l'action sous l'impulsion de l'émotion ressentie. Lorsqu'une colère surgit face à une injustice au travail, nous pouvons être tentés de réagir impulsivement - démissionner sur un coup de tête, confronter agressivement un collègue, ou prendre une décision de reconversion professionnelle sans réflexion approfondie.


Cette réaction immédiate court-circuite le véritable travail émotionnel. Les émotions nous invitent à une "remontée en signification" - un processus d'exploration qui nous permet de comprendre ce qui se joue réellement. Avant d'agir, posez-vous cette question essentielle : "En quoi ce que je vis de difficile et désagréable fait sens dans ma vie professionnelle actuelle ?"


Les neurosciences nous enseignent que lorsque nous sommes submergés par une émotion forte, notre cortex préfrontal - siège de la réflexion rationnelle - voit son activité diminuer au profit de structures plus primitives liées à la réaction de survie. C'est pourquoi il est si difficile de prendre du recul dans ces moments.


Pour éviter cette erreur, nous pouvons utiliser la technique du "temps d'arrêt émotionnel". Il s'agit simplement de s'accorder un délai (quelques heures, voire quelques jours selon l'importance de la décision) avant de passer à l'action. Durant ce temps, l'intensité émotionnelle diminue naturellement, permettant à notre capacité de réflexion de reprendre ses droits.


Cette pause réflexive peut vous révéler que votre colère n'est pas simplement liée à un incident isolé, mais qu'elle signale peut-être un décalage plus profond entre vos aspirations et votre situation actuelle. L'émotion devient alors une boussole vers votre vocation authentique, plutôt qu'un simple déclencheur d'actions impulsives.


L'erreur de l'intellectualisation excessive : analyser sans ressentir

La troisième erreur consiste à sur-intellectualiser nos émotions. Dans notre quête de sens, particulièrement en période de questionnement professionnel, nous pouvons tomber dans le piège de l'analyse excessive sans véritablement ressentir l'émotion dans notre corps.


Le philosophe Spinoza distinguait déjà au XVIIe siècle l'importance de l'expérience corporelle des émotions. Selon lui, notre compréhension reste incomplète si elle n'intègre pas la dimension physique de nos affects. Cette intuition a été confirmée par les recherches contemporaines en neurosciences affectives.


Comprendre intellectuellement pourquoi nous ressentons de la tristesse face à un parcours professionnel insatisfaisant ne suffit pas. Notre corps détient une sagesse propre que notre mental ne peut saisir pleinement. Les émotions s'expriment physiquement - tension dans la poitrine, nœud à l'estomac, épaules contractées - et ces sensations corporelles contiennent des informations précieuses.


Il existe deux voies complémentaires pour travailler avec nos émotions : par le corps et par l'esprit. Négliger l'aspect corporel revient à ignorer la moitié du message. Prenez le temps d'explorer comment l'émotion se manifeste dans votre corps. Cette conscience somatique peut révéler des aspects de votre relation au travail que votre analyse intellectuelle n'avait pas identifiés.


Une pratique simple consiste à prendre quelques minutes, lors d'un moment émotionnellement chargé, pour scanner votre corps de la tête aux pieds. Où se manifestent les sensations les plus intenses ? Comment qualifieriez-vous ces sensations (pression, chaleur, vide, pulsation) ? Cette observation sans jugement permet souvent des prises de conscience surprenantes.


Cette approche intégrée vous permet d'accéder à une compréhension plus profonde de vos besoins et aspirations véritables, au-delà des rationalisations que notre mental construit pour maintenir le statu quo.


L'erreur du jugement moral : catégoriser ses émotions

La quatrième erreur, peut-être la plus insidieuse, consiste à attribuer une valeur morale à nos émotions en les classant comme "bonnes" ou "mauvaises". Cette tendance est particulièrement prégnante dans nos sociétés qui valorisent le positivisme et stigmatisent certaines émotions comme la colère ou la tristesse.


