
Comment gérer mes émotions ?
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La difficulté à gérer nos émotions n'est pas un simple défaut de personnalité ou un manque de contrôle passager.
Elle révèle souvent un désalignement plus profond entre notre situation actuelle et notre nature véritable.
Selon une étude publiée en 2023 dans le Journal of Personality and Social Psychology, 76% des personnes qui rapportent des difficultés émotionnelles chroniques montrent également des signes d'incertitude identitaire et professionnelle.
Cette corrélation n'est pas fortuite : nos émotions fonctionnent comme une boussole intérieure qui nous signale quand nous nous éloignons de notre chemin authentique.
Dans cet article, nous explorerons les causes profondes de nos difficultés émotionnelles, au-delà des explications superficielles habituellement proposées.
Nous verrons comment notre rapport conflictuel aux émotions, notre manque de clarté identitaire et notre difficulté à trouver du sens dans nos expériences contribuent à transformer des signaux émotionnels utiles en tempêtes intérieures difficiles à naviguer.
L'émotion n'est pas notre ennemie, mais un messager porteur d'informations précieuses sur notre état intérieur. Le terme lui-même nous éclaire : "é-motion" vient de "motion" (mouvement en anglais) associé au préfixe "e" qui suggère l'extériorité. Une émotion est donc littéralement un mouvement qui part de l'intérieur pour nous mettre en action dans le monde extérieur.
Imaginez un instant l'océan et ses vagues. Les émotions fonctionnent de manière similaire : elles montent, atteignent leur apogée, puis redescendent naturellement si nous ne résistons pas à leur passage. C'est notre résistance, notre désir de contrôler ou de supprimer ce mouvement naturel, qui prolonge sa durée et intensifie son impact.
Le neurologue Antonio Damasio a démontré dans ses recherches que les personnes ayant subi des lésions dans les zones cérébrales liées aux émotions perdaient leur capacité à prendre des décisions rationnelles. Loin d'être des parasites qui perturbent notre jugement, les émotions sont donc des collaboratrices essentielles de notre intelligence.
"La peur est la sagesse face au danger", écrivait Proverbe. De même, la colère nous alerte qu'une limite importante a été franchie, et la tristesse nous permet d'accepter les pertes nécessaires à notre évolution. Le corps, dans sa sagesse innée, utilise ces signaux pour maintenir notre structure physique et psychique en équilibre.
Pourquoi luttons-nous si souvent contre nos propres émotions ? Notre société valorise le contrôle et la maîtrise de soi, tout en stigmatisant l'expression émotionnelle comme une forme de faiblesse. Dès l'enfance, nous apprenons à supprimer certaines émotions jugées "négatives" ou "inappropriées".
"Ne pleure pas, ce n'est rien", "Calme-toi, tu exagères", "Ne te mets pas en colère pour si peu" - ces phrases apparemment anodines nous enseignent progressivement à nous méfier de nos ressentis et à les considérer comme des ennemis à combattre plutôt que comme des messagers à écouter.
Cette lutte interne crée un cercle vicieux. Avez-vous déjà remarqué que plus vous essayez de ne pas penser à quelque chose, plus cette pensée devient obsédante ? Les émotions fonctionnent de façon similaire : plus nous résistons à leur présence, plus elles persistent et s'intensifient.
Prenons l'exemple d'Anna, directrice marketing qui a toujours refoulé sa colère de peur de paraître "émotive" et peu professionnelle. Après des années de répression, elle a commencé à souffrir de migraines chroniques et d'hypertension. Son corps exprimait physiquement ce que sa conscience refusait d'accueillir. C'est seulement en apprenant à reconnaître et accepter sa colère comme un signal légitime qu'elle a pu retrouver un équilibre physique et émotionnel.
Nos difficultés émotionnelles s'intensifient considérablement durant les périodes d'incertitude identitaire. Avez-vous remarqué que vos émotions sont plus difficiles à gérer lorsque vous traversez une reconversion professionnelle, un questionnement existentiel ou une période de transition majeure ?
