5 risques d'une mauvaise application du modèle Process Com

Sommaire

Qu'est-ce que réellement le modèle Process Com ? Le risque d'étiquetage et de limitation de l'identité professionnelle L'illusion de la connaissance de soi profonde La difficulté à prendre des décisions éclairées Le sentiment persistant d'illégitimité professionnelle Le fossé entre théorie et application concrète Vers une approche plus personnalisée et profonde de la connaissance de soi Au-delà des typologies : découvrir sa véritable singularité

Qu'est-ce que réellement le modèle Process Com ?

Contrairement à la croyance répandue, le modèle Process Com n'est pas qu'un simple outil de catégorisation des personnalités. Développé par le psychologue américain Taibi Kahler dans les années 1970 (initialement pour la NASA), ce modèle identifie six types de personnalité : Empathique, Travaillomane, Persévérant, Rêveur, Promoteur et Rebelle.

Chaque type possède ses propres caractéristiques, modes de communication, besoins psychologiques et comportements sous stress. La richesse de ce modèle réside dans sa capacité à décrire comment nous percevons le monde et communiquons avec autrui. Sa véritable vocation est d'améliorer la communication interpersonnelle plutôt que de définir qui nous sommes fondamentalement.

Cependant, ce qui fait la force de ce modèle – sa structure claire et ses catégories bien définies – constitue paradoxalement sa principale limite lorsqu'il s'agit de découvrir notre singularité professionnelle. Car peut-on réellement réduire la complexité humaine à six profils types ?

Le risque d'étiquetage et de limitation de l'identité professionnelle

Le premier danger d'une mauvaise application du Process Com concerne l'étiquetage. Avez-vous déjà remarqué comment, après avoir passé un test de personnalité, nous avons tendance à interpréter nos comportements à travers ce nouveau prisme ? "C'est normal que je sois désorganisé, je suis Rebelle", ou "Je ne peux pas être créatif, je suis Travaillomane".

Ce phénomène, que les psychologues appellent "l'effet Barnum", nous conduit à nous identifier fortement à un profil et, ce faisant, à restreindre notre perception de nous-mêmes. Prenons l'exemple de Marie, consultante en ressources humaines, qui s'est découverte "Empathique" lors d'une formation Process Com. Rapidement, elle a commencé à douter de sa capacité à occuper un poste de direction, persuadée que son profil ne correspondait pas aux qualités requises pour ce type de fonction.

Cette identification trop rigide ignore une réalité fondamentale : notre identité professionnelle est infiniment plus riche et complexe qu'une simple étiquette. Elle s'est construite au fil de nos expériences uniques, particulièrement durant notre enfance et notre adolescence, façonnant une manière singulière d'agir et de penser que nulle catégorisation ne peut pleinement capturer.

Lorsque nous nous enfermons dans une étiquette, nous risquons de passer à côté de ce qui fait notre véritable valeur ajoutée – cette zone de génie unique, cette manière d'agir si naturelle pour nous que nous ne la percevons même plus comme extraordinaire.

L'illusion de la connaissance de soi profonde

Un second risque, tout aussi insidieux, est de confondre la familiarisation avec un profil et la véritable connaissance de soi. Se découvrir "Persévérant" ou "Promoteur" peut procurer un sentiment initial d'éclaircissement, une sensation d'avoir enfin des mots pour se définir.

Mais cette impression est souvent trompeuse. Comme nous l'explique Pierre, ancien manager reconverti en thérapeute : "J'ai passé cinq ans à me définir comme Travaillomane, adaptant mes choix de carrière en conséquence. Ce n'est qu'en explorant plus profondément ma singularité que j'ai découvert ma véritable vocation, qui transcendait complètement cette étiquette."

La véritable connaissance de soi implique de descendre bien plus profondément dans notre intériorité. Elle nécessite d'explorer ce qui nous rend véritablement unique – non pas en termes de catégorie générique, mais en termes de mode opératoire singulier. Comment collectons-nous naturellement l'information ? Comment l'analysons-nous ? Quelles situations déclenchent en nous un état de flow où nous excellons sans effort ?

Ces questions essentielles restent généralement sans réponse lorsque nous nous contentons d'une approche typologique standardisée. Et ce manque de profondeur peut être particulièrement problématique en période de reconversion professionnelle, où la clarté intérieure est indispensable pour faire des choix alignés avec notre nature profonde.

La difficulté à prendre des décisions éclairées

Une autre conséquence problématique d'une mauvaise application du Process Com concerne la prise de décision professionnelle. Avons-nous déjà considéré qu'une connaissance approximative de notre profil pourrait en réalité compliquer nos choix plutôt que les faciliter ?

Connaître votre "type" ne vous indique pas précisément dans quel environnement vous vous épanouirez, ni quelles missions spécifiques vous permettront d'exprimer votre plein potentiel. Le psychologue Robert Johnson souligne que "les décisions de carrière basées uniquement sur des typologies générales aboutissent souvent à une inadéquation subtile mais persistante entre l'individu et son activité."

Ce manque de précision peut engendrer plusieurs situations délicates :

• Une paralysie décisionnelle face à la multitude d'options théoriquement compatibles avec votre profil
• Des choix basés sur des généralités plutôt que sur votre singularité réelle
• Une persistance du brouillard intérieur malgré l'apparente clarté apportée par le modèle

Souvenez-vous de Thomas, ingénieur identifié comme "Persévérant" dans le modèle Process Com. Cette information l'a conduit à s'orienter vers des postes de gestion de projet, conformes aux recommandations génériques pour son profil. Trois reconversions plus tard, il cherchait toujours sa voie, jusqu'à ce qu'une exploration plus approfondie révèle son mode opératoire unique : sa capacité naturelle à percevoir les failles dans les systèmes complexes et à concevoir des solutions innovantes.

