
Comment identifier mes aspirations personnelles ?
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L'inspection de nos aspirations profondes représente un défi considérable pour la majorité d'entre nous. Une étude menée par l'Université de Stanford en 2022 révèle que 67% des adultes éprouvent des difficultés significatives à identifier clairement leurs véritables aspirations professionnelles, et ce pourcentage grimpe à 81% chez les personnes en situation de reconversion. Cette difficulté n'est pas anodine : elle constitue souvent la source première d'indécision et d'insatisfaction professionnelle.
Mais pourquoi est-il si difficile de plonger en nous-mêmes pour y découvrir ce qui nous anime réellement ? Pourquoi restons-nous souvent à la surface de nos désirs, sans parvenir à toucher l'essence de nos aspirations authentiques ?
Dans cet article, nous explorerons les raisons profondes de cette difficulté et proposerons des pistes pour progressivement lever le voile sur ce qui nous anime véritablement.
L'inspection de nos aspirations ne se limite pas à faire une liste de métiers qui nous attirent ou de compétences que nous aimerions développer. Elle constitue un processus bien plus profond et subtil. Il s'agit d'une exploration intérieure qui vise à distinguer nos désirs authentiques de ceux imposés par notre environnement.
Prenons l'exemple de Marie, une cadre financière brillante qui, à 38 ans, ressent un malaise grandissant dans sa carrière pourtant "réussie" selon tous les critères sociaux. En cherchant à inspecter ses aspirations, elle découvre que son attrait initial pour la finance était largement influencé par les attentes familiales et un désir de sécurité matérielle. Son aspiration authentique, celle qui la fait vibrer sans qu'elle en ait pleinement conscience, réside dans sa capacité naturelle à faciliter la communication entre personnes aux profils différents.
Cette inspection nécessite de faire la différence entre les aspirations superficielles (statut social, reconnaissance externe, sécurité financière) et les aspirations profondes qui nous nourrissent indépendamment du regard des autres. Ce processus requiert une capacité d'introspection soutenue et une écoute fine de nos signaux intérieurs.
Dès notre plus jeune âge, notre environnement social façonne profondément notre vision du succès et de l'accomplissement. Famille, système éducatif, médias : tous ces facteurs construisent progressivement en nous une représentation de ce qu'est une "vie réussie". Ces influences externes créent un voile entre nous et nos aspirations authentiques.
Le sociologue Pierre Bourdieu a brillamment conceptualisé ce phénomène à travers sa notion d'"habitus" – ces dispositions durables, ces manières de penser et d'agir que nous intégrons inconsciemment et qui orientent nos choix sans même que nous en ayons conscience. C'est ainsi que nous pouvons poursuivre pendant des années, voire des décennies, des objectifs qui correspondent davantage aux attentes des autres qu'à notre nature profonde.
Ce conditionnement opère à plusieurs niveaux :
Ces messages, répétés tout au long de notre développement, s'inscrivent profondément dans notre psyché et brouillent notre capacité à discerner nos aspirations véritables. Ils nous poussent à rationaliser nos choix en fonction de critères externes plutôt qu'internes.
Un autre obstacle majeur dans notre capacité à inspecter nos aspirations réside dans la crainte du jugement. Lorsque nous commençons à explorer des aspirations qui s'écartent des chemins conventionnels, nous nous heurtons souvent à cette peur viscérale.
"Que penseront mes proches si je quitte mon poste stable pour me lancer dans l'artisanat ?" "Comment expliquer à mon réseau professionnel que je souhaite m'orienter vers un domaine complètement différent ?" "Suis-je légitime pour aspirer à cela à mon âge, sans expérience préalable ?"
Ces questionnements, souvent inconscients, génèrent une anxiété qui paralyse notre capacité d'exploration. Nous préférons alors rester dans des zones de confort conceptuel, poursuivant des objectifs socialement validés plutôt que de risquer l'incompréhension en suivant nos aspirations authentiques.