Cette corrélation n'est pas accidentelle. Sans boussole intérieure claire, nous devenons plus vulnérables aux influences extérieures et nos émotions s'amplifient comme pour nous alerter d'un désalignement fondamental.
Comparons notre identité à une maison. Lorsque ses fondations sont solides, elle peut résister aux intempéries. Mais si ces fondations sont fragilisées ou incertaines, le moindre vent devient une menace. De même, sans clarté sur notre nature profonde, nos talents singuliers et notre vocation, nos émotions deviennent des tempêtes difficiles à traverser.
Le philosophe Martin Heidegger parlait de l'angoisse comme d'un signal nous indiquant que nous sommes déconnectés de notre "Dasein", notre être authentique. De même, nos difficultés émotionnelles peuvent être interprétées comme des alertes nous signalant que nous nous sommes éloignés de notre nature véritable.
Quand nous ignorons ce qui nous rend unique, quand nous ne reconnaissons pas nos talents naturels et nos aspirations profondes, nous nous privons d'une ancre essentielle. Nos émotions, plutôt que de servir de guides précis sur notre chemin, deviennent alors des signaux brouillés et difficiles à interpréter.
Une autre raison de nos difficultés émotionnelles réside dans la confusion fréquente entre l'émotion elle-même et les actions qu'elle peut déclencher. L'émotion est neutre en soi, comme une énergie brute ; ce sont les conséquences de nos actes guidés par cette énergie qui peuvent être problématiques.
Prenons l'exemple de Nelson Mandela qui, malgré une colère légitime face à l'injustice de l'apartheid, a su transformer cette énergie émotionnelle en force de changement constructif plutôt qu'en violence destructrice. Ce n'est pas l'absence d'émotions fortes qui l'a rendu remarquable, mais sa capacité à les canaliser vers une action alignée avec ses valeurs profondes.
Cette distinction est cruciale : lorsque nous ressentons de la colère face à une injustice, l'émotion nous signale qu'une valeur importante pour nous a été bafouée. Cette information est précieuse ! C'est notre réaction – frapper, insulter ou au contraire dialoguer, établir des limites claires – qui déterminera si cette émotion nous sert ou nous dessert.
Avez-vous déjà remarqué comment, après avoir exprimé une émotion forte de manière constructive, vous ressentez souvent un soulagement profond ? Ce n'est pas en supprimant l'émotion que nous trouvons l'apaisement, mais en l'honorant tout en choisissant consciemment notre façon d'y répondre.
La gestion émotionnelle peut s'aborder par deux voies principales : celle du corps (respiration, mouvement, relaxation) et celle de l'esprit. Cette seconde voie, bien que plus exigeante, offre des résultats plus profonds et durables car elle touche à la racine même de nos réactions émotionnelles.
Cette approche consiste en ce que nous appelons "la remontée en signification" – un processus par lequel nous transformons l'expérience émotionnelle brute en opportunité d'apprentissage et d'évolution personnelle.
Face à une émotion intense, posez-vous cette question essentielle : "En quoi ce que je vis de difficile et désagréable fait sens dans ma vie ?" Cette interrogation change notre perspective : l'émotion n'est plus un obstacle à éliminer mais un message à décoder.
Viktor Frankl, psychiatre et survivant des camps de concentration nazis, a développé toute une approche thérapeutique – la logothérapie – basée sur cette recherche de sens. Il observait que ceux qui parvenaient à trouver une signification même dans les situations les plus terribles montraient une résilience émotionnelle remarquable.
Dans notre quotidien, cette recherche de sens peut prendre des formes plus modestes mais tout aussi puissantes. Par exemple, une frustration récurrente au travail peut nous révéler que nous aspirons à plus d'autonomie ou de créativité. La tristesse après une rupture peut nous connecter à l'importance que nous accordons aux relations authentiques. Sans cette dimension de signification, nos émotions restent des expériences isolées et potentiellement écrasantes, plutôt que des éléments intégrés dans la narration cohérente de notre vie.