Le docteur Robert Plutchik, pionnier dans l'étude des émotions, a démontré à travers ses recherches que toutes les émotions humaines ont une fonction adaptative essentielle. La peur nous protège, la colère nous aide à défendre nos limites, la tristesse nous permet d'intégrer les pertes et de recevoir du soutien. Aucune n'est intrinsèquement négative.


Ce jugement moral crée un brouillard intérieur qui obscurcit le message véritable de nos émotions. Lorsque vous vous sentez coupable de ressentir de l'insatisfaction dans votre carrière pourtant "stable et respectable", vous entrez dans un conflit interne qui complique votre quête de sens professionnelle.


Au quotidien, cette erreur se manifeste souvent par des phrases comme "Je ne devrais pas être anxieux pour cette présentation" ou "C'est ridicule d'être frustré pour si peu". Ces jugements ne font qu'ajouter une couche supplémentaire de souffrance à l'expérience émotionnelle initiale.


Pour dépasser cette erreur, nous pouvons nous entraîner à adopter un langage plus neutre. Plutôt que de dire "J'ai peur de changer de carrière et c'est lâche de ma part", essayez "Je remarque une peur qui émerge quand j'envisage ce changement de carrière". Cette formulation crée une distance qui permet d'observer l'émotion sans s'y identifier complètement.


En réalité, chaque émotion porte en elle une information précieuse sur votre cheminement. La frustration peut révéler un potentiel inexploité, l'anxiété peut signaler un besoin de sécurité négligé, la tristesse peut indiquer la perte d'une aspiration importante.


Vers une relation saine avec ses émotions

Travailler efficacement avec nos émotions demande une approche nuancée et bienveillante. Plutôt que de tomber dans les pièges de la suppression, de l'action impulsive, de l'intellectualisation excessive ou du jugement moral, nous pouvons développer une relation consciente avec nos mouvements intérieurs.


Cette démarche s'apparente à un art subtil qui se développe avec la pratique. Comme tout apprentissage, elle demande patience et persévérance. Les personnes que nous accompagnons témoignent souvent qu'au début, cette nouvelle relation aux émotions peut sembler contre-intuitive, tant nos habitudes de lutte ou d'évitement sont ancrées.


Pour initier ce changement, commencez par observer vos réactions habituelles face à vos émotions. Êtes-vous plutôt du type à les refouler, à réagir impulsivement, à les intellectualiser ou à les juger ? Cette prise de conscience constitue déjà un premier pas significatif.


Dans un contexte de reconversion professionnelle ou de questionnement sur votre parcours, vos émotions sont particulièrement précieuses. L'enthousiasme que vous ressentez face à certaines perspectives, l'anxiété qui émerge à l'idée de certains changements, la frustration liée à votre situation actuelle - tous ces signaux méritent votre attention bienveillante.


Face à la complexité du marché du travail et aux multiples possibilités de carrière, les bilans de compétences traditionnels peuvent manquer de profondeur dans leur approche de la connaissance de soi. Ils identifient souvent des compétences et des appétences sans véritablement toucher à cette dimension émotionnelle qui révèle notre singularité profonde.


Le Bilan d'Excellence que nous proposons va au-delà de cette approche conventionnelle en intégrant pleinement cette dimension. Il permet d'identifier cette zone de génie unique qui vous caractérise, dans laquelle vous excellez naturellement et qui se révèle souvent à travers vos réactions émotionnelles les plus authentiques.


Conclusion

Les émotions représentent une intelligence naturelle que nous gagnerions à mieux comprendre plutôt qu'à combattre. Elles nous orientent vers notre épanouissement véritable lorsque nous apprenons à décoder leurs messages subtils.


En évitant les pièges courants dans notre travail émotionnel, nous nous donnons l'opportunité de découvrir notre chemin singulier, celui qui honore notre nature profonde et notre contribution unique au monde.


Cette exploration intérieure ouvre des perspectives nouvelles, où nos décisions professionnelles et personnelles s'alignent progressivement avec qui nous sommes véritablement. Un voyage parfois inconfortable, souvent révélateur, et finalement libérateur.


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