Cette peur du jugement prend une dimension particulière lors des reconversions professionnelles. Après avoir construit une identité sociale liée à notre métier ou notre statut, l'idée de redéfinir cette identité expose à une forme de vulnérabilité. Notre cerveau, programmé pour nous protéger, nous incite alors à éviter cette exploration inconfortable, limitant ainsi notre capacité à inspecter honnêtement nos aspirations.
Pour dépasser cette peur, il peut être utile d'observer comment elle se manifeste concrètement dans votre quotidien. Notez les moments où vous vous censurez, où vous repoussez certaines idées sous prétexte qu'elles seraient "irréalistes" ou "inappropriées". Ces moments révèlent souvent les zones où votre peur du jugement bride votre exploration intérieure.
Une raison fondamentale de notre difficulté à identifier nos aspirations réside dans la confusion entre nos compétences acquises et notre excellence naturelle. Notre société valorise largement les compétences techniques et les diplômes, créant l'illusion que notre valeur professionnelle réside principalement dans ce que nous avons appris consciemment.
Cette vision réduit l'être humain à un ensemble de savoir-faire acquis, en négligeant ce qui constitue notre singularité profonde. Nous passons alors notre temps à perfectionner des compétences qui, bien qu'utiles, ne sont pas nécessairement alignées avec notre nature profonde.
Prenons l'exemple de Thomas, ingénieur de formation qui a accumulé des compétences techniques remarquables pendant quinze ans. Malgré sa réussite professionnelle, il ressent un vide persistant. En explorant plus profondément ses expériences de vie, il découvre que sa véritable zone de génie ne réside pas dans sa capacité à résoudre des problèmes techniques, mais dans sa capacité naturelle à traduire des concepts complexes en idées simples et accessibles à tous.
Cette excellence naturelle – cette manière unique d'agir qui nous est propre – nous échappe souvent car elle nous semble tellement évidente que nous avons tendance à la banaliser. "Si c'est si facile pour moi, cela doit l'être pour tout le monde", pensons-nous à tort.
Cette confusion nous amène à négliger ce qui constitue véritablement notre singularité et nous pousse vers des voies qui ne correspondent pas à notre nature profonde, compliquant davantage l'inspection de nos aspirations authentiques.
Notre cerveau fonctionne principalement de manière inconsciente. Les neurosciences nous enseignent que plus de 95% de nos décisions et comportements sont guidés par des processus cognitifs dont nous n'avons pas conscience. Cette réalité s'applique également à nos aspirations les plus profondes.
Notre mode d'action unique s'est construit durant notre enfance, entre 0 et 16 ans, à travers nos expériences, particulièrement celles qui ont généré des émotions intenses. Ce processus neurobiologique a façonné des chemins neuronaux spécifiques, créant un mode opératoire unique qui nous est propre. Mais comme ce processus est inconscient, il devient particulièrement difficile d'en prendre conscience par nous-mêmes.
Imaginez que vous traversez une forêt dense où des sentiers se sont formés au fil des années. Ces sentiers représentent vos modes d'action privilégiés, créés par vos expériences passées. Vous les empruntez naturellement sans même y réfléchir. Mais si on vous demandait de décrire précisément ces sentiers, vous seriez probablement incapable de le faire avec exactitude, tant ils font partie intégrante de votre façon de naviguer dans cette forêt.
De la même manière, nous utilisons quotidiennement notre mode d'action unique sans pouvoir le décrire clairement. Cette méconnaissance de nos mécanismes intérieurs les plus profonds constitue un obstacle majeur à l'inspection de nos aspirations véritables. Nous naviguons à vue, sans comprendre ce qui nous anime réellement et ce qui nous permettrait d'atteindre un épanouissement authentique.
Pour commencer à lever ce voile d'inconscience, observez attentivement les moments où vous ressentez un sentiment de fluidité et de facilité dans vos actions. Ces moments sont souvent révélateurs de votre mode d'action naturel.
Un phénomène particulièrement subtil mais profondément impactant vient compliquer notre capacité à inspecter nos aspirations : la banalisation de notre excellence naturelle. Cette excellence – cette zone de génie dans laquelle nous agissons avec fluidité, sans effort apparent – nous semble tellement évidente que nous avons tendance à la minimiser.