Cette découverte l'a finalement guidé vers un poste sur mesure combinant conseil et innovation – un rôle qui n'aurait jamais émergé d'une simple analyse typologique.

Le sentiment persistant d'illégitimité professionnelle

Un quatrième risque, souvent sous-estimé, est le maintien d'un sentiment d'imposture malgré la connaissance de son profil Process Com. Avez-vous déjà ressenti cette impression persistante d'être au mauvais endroit, même après avoir apparemment trouvé votre "type" ?

La légitimité professionnelle ne découle pas de notre appartenance à une catégorie, mais de notre capacité à agir en cohérence avec notre mode opératoire naturel et singulier. C'est pourquoi tant de personnes peuvent parfaitement connaître leur type dominant et pourtant :

• Continuer à se sentir comme des imposteurs dans leur fonction
• Ne pas comprendre pourquoi certaines tâches les épuisent quand d'autres les dynamisent
• Ressentir un décalage persistant entre ce qu'elles sont et ce qu'elles font

Cette situation est particulièrement fréquente chez les personnes dont le profil dominant dans le modèle Process Com ne capture pas les nuances essentielles de leur manière d'être. Comme l'explique la psychologue Claire Martineau : "La véritable légitimité naît de la cohérence entre notre identité profonde et notre expression professionnelle, bien au-delà de toute catégorisation."

Pour illustrer ce phénomène, considérons l'expérience de Sophie, identifiée comme "Empathique" lors d'un séminaire Process Com. Malgré cette connaissance, elle continuait de ressentir un profond malaise dans son rôle de responsable des ressources humaines, supposément parfait pour son profil. Ce n'est qu'en explorant plus finement sa singularité qu'elle a découvert que sa véritable zone de génie résidait dans sa capacité unique à structurer l'information émotionnelle complexe – une nuance que le modèle Process Com n'avait pas su capturer.

Le fossé entre théorie et application concrète

Le cinquième risque majeur d'une mauvaise application du Process Com réside dans le fossé séparant la théorie de l'application concrète. Combien de fois avons-nous assisté à des formations enrichissantes sur le plan conceptuel, mais dont les enseignements se sont évaporés au contact de notre réalité quotidienne ?

Connaître votre profil est une chose. Savoir comment l'utiliser dans votre contexte professionnel spécifique en est une autre, radicalement différente. Sans un accompagnement véritablement personnalisé, vous risquez de vous retrouver avec une belle fiche descriptive de votre personnalité... et aucune idée de comment la traduire en actions concrètes pour votre développement professionnel.

Ce fossé entre théorie et pratique explique pourquoi tant de personnes accumulent les formations et les tests sans jamais ressentir de véritable transformation. Comme le souligne le philosophe Michel Serres : "La connaissance n'a de valeur que lorsqu'elle s'incarne dans l'action."

Pour éviter ce piège, interrogez-vous : "Comment cette information sur mon profil se traduit-elle concrètement dans ma façon de travailler, de communiquer, de prendre des décisions ?" Mieux encore, cherchez à observer comment vous fonctionnez naturellement dans les situations où vous êtes pleinement à l'aise et performant, avant même d'essayer d'appliquer une quelconque grille de lecture externe.

Vers une approche plus personnalisée et profonde de la connaissance de soi

Malgré ces risques, le modèle Process Com reste un outil précieux s'il est utilisé comme une première étape dans un processus plus complet de connaissance de soi. L'essentiel est de comprendre qu'aucun modèle standardisé ne peut capturer l'intégralité de votre unicité.

Une démarche efficace de connaissance de soi nécessite d'aller au-delà des typologies pour explorer ce qui vous rend véritablement unique. Nous vous proposons quelques pistes pour approfondir cette exploration :

• Identifiez les moments de flow dans votre vie – ces instants où vous excellez sans effort, où le temps semble s'écouler différemment
• Analysez vos réussites passées pour y détecter des schémas récurrents, des modes d'action qui vous sont propres
• Recueillez les retours de personnes qui vous connaissent depuis longtemps sur ce qui, selon elles, vous caractérise fondamentalement
• Explorez vos expériences d'enfance formatrices qui ont pu façonner votre manière unique d'interagir avec le monde

Ces explorations vous permettront progressivement de discerner ce qui fait votre singularité irréductible – ce mode opératoire unique qui vous caractérise dans l'action et qui constitue votre véritable valeur ajoutée dans le monde professionnel.

Au-delà des typologies : découvrir sa véritable singularité

Pour aller plus loin que les approches typologiques classiques, un bilan de compétences approfondi peut constituer une étape décisive. Contrairement aux démarches standardisées, un bilan de compétences véritablement centré sur la personne ne cherche pas à vous faire entrer dans une case prédéfinie.

Il vise plutôt à révéler votre manière unique de fonctionner – ce mode opératoire singulier qui s'est développé naturellement au fil de votre vie et qui constitue le fondement de votre excellence naturelle. C'est cette approche que nous avons développée avec le Bilan d'Excellence, qui s'appuie sur la méthode MO2I (Mode Opératoire Identitaire et Itératif) pour révéler votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez de façon totalement naturelle.