Une des causes les plus méconnues de nos difficultés émotionnelles réside dans le fait que nous ignorons souvent nos talents naturels et notre manière unique d'interagir avec le monde. Chacun de nous possède une façon d'être et d'agir qui lui est propre, forgée par nos expériences de vie, particulièrement durant l'enfance.
Lorsque nous évoluons dans un environnement qui ne permet pas l'expression de cette singularité, nos émotions se manifestent comme des signaux d'alarme. Avez-vous déjà ressenti un malaise persistant dans certains contextes professionnels, sans pouvoir l'expliquer rationnellement ? Ce malaise n'est pas un caprice ou une faiblesse – c'est votre corps qui vous alerte d'un désalignement profond.
Le psychologue Mihály Csíkszentmihályi décrit l'état de "flow" comme ce moment où nous sommes si complètement absorbés dans une activité que le temps semble s'arrêter. Cet état survient précisément lorsque nous sommes alignés avec notre manière naturelle d'agir et de créer. À l'inverse, lorsque nous sommes coupés de cette nature profonde, nous éprouvons frustration, ennui ou anxiété – des émotions qui, loin d'être des problèmes à résoudre, sont des invitations à nous reconnecter avec notre authenticité.
La question n'est donc pas "Comment puis-je contrôler mes émotions ?", mais plutôt "Que me révèlent mes émotions sur ce qui est vraiment important pour moi ? Sur ma manière unique d'être au monde ?"
Face à ces différentes causes de nos difficultés émotionnelles, une approche standardisée serait inadaptée. Chaque personne possède sa propre sensibilité, sa propre histoire et sa propre manière d'interagir avec le monde.
Pour évoluer vers une gestion émotionnelle plus harmonieuse, commencez par observer vos émotions avec curiosité plutôt qu'avec jugement. Quelles situations déclenchent systématiquement des réactions émotionnelles intenses chez vous ? Y a-t-il des schémas récurrents, des thèmes qui reviennent régulièrement ?
Cette exploration peut révéler des indices précieux sur votre nature profonde, vos besoins fondamentaux et votre vocation unique. Par exemple, une personne qui ressent régulièrement de la frustration face à l'injustice pourrait découvrir qu'elle porte en elle un talent naturel pour créer de l'équité et de l'harmonie dans son environnement.
Un travail d'introspection guidée peut accélérer considérablement cette prise de conscience. Les bilans de compétences traditionnels offrent une première approche, mais restent souvent en surface, se concentrant davantage sur les compétences techniques que sur votre manière unique d'interagir avec le monde.
C'est pourquoi nous avons développé le Bilan d'Excellence, qui va au-delà des approches conventionnelles grâce à la méthode MO2I (Mode Opératoire Identitaire et Itératif). Cette démarche vous permet d'identifier précisément cette zone de génie unique dans laquelle vous excellez de façon totalement naturelle et inconsciente, sans vous enfermer dans des cases prédéfinies.
Nos difficultés émotionnelles, plutôt que des obstacles, peuvent devenir nos plus précieux guides vers une vie alignée avec notre nature profonde. En développant une relation plus consciente et bienveillante avec nos émotions, nous transformons ces tempêtes intérieures en boussoles fiables.
Cette transformation ne consiste pas à maîtriser ou contrôler nos ressentis, mais à les accueillir comme des messagers porteurs d'une sagesse que notre mental seul ne pourrait atteindre. Nos émotions sont comme des vagues sur l'océan de notre conscience – leur mouvement fait partie intégrante de notre humanité.
La prochaine fois que vous vous sentirez submergé par une émotion intense, rappelez-vous qu'elle contient peut-être l'indice d'un alignement plus profond avec votre véritable nature, votre vocation unique et votre juste place dans le monde.