



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente d'interpréter les résultats du modèle DISC


Dans un monde professionnel où la connaissance de soi est devenue un atout majeur, les tests de personnalité comme le modèle DISC se sont imposés comme des outils incontournables. Selon une étude menée par le Centre de Recherche sur le Développement Professionnel en 2023, plus de 70% des entreprises du Fortune 500 utilisent désormais des outils de profilage comportemental dans leurs processus de recrutement et de développement des talents. Parmi ces outils, le DISC figure en tête de liste, avec une utilisation qui a augmenté de 45% ces cinq dernières années.
Mais cette popularité croissante s'accompagne d'une utilisation parfois approximative, voire contre-productive. Cette même étude révèle que 68% des professionnels RH admettent ne pas avoir reçu de formation approfondie sur l'interprétation correcte des résultats, et que 42% des personnes ayant passé ce test ressentent une forme de frustration quant à l'application concrète des résultats dans leur développement professionnel.
Dans cet article, nous allons explorer les quatre erreurs les plus courantes que nous commettons lorsque nous interprétons les résultats du modèle DISC, et comment éviter ces pièges pour tirer le meilleur parti de cet outil.
Sommaire





Qu'est-ce que réellement le modèle DISC et ses limites intrinsèques
Le modèle DISC n'est pas un outil de mesure d'intelligence, de compétences ou de valeurs, contrairement à ce que certains pourraient croire. Il s'agit avant tout d'un cadre d'analyse comportemental qui catégorise les tendances observables de nos actions en quatre dimensions principales.
Développé initialement par le psychologue William Moulton Marston dans les années 1920, le DISC distingue quatre types de comportements dominants : Dominance (D), Influence (I), Stabilité (S) et Conformité (C). Ces quatre dimensions permettent d'analyser comment une personne réagit face à son environnement, gère les problèmes, interagit avec les autres et s'adapte aux règles.
Par exemple, une personne avec un profil dominant en D aura tendance à être directe, à prendre des décisions rapidement et à aller droit au but. Une personne avec un profil I élevé sera généralement sociable, enthousiaste et persuasive. Les profils S recherchent l'harmonie, la stabilité et font preuve de patience, tandis que les profils C privilégient la précision, l'analyse et le respect des normes.
Ce modèle est particulièrement apprécié pour sa simplicité d'utilisation et sa facilité de compréhension. Cependant, cette simplicité constitue également sa principale limite. En réduisant la complexité humaine à quatre dimensions, le DISC peut donner une impression trompeuse de complétude.
Leonard de Vinci, figure emblématique de la Renaissance, illustre parfaitement cette limite. Comment un simple profil DISC aurait-il pu capturer l'essence d'un homme à la fois artiste, inventeur, anatomiste et ingénieur? Ses accomplissements transcendaient largement les catégories comportementales, révélant une complexité humaine que nul questionnaire à choix multiples ne saurait révéler.
Le DISC reste un outil d'observation des comportements visibles, mais ne plonge pas dans les profondeurs de nos motivations inconscientes, de notre singularité ou de notre vocation. Il offre une photographie instantanée de nos tendances comportementales, mais ne révèle pas le film complet de notre identité profonde.
Erreur : Se limiter à une seule "étiquette" comportementale
"Je suis un D", "Je suis un I"... Ces déclarations résonnent souvent après la découverte de son profil DISC. Cette première erreur consiste à réduire toute la richesse et la complexité de notre identité à une simple lettre, ou à un profil dominant.
Cette simplification excessive crée ce que les psychologues appellent "l'effet Pygmalion" : nous commençons à agir conformément à l'étiquette qui nous a été attribuée, renforçant ainsi artificiellement les traits associés à notre profil dominant, au détriment d'autres aspects de notre personnalité.
Prenons le cas de Marie, directrice marketing. Après avoir découvert son profil "D" dominant, elle a commencé à survaloriser son côté directif et décisif, considérant sa tendance naturelle à l'empathie (dimension S) comme une "faiblesse" à masquer dans son environnement professionnel. Cette identification excessive l'a progressivement éloignée d'une partie d'elle-même, créant un déséquilibre qui a fini par affecter sa performance et son bien-être.
