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3 risques liés à un sentiment d'illégitimité au travail

Le sentiment d'illégitimité au travail touche une part importante de la population active, quelle que soit l'expérience professionnelle ou le niveau hiérarchique. Selon une étude publiée par le Journal of Behavioral Science, près de 70% des personnes ont déjà ressenti ce sentiment au cours de leur carrière.


Cette impression de ne pas être à sa place, souvent nommée "syndrome de l'imposteur", peut sembler anodine mais entraîne des conséquences profondes sur notre équilibre professionnel et personnel.


Dans cet article, nous explorons les risques majeurs associés à cette sensation d'illégitimité et comment elle peut compromettre non seulement notre bien-être quotidien, mais aussi notre évolution professionnelle à long terme.

Qu'est-ce que réellement le sentiment d'illégitimité au travail ?

Le sentiment d'illégitimité ne se réduit pas à un simple manque de confiance en soi comme on pourrait le penser de prime abord. Il traduit quelque chose de plus profond : une dissonance entre notre fonction professionnelle et notre identité authentique.


La légitimité correspond au fait d'être naturellement taillé pour assumer une fonction ou un rôle spécifique à un instant donné. Nos différentes expériences de vie, particulièrement celles vécues durant l'enfance et l'adolescence (de 0 à 16 ans environ), nous façonnent neurologiquement. Ces expériences développent en nous des automatismes, des chemins neuronaux spécifiques et une sensibilité particulière face à certaines situations.


Prenons l'exemple de Marie Curie, qui dès son plus jeune âge, manifesta une curiosité insatiable pour les phénomènes naturels. Cette inclination précoce, nourrie par ses expériences familiales, l'a progressivement conduite vers sa vocation scientifique. Ce n'est pas un hasard si elle excella dans ce domaine : ses expériences formatives avaient créé en elle une aptitude naturelle pour l'observation minutieuse et la résolution de problèmes complexes.


Quand nous occupons un poste qui ne correspond pas à cette nature profonde, le sentiment d'illégitimité s'installe naturellement. Ce n'est pas un défaut personnel, mais plutôt un signal d'alarme nous indiquant que nous ne sommes pas alignés avec notre vocation véritable. Cette sensation, loin d'être irrationnelle, devient alors un indicateur précieux.


Le stress chronique, première conséquence d'un sentiment persistant d'illégitimité

Lorsque nous nous sentons illégitimes dans notre rôle professionnel, notre corps et notre esprit se trouvent en état d'alerte permanent. Cette tension constante génère un stress interne particulier. Contrairement au stress ponctuel qui nous pousse à l'action face à une situation problématique, ce stress intérieur est plus subtil mais aussi plus persistant.


Avez-vous déjà remarqué combien les journées semblent interminables quand nous exécutons des tâches qui ne nous correspondent pas fondamentalement ? Cette sensation d'épuisement, même après une journée objectivement peu chargée, constitue l'un des premiers symptômes de ce stress chronique lié au sentiment d'illégitimité.


Ce phénomène s'explique neurologiquement. Notre cerveau doit constamment compenser le décalage entre les compétences naturellement disponibles dans notre répertoire et celles qu'exige notre poste. Cette compensation permanente consomme une énergie considérable, souvent de façon inconsciente.


Les manifestations physiques ne trompent pas : muscles tendus en fin de journée, difficultés d'endormissement malgré la fatigue, maux de tête récurrents et épuisement chronique. Une étude menée par l'Université de Stanford a démontré que ce type de stress prolongé pouvait réduire jusqu'à 7 ans l'espérance de vie des personnes concernées.


Le plus préoccupant réside dans notre tendance à normaliser cet état. "Le travail est difficile pour tout le monde", "C'est normal de se sentir fatigué", sont des phrases que nous répétons pour justifier ce malaise. Pourtant, les personnes qui œuvrent dans leur domaine de prédilection, malgré une charge de travail parfois supérieure, ne ressentent pas cette même usure. Leur alignement avec leur nature profonde leur permet de mobiliser des ressources intérieures différentes.


Comme l'écrivait Confucius : "Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie." Cette maxime, loin d'être une simple platitude motivationnelle, traduit une vérité biologique : l'alignement entre notre nature et notre fonction professionnelle modifie fondamentalement notre expérience du travail et son impact sur notre santé.


L'autodévalorisation et la perte progressive de confiance en ses capacités

Le sentiment d'illégitimité engendre un phénomène psychologique pernicieux : l'érosion progressive de l'estime de soi professionnelle. Lorsque nous évoluons dans un domaine qui ne correspond pas à notre excellence naturelle, nous fournissons constamment des efforts considérables pour des résultats souvent moyens.


Cette disproportion entre l'investissement et le retour crée une dissonance cognitive. Notre cerveau tente de résoudre cette équation déséquilibrée en dévalorisant nos capacités plutôt qu'en remettant en question la pertinence de notre orientation professionnelle. "Si c'est si difficile pour moi, c'est que je ne suis pas assez bon" devient alors un refrain intérieur destructeur.


Plus subtilement encore, notre perception des compétences s'inverse progressivement. Nous minimisons l'importance et la valeur de ce qui nous vient naturellement, tout en surinvestissant émotionnellement dans les domaines où nous peinons. Ce mécanisme, observé par le psychologue Martin Seligman dans ses travaux sur la "résignation apprise", explique pourquoi tant de personnes persistent dans des voies professionnelles inadaptées.


Prenons l'exemple concret d'un cadre performant qui obtient d'excellents résultats dans son domaine mais ressent pourtant un malaise persistant. Malgré les félicitations et les promotions, il doute constamment de mériter sa position. Ce phénomène s'explique souvent par un décalage entre ses "compétences acquises" (ce pour quoi il est reconnu officiellement) et son "excellence naturelle" (ce qui fait sa singularité profonde mais qu'il ne valorise pas).


