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Les risques d'une utilisation inadéquate de l'Ennéagramme

Dans notre quête perpétuelle de compréhension de nous-mêmes, nous sommes souvent attirés par des outils promettant de cartographier les territoires mystérieux de notre identité.


L'Ennéagramme, avec sa structure en neuf types de personnalité, figure parmi les plus populaires de ces instruments. Pourtant, son utilisation irréfléchie peut nous conduire à une impasse identitaire plutôt qu'à une véritable connaissance de soi.


En nous enfermant dans des catégories prédéfinies, cet outil risque de masquer notre unicité profonde et de nous détourner de notre vocation authentique. Selon une étude menée par l'Institut de Recherche en Psychologie Appliquée en 2023, 78% des personnes ayant exclusivement recours à des outils typologiques comme l'Ennéagramme rapportent une persistance de leurs questionnements identitaires profonds après plus de deux ans d'utilisation. Ce chiffre révélateur nous invite à examiner avec discernement les limites intrinsèques de cette approche et à comprendre pourquoi elle peut constituer un obstacle à la découverte de notre véritable singularité.

Qu'est-ce que réellement l'Ennéagramme et ses limites intrinsèques ?

L'Ennéagramme représente un système de classification qui divise la personnalité humaine en neuf archétypes distincts, chacun caractérisé par des motivations, des peurs et des comportements spécifiques. Ce modèle, dont les origines remontent aux traditions spirituelles anciennes, a été popularisé dans sa forme moderne par des auteurs comme Oscar Ichazo et Claudio Naranjo, avant de connaître un essor considérable dans les milieux du développement personnel et professionnel.


La promesse séduisante de l'Ennéagramme réside dans sa capacité à nous offrir un miroir dans lequel nous pourrions contempler les contours de notre personnalité. Mais ce miroir est-il fidèle ou déformant ? Voilà la question essentielle que nous devons nous poser.


La limite fondamentale de cet outil tient à sa nature même : en proposant seulement neuf catégories pour classer l'infinité des expressions humaines, il opère nécessairement une réduction drastique de notre complexité. Comme le soulignait le philosophe Emmanuel Levinas, "le visage de l'autre est infini" - et il en va de même pour notre paysage intérieur, infiniment plus nuancé que ne le suggèrent ces neuf types.


Une étude publiée dans le Journal of Personality Assessment a révélé que la fiabilité test-retest de l'Ennéagramme n'atteignait que 65%, signifiant qu'une personne sur trois obtiendrait un type différent en refaisant le test quelques mois plus tard. Cette statistique illustre la nature approximative et potentiellement changeante de cette classification.


Prenons l'exemple de Marie, designer de 42 ans, qui s'est identifiée pendant des années comme un "type 4" - l'individualiste créatif et mélancolique. Cette identification l'a amenée à accentuer certains aspects de sa personnalité au détriment d'autres, jusqu'à ce qu'elle réalise que cette catégorisation ne capturait qu'une infime partie de sa richesse intérieure et l'empêchait d'explorer d'autres facettes de son potentiel.


Le piège de la catégorisation réductrice de notre identité

Lorsque nous adoptons un type d'Ennéagramme comme définition de notre identité, nous risquons de tomber dans un piège subtil mais profond : celui de la prophétie autoréalisatrice. Ce phénomène psychologique bien documenté nous amène à conformer progressivement nos comportements aux attentes associées à notre "type".


"Je suis un 6, donc je suis naturellement anxieux et méfiant." "En tant que type 3, je suis forcément orienté vers la réussite et la reconnaissance." Ces affirmations, apparemment anodines, agissent comme des filtres interprétatifs à travers lesquels nous percevons nos propres actions et réactions. Le danger réside dans le fait que cette identification peut devenir une prison dorée, nous enfermant dans un rôle prédéfini et limitant notre capacité d'exploration authentique.


Le neuropsychologue Oliver Sacks observait que "chaque personne est une histoire qui n'est semblable à aucune autre". En nous assignant à un type préétabli, l'Ennéagramme risque de transformer cette histoire unique en un récit standardisé, privé de ses nuances les plus significatives et de ses potentialités inexplorées.


Ce phénomène de réduction identitaire opère souvent à notre insu, tel un cadre invisible qui restreint notre champ des possibles. Nous commençons à interpréter nos expériences à travers le prisme de notre type supposé, renforçant ainsi l'identification tout en négligeant les aspects de notre vécu qui ne correspondent pas à cette catégorie.


Imaginons Thomas, cadre commercial identifié comme un "type 8" (le protecteur). Cette identification l'a progressivement amené à amplifier ses traits d'affirmation et de contrôle, même dans des situations où une approche plus nuancée aurait été bénéfique. Ce n'est qu'en prenant conscience de ce conditionnement qu'il a pu retrouver la liberté d'exprimer d'autres aspects de sa personnalité, notamment sa sensibilité et son intuition, longtemps réprimées car ne correspondant pas à l'image du "type 8".


L'illusion d'une connaissance de soi approfondie

L'un des risques majeurs de l'Ennéagramme réside dans l'illusion de profondeur qu'il procure. Après avoir découvert "notre type" et lu les descriptions détaillées qui l'accompagnent, nous pouvons facilement croire avoir atteint une connaissance substantielle de nous-mêmes. Cette impression est particulièrement trompeuse car elle peut nous détourner d'une véritable démarche introspective.


La psychologue Bertille Dupont explique ce phénomène par l'effet Barnum (ou effet Forer) : "Nous avons tendance à reconnaître comme particulièrement pertinentes des descriptions générales qui pourraient s'appliquer à un grand nombre de personnes." Ainsi, en lisant la description de notre type d'Ennéagramme, nous sommes naturellement portés à nous y reconnaître, notamment parce que ces descriptions sont suffisamment vagues pour correspondre à de nombreuses personnes tout en donnant l'impression d'être spécifiques.


Cette illusion de connaissance approfondie peut nous conduire à une forme de paresse introspective. Pourquoi continuer à explorer les profondeurs de notre être si nous pensons déjà détenir la clé de notre fonctionnement intérieur ? Cette satisfaction prématurée constitue un obstacle majeur à la découverte de notre singularité véritable, celle qui ne peut être captée par aucun système de classification préétabli.


L'obstacle à la découverte de notre mode d'action unique

Notre singularité ne réside pas dans une catégorie typologique, mais dans une manière d'agir unique forgée par nos expériences de vie, particulièrement durant notre enfance. Les événements marquants, qu'ils soient heureux ou douloureux, ont façonné en nous des automatismes et des chemins neuronaux spécifiques qui constituent notre véritable signature identitaire.


Ces expériences formatrices créent ce que les neurosciences nomment des "patterns de fonctionnement" - des modes d'action privilégiés par notre cerveau en raison de leur efficacité dans des contextes spécifiques. Ce processus neurologique explique pourquoi chacun d'entre nous développe une manière singulière d'appréhender le monde, de résoudre des problèmes et d'interagir avec autrui.


L'Ennéagramme, en dirigeant notre attention vers des traits génériques partagés par des millions de personnes, nous détourne de cette singularité profonde. Il nous empêche de percevoir ce "méta-automatisme" à travers lequel nous transformons naturellement notre environnement, sans effort conscient, telle une empreinte digitale que nous laissons sur chacune de nos actions.


Prenons l'exemple de Leonard de Vinci. S'il avait été réduit à un "type 5" de l'Ennéagramme (l'observateur), nous aurions perdu de vue la singularité extraordinaire de son mode opératoire, cette façon unique qu'il avait de connecter l'observation minutieuse de la nature avec une créativité visionnaire. Ce n'est pas son "type" qui définissait son génie, mais bien cette manière d'agir absolument unique qu'il déployait à travers ses multiples domaines d'expertise.


Cette mode d'action singulier représente pourtant la clé de notre épanouissement professionnel et personnel. C'est en le reconnaissant et en l'assumant pleinement que nous pouvons trouver notre juste place dans le monde et ressentir ce sentiment de légitimité qui accompagne l'expression de notre don unique.


La confusion entre traits de personnalité et mode d'action naturel

L'Ennéagramme nous conduit souvent à confondre nos traits de personnalité (introversion, extraversion, sensibilité, etc.) avec notre mode d'action naturel. Or, ces deux dimensions sont fondamentalement différentes. Nos traits de personnalité décrivent comment nous sommes, tandis que notre mode d'action caractérise comment nous transformons naturellement la réalité qui nous entoure.


Cette confusion peut avoir des conséquences significatives sur nos choix de vie. Lorsque nous basons nos décisions professionnelles uniquement sur nos traits de personnalité, nous risquons de passer à côté de voies qui correspondraient pourtant parfaitement à notre mode d'action naturel.


Considérons le cas de Sophie, identifiée comme "type 9" dans l'Ennéagramme (le pacificateur). En se focalisant sur ce trait de personnalité, elle s'est longtemps détournée des rôles de leadership, les jugeant incompatibles avec sa nature conciliante. Ce n'est qu'en découvrant son mode d'action naturel - une capacité exceptionnelle à synthétiser des points de vue divergents pour créer du consensus - qu'elle a compris qu'elle possédait une forme unique de leadership, particulièrement précieuse dans les contextes complexes.


Avez-vous déjà remarqué que certaines de vos activités vous procurent un sentiment d'aisance et de fluidité, indépendamment de leur adéquation avec votre "type" de personnalité ? Cette expérience révèle précisément la distinction entre traits de personnalité et mode d'action naturel. Tandis que le premier peut évoluer selon les contextes, le second constitue une constante qui se manifeste à travers différents domaines de votre vie.


Le déni de notre capacité d'évolution et de transformation

L'Ennéagramme, malgré ses nuances et sa reconnaissance théorique de l'évolution personnelle, peut paradoxalement nous enfermer dans une vision statique de nous-mêmes. "Je suis un type 4 et je le resterai toute ma vie." Cette conception fige notre identité et nie notre capacité fondamentale à nous transformer et à évoluer.


Ce phénomène de cristallisation identitaire contredit les découvertes récentes en neuroplasticité, qui démontrent la remarquable capacité du cerveau humain à se reconfigurer tout au long de la vie. Comme l'explique le neuroscientifique Norman Doidge, "le cerveau est un organe qui se modifie en fonction de son utilisation". Cette plasticité neuronale nous offre une liberté fondamentale : celle de ne pas rester prisonniers de nos conditionnements passés.


Notre mode d'action naturel, bien qu'ancré profondément en nous, n'est pas figé dans sa manifestation. Il peut s'exprimer différemment selon les contextes et s'enrichir au fil de nos expériences. En nous attachant trop fermement à un type d'Ennéagramme, nous risquons de résister inconsciemment aux changements qui pourraient nous permettre d'exprimer plus pleinement notre potentiel unique.


Cette vision statique de l'identité peut également nous amener à interpréter nos évolutions comme des "déviances" par rapport à notre type supposé, plutôt que comme des expressions authentiques de notre croissance personnelle. Nous nous privons ainsi de la richesse d'une identité en perpétuel devenir, préférant la sécurité illusoire d'une définition stable mais restrictive.


Avez-vous déjà ressenti un décalage entre la personne que vous étiez il y a quelques années et celle que vous êtes aujourd'hui ? Cette évolution témoigne précisément de votre capacité à transcender toute catégorisation figée, pour embrasser la fluidité intrinsèque de l'existence humaine.


Vers une approche plus personnalisée de la connaissance de soi

Malgré ses limites, l'Ennéagramme peut constituer une première étape dans la connaissance de soi, à condition de le considérer comme un simple outil parmi d'autres et non comme une vérité définitive sur notre identité. Une approche véritablement personnalisée de la connaissance de soi nécessite d'aller au-delà des typologies génériques pour explorer ce qui fait notre unicité profonde.


Cette démarche implique d'abord une véritable introspection, libre des cadres préétablis qui pourraient orienter notre perception. Elle nous invite à observer nos moments de fluidité naturelle, ces instants où nous agissons avec une aisance remarquable sans effort conscient. C'est dans ces moments privilégiés que se révèle notre mode d'action naturel.


Pour entreprendre cette exploration, nous pouvons nous interroger : "Dans quelles situations est-ce que j'agis avec une fluidité particulière, produisant des résultats qui surprennent positivement mon entourage ?" "Quelles sont les activités dans lesquelles je perds la notion du temps ?" "Quels problèmes ai-je tendance à résoudre d'une manière qui m'est propre ?"


Ces questions nous permettent d'identifier les contours de notre singularité dans l'action, cette manière d'être et d'agir qui ne ressemble à aucune autre. Contrairement aux catégories généralistes de l'Ennéagramme, cette approche reconnaît le caractère absolument unique de chaque individu, comparable à une empreinte digitale identitaire que personne d'autre ne partage.


En reconnaissant et en assumant pleinement cette singularité, nous pouvons enfin faire des choix professionnels véritablement alignés avec notre nature profonde. Nous cessons alors de nous adapter à des modèles extérieurs pour créer un chemin qui correspond parfaitement à notre unicité.


Le bilan de compétences : vers une redécouverte de soi au-delà des typologies

Dans un monde professionnel en constante mutation, nombreux sont ceux qui ressentent le besoin de redéfinir leur trajectoire pour trouver une voie véritablement alignée avec leur nature profonde. Cette quête ne peut se satisfaire d'approches standardisées qui nous enfermeraient dans des catégories préétablies.


Le bilan de compétences traditionnel constitue déjà une démarche précieuse pour clarifier vos aspirations et identifier vos atouts professionnels. Mais pour véritablement transcender les limites des approches typologiques, il est essentiel de s'engager dans une exploration qui reconnaît et valorise votre singularité absolue.


Cette démarche nécessite d'abord de suspendre temporairement toute catégorisation préconçue pour observer avec une attention renouvelée vos moments d'excellence naturelle. Il ne s'agit pas tant d'identifier ce que vous faites bien que de comprendre comment vous le faites d'une manière qui vous est propre.


Pour vous accompagner dans cette redécouverte, posez-vous ces questions fondamentales : "Quelles sont les situations qui me donnent un sentiment d'aisance et de fluidité particulière ?" "Dans quels contextes ai-je l'impression de transformer naturellement mon environnement d'une façon qui m'est propre ?" "Quelles sont les actions que j'accomplis avec une telle spontanéité que j'en oublie presque l'effort qu'elles requièrent ?"


C'est précisément dans cette perspective que nous avons développé le Bilan d'Excellence, un accompagnement qui va au-delà des bilans de compétences traditionnels. À travers la méthode MO2I (Mode Opératoire Identitaire et Itératif), vous découvrez cette zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment, tel un don singulier que personne d'autre ne possède.


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