L'être humain est fondamentalement multidimensionnel et contextuel. Un parent peut manifester un profil S fort avec ses enfants, tout en adoptant un comportement plus D dans son rôle professionnel. Notre comportement varie également en fonction de notre état émotionnel, de notre niveau de stress ou de la familiarité de l'environnement.
Pour éviter ce piège, considérez votre profil DISC comme un point de départ pour la réflexion, et non comme un verdict définitif. Posez-vous des questions plus profondes : Dans quels contextes manifestez-vous davantage certaines dimensions? Comment votre profil évolue-t-il selon les situations? Quels aspects de votre personnalité ne sont pas capturés par le modèle?
La véritable connaissance de soi implique d'embrasser toutes nos facettes, y compris celles qui semblent contradictoires ou qui ne figurent pas dans notre profil dominant.
Erreur : Négliger la dimension inconsciente de notre excellence naturelle
Une des limitations fondamentales du modèle DISC réside dans son incapacité à révéler cette zone de génie unique et singulière dans laquelle nous excellons de façon totalement naturelle et inconsciente.
Le DISC se concentre sur les comportements observables - comment nous agissons et réagissons dans différentes situations. Mais il ne nous dit rien sur ces talents innés, ces compétences naturelles que nous mettons en œuvre sans même nous en rendre compte, tellement elles font partie intégrante de notre être.
Imaginez un musicien virtuose qui joue sans effort, comme si la musique coulait naturellement de ses doigts. Ce n'est pas simplement son "comportement" qui est remarquable, mais cette zone de génie unique où son excellence s'exprime sans effort conscient. Le DISC peut nous dire comment ce musicien interagit avec son orchestre (D, I, S ou C), mais ne révélera jamais la singularité de son génie musical.
Cette lacune du modèle DISC est particulièrement problématique lorsqu'il s'agit d'orientation professionnelle. De nombreuses personnes se retrouvent dans des carrières qui correspondent à leur profil comportemental, mais qui ne sollicitent pas leur zone d'excellence naturelle. Comme ce comptable méticuleux au profil C très marqué, parfaitement adapté à son métier en apparence, mais profondément insatisfait car son véritable génie - sa capacité intuitive à comprendre et résoudre les problèmes humains complexes - reste inexploitée.
Pour éviter cette erreur, apprenez à distinguer vos comportements (ce que le DISC mesure) de vos talents naturels (ce qu'il ne mesure pas). Observez ces moments où vous excellez sans effort, où le temps semble s'arrêter, où vous créez des résultats remarquables presque sans vous en rendre compte. Ces moments révèlent souvent votre zone de génie bien plus fidèlement qu'un profil comportemental.
Erreur : Confondre préférences comportementales et vocation professionnelle
"Vous avez un profil S dominant, vous devriez vous orienter vers les métiers du social ou de l'enseignement." Ce type de recommandation illustre parfaitement cette troisième erreur : établir une correspondance directe entre un profil DISC et une orientation professionnelle.
Le modèle DISC nous renseigne sur nos préférences comportementales, mais pas sur notre vocation. La vocation dépasse largement le cadre du comportement observable - elle touche à notre raison d'être, à ce pour quoi nous sommes véritablement "taillés".
Prenons l'exemple de deux personnes présentant un profil DISC quasiment identique (dominante C avec S secondaire) : Thomas et Claire. Thomas a trouvé son épanouissement comme chercheur en biologie, tandis que Claire s'épanouit pleinement comme thérapeute. Mêmes profils comportementaux, vocations radicalement différentes. Pourquoi? Parce que leur zone de génie unique s'exprime différemment, malgré des comportements similaires.
Le danger de cette confusion est réel : combien de personnes s'engagent dans des voies professionnelles uniquement parce qu'elles "correspondent" à leur profil comportemental, pour découvrir des années plus tard qu'elles n'y trouvent pas leur véritable épanouissement?
Cette approche ignore également un aspect fondamental : l'adaptabilité humaine. Nous pouvons nous adapter à presque n'importe quel environnement professionnel si nécessaire. Mais s'adapter n'est pas s'épanouir. L'épanouissement authentique survient lorsque notre environnement professionnel nous permet d'exprimer naturellement notre singularité, sans effort d'adaptation constant.