"Tout le monde sait faire ça", pensons-nous souvent à propos de ce qui constitue notre don unique. Cette banalisation nous conduit à sous-évaluer systématiquement ce qui pourrait constituer le cœur de notre vocation.
Mozart illustre parfaitement ce phénomène. Sa capacité à composer de la musique complexe lui semblait si naturelle qu'il la considérait comme ordinaire. "Je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire", disait-il à propos de son don, tant celui-ci faisait partie intégrante de sa nature. Ce n'est que par le regard des autres qu'il pouvait prendre conscience de sa singularité.
Ce phénomène s'explique neurologiquement : les actions relevant de notre excellence mobilisent des circuits neuronaux tellement bien établis qu'elles demandent peu d'effort conscient. Cette facilité nous fait paradoxalement douter de leur valeur, nous empêchant de reconnaître la singularité de notre mode d'action.
Pour contrer cette tendance à la banalisation, essayez de porter attention à ce que les autres reconnaissent naturellement chez vous. Les compliments récurrents que vous recevez, les sollicitations spontanées pour certains types d'aide, sont souvent des indicateurs précieux de votre excellence naturelle.
Le rythme effréné de notre quotidien et le stress qui en découle constituent un obstacle majeur à notre capacité d'introspection. L'état de stress chronique dans lequel beaucoup d'entre nous évoluons maintient notre cerveau dans un mode de survie, focalisé sur les urgences immédiates plutôt que sur les questions existentielles plus profondes.
Dans cet état, notre cortex préfrontal – siège de notre capacité de réflexion profonde – est partiellement inhibé au profit des zones cérébrales plus primitives. Des études en neurosciences ont démontré que sous l'effet du stress, l'amygdale (siège des réactions émotionnelles primaires) prend le dessus sur l'hippocampe et le cortex préfrontal, réduisant notre capacité à nous engager dans une réflexion nuancée et profonde.
Concrètement, cela se traduit par une difficulté à prendre du recul sur nos expériences, à identifier les patterns récurrents dans notre vie, et à discerner ce qui nous procure un bien-être authentique par opposition à ce qui nous apporte simplement un soulagement temporaire.
Cette difficulté physiologique explique pourquoi, même avec la meilleure volonté du monde, l'inspection de nos aspirations peut sembler impossible dans certaines périodes de notre vie. Notre cerveau, mobilisé par la gestion du stress, ne dispose plus des ressources nécessaires pour ce travail d'exploration intérieure.
Pour contrer cette limitation, il est essentiel de créer des espaces de calme mental réguliers. La pratique de la méditation, les promenades en nature, ou simplement des moments de déconnexion numérique peuvent constituer des premières étapes précieuses pour restaurer cette capacité d'introspection.
Face à ces obstacles nombreux et complexes, l'inspection de nos aspirations nécessite souvent une approche structurée et un environnement favorable. Voici quelques pistes concrètes pour entamer ce processus :
Pour aller plus loin dans cette exploration, vous pouvez envisager un Bilan de compétences. Cependant, les approches traditionnelles se contentent souvent d'identifier vos aptitudes et vos préférences superficielles, sans véritablement toucher à votre singularité profonde. Le Bilan d'Excellence, grâce à la méthode MO2I, permet d'aller au-delà en révélant votre zone de génie unique – cette excellence naturelle qui vous caractérise et qui ne se retrouve chez aucune autre personne.
L'inspection de nos aspirations représente un défi considérable mais essentiel dans notre cheminement vers un épanouissement professionnel authentique. En prenant conscience des obstacles qui nous en séparent – conditionnement social, peur du jugement, méconnaissance de nos mécanismes intérieurs – nous faisons déjà un pas significatif vers leur dépassement.
Cette exploration intérieure n'est pas un luxe mais une nécessité pour quiconque aspire à une vie professionnelle alignée avec sa nature profonde. Elle requiert patience, bienveillance envers soi-même et parfois, un accompagnement adapté.
Car au-delà des considérations pratiques de carrière, c'est bien de notre contribution unique au monde dont il est question – cette manière singulière d'agir et de transformer la réalité qui, lorsqu'elle est pleinement exprimée, constitue notre véritable vocation.