Cette confusion entre expertise technique et excellence naturelle nous amène à construire notre identité professionnelle sur des fondations fragiles. Nous devenons alors particulièrement vulnérables aux critiques et aux échecs ponctuels, qui ébranlent non seulement notre confiance mais remettent en question l'ensemble de notre valeur professionnelle.


Pour identifier si vous êtes dans cette spirale d'autodévaluation, observez votre réaction face aux compliments professionnels. Si vous les minimisez systématiquement en pensant "ils ne savent pas que c'était facile pour moi" ou "ils vont finir par découvrir que je ne suis pas si compétent", vous êtes probablement en train de dévaluer votre excellence naturelle tout en surestimant l'importance des compétences qui vous demandent un effort considérable.


Le blocage de l'évolution professionnelle et l'impossibilité d'obtenir une reconnaissance naturelle

Le sentiment d'illégitimité crée ce que les psychologues appellent un "plafond de verre intérieur" - une limitation invisible mais bien réelle à notre progression professionnelle. Ce blocage se manifeste souvent de façon subtile : malgré nos efforts, formations et tentatives d'amélioration, quelque chose d'indéfinissable semble nous retenir.


Ce plafonnement s'accompagne généralement d'un manque de reconnaissance professionnelle authentique. Nous pouvons obtenir des promotions, des augmentations ou des félicitations formelles, mais ces marques extérieures de succès ne comblent pas le vide intérieur que nous ressentons. Pourquoi ? Parce que la véritable reconnaissance ne peut émerger que lorsque notre contribution est perçue comme unique et indispensable.


Howard Gardner, psychologue spécialiste des intelligences multiples, explique ce phénomène par une analogie frappante : "Demander à un poisson de grimper à un arbre le condamnera à se sentir incompétent toute sa vie, même s'il excelle dans l'eau." De même, évoluer dans un environnement professionnel qui ne correspond pas à notre nature profonde nous condamne à rechercher éternellement une validation qui ne viendra jamais pleinement.


La reconnaissance authentique n'est pas quelque chose que l'on réclame ou que l'on arrache par des performances forcées. Elle surgit naturellement lorsque nous œuvrons dans notre zone de prédilection. À ce moment, notre façon d'agir devient si singulière et si efficace qu'elle génère des résultats remarquables sans effort apparent. Cette fluidité dans l'action suscite spontanément l'admiration et la reconnaissance des autres.


À l'inverse, chercher désespérément à être reconnu ou validé par nos pairs est souvent le signe que nous ne sommes pas dans notre juste place professionnelle. Nous compensons l'absence de reconnaissance naturelle par une quête effrénée d'approbation externe, creusant davantage le sentiment d'imposture.


Dans les environnements de travail actuels, cette situation devient particulièrement problématique face aux défis de l'innovation et de l'adaptabilité. Les organisations ont besoin d'individus qui apportent leur contribution unique plutôt que de reproduire des compétences standardisées. Un professionnel enfermé dans un sentiment d'illégitimité peinera à exprimer sa créativité et son plein potentiel, limitant ainsi sa valeur ajoutée dans un monde professionnel en constante évolution.


Retrouver sa légitimité naturelle grâce à la découverte de sa zone de génie

Face à ces défis, il existe heureusement un chemin pour sortir de cette impasse professionnelle. Ce parcours commence par une remise en question fondamentale : et si notre sentiment d'illégitimité n'était pas dû à un manque de compétences, mais à un décalage entre notre fonction actuelle et notre nature profonde ?


La première étape consiste à distinguer clairement ce qui relève des compétences acquises par l'effort (ce que nous avons appris à faire) et ce qui constitue notre zone de génie naturelle (ce qui nous vient sans effort). Cette distinction n'est pas toujours évidente car nous avons tendance à banaliser ce qui nous semble facile.


Prenez un moment pour réfléchir aux activités qui vous procurent cette sensation de fluidité, où le temps semble s'écouler différemment et où vous obtenez des résultats remarquables sans vous sentir épuisé. Ces moments révèlent souvent votre zone de génie - cette manière d'agir unique qui vous caractérise et qui transcende les domaines d'expertise spécifiques.


Pour approfondir cette exploration, les bilans de compétences traditionnels peuvent constituer un premier pas. Cependant, ils présentent souvent des limites importantes. En effet, la plupart de ces bilans s'appuient sur des modèles standardisés et des typologies qui catégorisent les individus. Or, notre singularité professionnelle échappe souvent à ces catégories préétablies.


C'est pourquoi nous avons développé une approche différente avec le Bilan d'Excellence. Cette démarche va au-delà des compétences classiques en permettant d'identifier votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment. Contrairement aux approches traditionnelles, le Bilan d'Excellence ne cherche pas à vous faire entrer dans une case prédéfinie, mais révèle ce qui vous rend véritablement unique et irremplaçable dans le monde professionnel.


Conclusion

Le sentiment d'illégitimité au travail n'est pas une fatalité mais souvent le symptôme d'un désalignement plus profond. En prenant conscience des risques associés à cette sensation, nous pouvons transformer ce qui apparaît comme une faiblesse en opportunité de redécouverte professionnelle.


La véritable légitimité ne se construit pas en tentant de correspondre à des attentes externes, mais en cultivant ce qui fait notre singularité. Cette démarche demande courage et lucidité, mais elle ouvre la voie vers un épanouissement professionnel authentique, où la reconnaissance devient la conséquence naturelle de notre alignement plutôt que l'objectif désespéré de notre quête.


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