Pour éviter ce piège, interrogez-vous : "Dans quels moments de ma vie ai-je ressenti un sentiment de plénitude, d'évidence, comme si j'étais exactement là où je devais être?" Ces moments révèlent souvent les contours de votre vocation bien plus fidèlement que votre profil DISC.
Erreur : Survaloriser la flexibilité comportementale au détriment de son unicité
"Pour réussir, vous devez développer votre dimension I" ou "Travaillez sur votre profil D pour progresser professionnellement". Ces recommandations, courantes après un test DISC, illustrent une quatrième erreur majeure : considérer que l'adaptabilité comportementale est toujours souhaitable, voire nécessaire.
Cette approche repose sur une vision problématique du développement personnel : l'idée qu'il faut "combler ses lacunes" pour réussir. Elle présuppose qu'un profil "équilibré" entre les quatre dimensions serait idéal, ignorant que notre singularité réside précisément dans notre manière unique de combiner ces dimensions.
Steve Jobs, avec son profil probablement très marqué en D et peut-être en I, n'aurait jamais révolutionné le monde de la technologie s'il avait tenté de "rééquilibrer" son profil en développant artificiellement les dimensions S et C. C'est précisément sa façon singulière d'être au monde qui a fait sa force.
Cette quête perpétuelle d'adaptabilité comporte un coût psychologique élevé. L'effort constant pour adopter des comportements qui ne nous sont pas naturels épuise nos ressources mentales et émotionnelles, conduisant potentiellement à l'épuisement professionnel ou à une forme de désengagement.
Lorsque nous passons notre temps à essayer d'être ce que nous ne sommes pas naturellement, nous perdons également l'opportunité d'approfondir et d'affiner notre génie unique. Comme un arbre fruitier qui tenterait de produire plusieurs types de fruits différents au lieu de perfectionner celui pour lequel il est naturellement conçu.
Pour éviter cette erreur, au lieu de vous demander "Comment puis-je modifier mon profil?", posez-vous plutôt ces questions : "Comment puis-je créer un environnement qui valorise mon profil naturel?" ou "Dans quels contextes mes tendances comportementales deviennent-elles des atouts exceptionnels?".
Vers une approche plus profonde de la connaissance de soi
Si le modèle DISC offre un point de départ intéressant pour la connaissance de soi, il est essentiel d'aller au-delà pour découvrir ce qui nous rend véritablement uniques et irremplaçables.
La véritable connaissance de soi nécessite d'explorer plusieurs dimensions :
- La dimension comportementale (ce que le DISC mesure) : comment nous agissons et réagissons face à différentes situations.
- La dimension cognitive : notre façon unique de percevoir, d'analyser et de créer des solutions.
- La dimension émotionnelle : notre manière de ressentir et d'exprimer nos émotions.
- La dimension existentielle : notre quête de sens, notre raison d'être, notre vocation.
Pour approfondir votre connaissance de vous-même, prenez le temps d'observer vos moments d'excellence naturelle. Quand vous sentez-vous pleinement aligné, dans un état de flow où tout semble se dérouler avec fluidité et sans effort? Quels types de problèmes résolvez-vous naturellement, presque inconsciemment, alors que d'autres y peinent?
Interrogez également votre entourage. Souvent, notre zone de génie nous est si naturelle que nous la banalisons. Demandez à vos proches : "Qu'est-ce qui, selon vous, me distingue des autres? Dans quels moments me trouvez-vous particulièrement à ma place?".
Explorez votre histoire personnelle, particulièrement vos expériences formatrices entre 0 et 16 ans. Ces expériences ont façonné votre manière unique de percevoir le monde et d'y répondre, créant des chemins neuronaux privilégiés qui constituent le socle de votre excellence naturelle.
Le bilan de compétences traditionnel, bien qu'utile, se concentre souvent sur l'inventaire de vos compétences acquises et sur votre adéquation comportementale avec différents métiers. Il peut ainsi passer à côté de cette zone de génie unique qui constitue votre véritable valeur ajoutée.
C'est pourquoi nous avons développé le Bilan d'Excellence, qui va au-delà des approches traditionnelles en mettant au centre non pas vos "compétences" mais votre "excellence" - cette zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment.