



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente d'interpréter les résultats du modèle Ennéagramme


Dans notre quête perpétuelle de mieux nous connaître, nous sommes nombreux à nous tourner vers différents outils et modèles de connaissance de soi.
Parmi eux, l'Ennéagramme s'est imposé comme une référence populaire dans le monde du développement personnel.
Mais que se passe-t-il réellement quand nous recevons nos résultats?
Comment les interpréter avec justesse sans tomber dans certains pièges?
Une étude menée par l'Université de Pennsylvanie en 2023 a révélé que 78% des personnes utilisant des modèles de personnalité comme l'Ennéagramme tendent à sur-interpréter leurs résultats et à se conformer inconsciemment aux descriptions fournies.
Ce phénomène, appelé "effet Barnum", nous amène souvent à accepter des descriptions vagues comme étant spécifiquement adaptées à notre cas personnel.
Dans cet article, nous allons explorer les quatre erreurs les plus courantes que nous commettons lorsque nous tentons d'interpréter les résultats de l'Ennéagramme, et comment éviter ces écueils pour une meilleure connaissance de soi.
Sommaire





Qu'est-ce que réellement l'Ennéagramme et ses limites dans la connaissance de soi
L'Ennéagramme n'est pas simplement un test de personnalité comme les autres. Contrairement à ce que beaucoup pensent, il s'agit d'un système ancien de compréhension humaine, représenté par un symbole à neuf points, chacun correspondant à un type de personnalité distinct avec ses propres motivations, peurs et désirs.
Ce modèle offre une cartographie intéressante de nos tendances comportementales dominantes. Il nous permet d'identifier certains schémas récurrents dans notre manière d'appréhender le monde. Cependant, il présente aussi des limites fondamentales qu'il convient de reconnaître.
D'après les recherches du Dr. David Daniels, psychiatre clinicien à l'Université de Stanford et expert de l'Ennéagramme, ce modèle permet d'identifier nos tendances comportementales et certains aspects de notre personnalité, mais ne peut prétendre capturer la complexité totale de notre identité profonde.
L'Ennéagramme nous propose une grille de lecture intéressante, mais celle-ci reste par définition réductrice face à la richesse et la complexité de notre être. Imaginez que vous tentiez de décrire l'océan uniquement par sa température et sa couleur - vous obtiendriez certaines informations utiles, mais manqueriez l'essentiel de sa profondeur, de ses courants et de sa vie intérieure.
De même, l'Ennéagramme peut nous aider à identifier certaines tendances comportementales, mais ne peut prétendre révéler ce qui fait notre singularité la plus profonde, cette zone de génie unique qui nous distingue de tout autre être humain.
L'erreur de se laisser enfermer dans une case prédéfinie
"Je suis un type 1, donc je suis perfectionniste." "En tant que type 4, je suis naturellement plus créatif que les autres." Reconnaissez-vous ce genre d'affirmations?
L'une des erreurs les plus courantes consiste à considérer notre type d'Ennéagramme comme une identité figée, comme si nous venions de découvrir notre véritable essence. Mais est-ce vraiment le cas?
Considérons l'exemple de Marie Curie. Si nous l'avions soumise à un test d'Ennéagramme, elle aurait probablement été identifiée comme un type 5 (l'observateur). Pourtant, réduire son génie unique à cette classification aurait été une erreur fondamentale. Ce qui a fait la singularité de Marie Curie dépasse largement le cadre d'une typologie prédéfinie - c'était sa manière spécifique d'observer le monde, de formuler des hypothèses et de persévérer dans ses recherches malgré les obstacles.
Lorsque nous nous identifions trop fortement à notre type d'Ennéagramme, nous risquons de limiter notre perception de qui nous sommes vraiment. Nous commençons à interpréter nos comportements à travers ce prisme restrictif, validant inconsciemment les descriptions associées à notre type et ignorant les aspects de notre personnalité qui ne correspondent pas au modèle.
Cette identification excessive peut également nous amener à rationaliser nos comportements problématiques. "Je ne peux pas m'empêcher d'être méfiant, c'est normal, je suis un type 6!" Ce genre de raisonnement nous détourne de la responsabilité personnelle et de la possibilité d'évolution.
La vraie question n'est pas tant "Quel est mon type?" mais plutôt "Comment puis-je transcender les limitations de toute catégorisation pour découvrir ma singularité irréductible?"
Pour éviter ce piège, considérez votre type d'Ennéagramme comme un point de départ pour l'exploration, et non comme une destination finale. Utilisez-le comme une lentille parmi d'autres pour observer certaines tendances, mais résistez à la tentation de vous y identifier complètement.
La confusion entre traits dominants et excellence naturelle
Une autre erreur fréquente consiste à confondre nos traits de personnalité dominants, tels qu'identifiés par l'Ennéagramme, avec notre zone de génie naturelle.
L'Ennéagramme nous révèle avant tout nos tendances comportementales récurrentes - ce qui est visible et manifeste dans notre façon d'être. Mais ces traits dominants ne constituent pas nécessairement notre excellence innée, cette manière unique d'agir dans laquelle nous excellons naturellement.
Prenons l'exemple de Vincent van Gogh. L'Ennéagramme l'aurait probablement classé comme un type 4 (l'individualiste) en raison de sa sensibilité émotionnelle et de sa quête d'authenticité. Cependant, ce qui faisait sa véritable unicité n'était pas simplement sa sensibilité, mais sa façon particulière de percevoir et de traduire la lumière et le mouvement sur la toile - une capacité qui transcende largement toute classification de personnalité.
Nos traits dominants peuvent sembler être notre "signature", mais ils masquent souvent notre excellence naturelle plus profonde. Nos comportements les plus visibles sont souvent des adaptations que nous avons développées pour naviguer dans notre environnement, et non le reflet de notre génie intrinsèque.
Comment distinguer les deux? L'excellence naturelle se manifeste généralement dans des actions qui nous semblent tellement évidentes que nous avons tendance à les banaliser. "Ce n'est rien, tout le monde peut faire ça", pensons-nous. Or, c'est précisément dans ces moments de facilité déconcertante que se cache souvent notre zone de génie unique.
Pour éviter cette confusion, essayez de porter attention aux moments où vous réalisez des choses avec une fluidité remarquable, sans effort apparent, et avec un résultat qui surprend positivement votre entourage. Ces instants révèlent souvent bien plus sur votre excellence naturelle que n'importe quel type d'Ennéagramme.
Négliger la dimension évolutive et contextuelle de notre personnalité
Une troisième erreur consiste à considérer notre personnalité comme quelque chose de figé, alors qu'elle est fondamentalement dynamique et contextuelle.
L'Ennéagramme, par sa structure même, nous présente une image relativement statique de qui nous sommes. Or, notre identité évolue constamment au fil de nos expériences et s'exprime différemment selon les contextes.
Avez-vous déjà remarqué comment certains environnements semblent faire ressortir le meilleur de vous-même, tandis que d'autres vous laissent avec l'impression de ne pas être à votre place? Cette variation n'est pas un hasard.
Prenons l'exemple de Nelson Mandela. Durant sa vie, il a manifesté les caractéristiques de plusieurs types d'Ennéagramme selon les circonstances: la détermination du type 8 pendant sa lutte contre l'apartheid, la sagesse pacifique du type 9 lors de la réconciliation nationale. Réduire sa complexité à un type unique aurait été une erreur fondamentale.
Notre excellence naturelle s'exprime de manière optimale dans certains contextes spécifiques - ce que nous pourrions appeler nos "contextes déclencheurs". Identifier ces contextes est souvent plus révélateur que de chercher à définir notre type de personnalité.
Pour dépasser cette limitation, considérez votre personnalité comme un instrument de musique. Selon les contextes, différentes cordes résonnent. L'enjeu n'est pas tant de savoir quel instrument vous êtes, mais plutôt de comprendre quels environnements vous permettent de jouer votre plus belle mélodie.
Surestimer la portée des résultats sans démarche d'introspection approfondie
La quatrième erreur, peut-être la plus fondamentale, consiste à croire qu'un simple test auto-administré peut nous révéler les profondeurs de notre être.
Les questionnaires d'Ennéagramme, comme tous les tests de personnalité, souffrent d'un biais inhérent: nous y répondons en fonction de l'image que nous avons de nous-mêmes, et non nécessairement en fonction de qui nous sommes réellement. Cette image est souvent influencée par nos conditionnements, nos mécanismes de défense et notre besoin d'approbation sociale.
De plus, ces tests ne peuvent accéder à notre inconscient, là où résident souvent nos mécanismes les plus authentiques et notre excellence naturelle. Comme le disait Carl Jung: "Tant que l'inconscient n'est pas reconnu, il influence notre vie sans que nous sachions pourquoi ni comment."
La véritable connaissance de soi ne peut se limiter à cocher des cases dans un questionnaire. Elle nécessite une démarche d'introspection approfondie, idéalement accompagnée par un regard extérieur qualifié.
Les questions véritablement importantes sont rarement abordées dans ces tests: Qu'est-ce qui me donne le sentiment d'être pleinement vivant? Dans quelles circonstances ai-je l'impression de déployer mon plein potentiel sans effort? Quels sont les fils conducteurs invisibles qui relient mes expériences les plus significatives?
Pour dépasser cette limitation, considérez les résultats de votre test d'Ennéagramme comme une invitation à l'exploration plutôt que comme une révélation définitive. Prenez le temps d'observer vos réactions spontanées dans différentes situations, de réfléchir à vos moments d'excellence naturelle, et peut-être de solliciter le regard bienveillant d'un accompagnateur formé à une approche plus profonde et personnalisée.
Les personnes en quête de sens et de vocation ont souvent besoin d'une démarche plus approfondie que ce que peuvent offrir les modèles de typologie comme l'Ennéagramme. Elles cherchent à découvrir ce qui les rend véritablement uniques et comment mettre cette singularité au service d'un projet professionnel authentique.
C'est dans cette optique que les bilans de compétences ont évolué. Si vous envisagez cette démarche, sachez que certains bilans vont désormais au-delà de la simple identification de vos compétences et traits de personnalité. Le Bilan d'Excellence, par exemple, vous permet de découvrir votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment, sans vous enfermer dans une typologie préétablie.