



4 erreurs à éviter lorsqu'on tente d'expérimenter


Dans un parcours de reconversion professionnelle, l'expérimentation représente souvent cette étape cruciale où nous testons concrètement nos aspirations.
Pourtant, cette démarche est rarement abordée avec la rigueur qu'elle mérite.
Selon une étude de l'Institut Gallup publiée en 2023, 67% des personnes en reconversion professionnelle déclarent avoir effectué des expérimentations de carrière avant leur transition, mais seules 23% affirment l'avoir fait de manière structurée et méthodique.
La question se pose alors : comment expérimenter efficacement sans tourner en rond ?
Comment s'assurer que chaque test effectué nous rapproche réellement de notre vocation plutôt que de nous éloigner de notre chemin ?
Dans cet article, nous explorerons les quatre erreurs majeures à éviter lorsque nous tentons d'expérimenter dans notre quête professionnelle, et comment transformer cette phase essentielle en véritable révélateur de notre singularité.
Sommaire







Qu'est-ce que réellement l'expérimentation dans une démarche de reconversion ?
L'expérimentation va bien au-delà de la simple multiplication des expériences professionnelles. Contrairement à une idée répandue, expérimenter ne signifie pas seulement "essayer différents métiers" jusqu'à trouver celui qui nous convient.
L'expérimentation authentique est un processus conscient qui vise à mettre notre corps et notre esprit en situation réelle pour observer nos réactions naturelles. Elle représente l'art de se placer dans différents contextes pour révéler nos aptitudes naturelles et nos blocages inconscients.
Les neurosciences nous enseignent que notre cerveau traite l'information de manière très différente selon que nous sommes dans une situation théorique ou pratique. Le professeur Antonio Damasio, neurobiologiste reconnu, a démontré à travers ses recherches que nos décisions sont fondamentalement guidées par nos "marqueurs somatiques" - ces sensations corporelles qui précèdent notre réflexion consciente.
Dans une démarche de reconversion, ces signaux corporels constituent des indicateurs précieux que notre mental, souvent submergé par l'analyse et les doutes, tend à ignorer. Une expérimentation bien menée devient ainsi un dialogue entre notre corps et notre esprit, nous permettant de détecter ce qui nous anime véritablement.
Erreur n°1 : Expérimenter sans intention claire
La première erreur, et probablement la plus répandue, consiste à se lancer dans l'expérimentation sans avoir défini au préalable ce que nous cherchons à découvrir sur nous-mêmes.
Imaginez un instant Marie, 42 ans, cadre en marketing qui s'ennuie dans son travail. Poussée par l'envie de changement, elle décide de tester différentes activités : elle s'inscrit à un atelier de pâtisserie, participe à un hackathon, et suit un cours de théâtre. Mais après plusieurs mois d'essais variés, Marie se retrouve aussi perdue qu'avant, incapable d'identifier un fil conducteur dans ses expériences.
Que lui a-t-il manqué ? Une intention claire. Sans objectif d'observation défini, l'esprit ne sait pas sur quoi porter son attention. L'expérimentation devient alors une simple accumulation d'activités sans cohérence ni enseignement profond.
Pour définir une intention claire, posez-vous ces questions avant chaque nouvelle expérience :
- Quels aspects de moi-même est-ce que je cherche à observer dans cette situation ?
- Quelles compétences ou aptitudes souhaiterais-je voir s'exprimer naturellement ?
- Quel type de contexte ou d'environnement suis-je curieux d'explorer ?
Cette intention ne doit pas être confondue avec une attente de résultat. Il ne s'agit pas de déterminer à l'avance ce que vous allez aimer ou réussir, mais de définir le cadre d'observation qui vous permettra de recueillir des informations pertinentes sur vous-même.
Erreur n°2 : Négliger les signaux corporels pendant l'expérimentation
Notre corps est un indicateur beaucoup plus fiable que notre mental quand il s'agit de déterminer ce qui nous convient profondément. Pourtant, dans une société qui valorise avant tout la réflexion intellectuelle, nous avons tendance à ignorer ces signaux essentiels.
Lors d'une expérimentation, votre corps vous parle constamment. La sensation d'énergie qui monte lorsque vous abordez certains sujets, la détente musculaire que vous ressentez dans certains environnements, ou au contraire la tension qui s'installe dans vos épaules face à certaines tâches - tous ces signaux sont des informations cruciales.
Prenons l'exemple de Thomas, ancien juriste en quête de reconversion. Intellectuellement, l'idée de devenir consultant l'attirait pour son statut et sa rémunération. Mais lors d'une journée d'immersion, il a remarqué une fatigue intense et des maux de tête persistants. En revanche, lorsqu'il a participé à un atelier de médiation de conflits, il a constaté une étrange sensation de fluidité et d'aisance, comme si son corps se détendait naturellement malgré la complexité des situations.
Cette communication corporelle nous révèle souvent nos véritables affinités, au-delà des idées préconçues que nous pouvons avoir sur ce qui devrait nous convenir. Pour ne pas négliger ces signaux précieux :
- Prenez l'habitude de faire des "scans corporels" pendant vos expériences, en observant votre niveau d'énergie, de tension ou de détente
- Notez les moments où vous perdez la notion du temps, signe que vous êtes dans un état de flow
- Prêtez attention aux sensations physiques qui apparaissent face à certaines situations ou personnes
Erreur n°3 : Ne pas documenter ses expériences
La mémoire est trompeuse. Sans documentation rigoureuse, nos perceptions se modifient avec le temps et nous perdons les précieuses informations recueillies lors de nos expérimentations.
Léonard de Vinci, figure emblématique de la Renaissance, consacrait une part importante de son temps à documenter méticuleusement ses observations, expériences et réflexions. Dans ses célèbres carnets, il notait non seulement les faits, mais aussi ses réactions personnelles, ses questionnements et ses insights. Cette pratique lui a permis de tisser des liens entre des domaines apparemment sans rapport et de développer sa singularité créative.
De la même manière, la documentation de vos expériences professionnelles constitue un matériau inestimable pour découvrir votre vocation. Il ne s'agit pas simplement de lister ce que vous avez fait, mais de capturer ce que vous avez ressenti, les moments où vous avez excellé naturellement, et les contextes qui ont révélé votre meilleur potentiel.
Voici quelques éléments essentiels à documenter après chaque expérimentation :
- Votre niveau d'énergie avant, pendant et après l'expérience
- Les moments où vous avez ressenti de la fluidité ou de la résistance
- Les compétences que vous avez mobilisées sans effort particulier
- Les circonstances précises qui ont suscité votre enthousiasme ou votre malaise
Cette documentation devient progressivement une cartographie de votre singularité, révélant des patterns que votre conscience n'aurait pas détectés autrement. Comme l'exprime si justement le philosophe Søren Kierkegaard : "La vie ne peut être comprise qu'en regardant en arrière, mais elle doit être vécue en regardant vers l'avant."
Erreur n°4 : Confondre expérimentation et validation externe
Dans notre quête professionnelle, nous tombons souvent dans le piège de chercher constamment l'approbation des autres plutôt que d'écouter notre propre ressenti.
Cette erreur est particulièrement insidieuse car elle se déguise en démarche rationnelle. "Je veux vérifier si j'ai les compétences requises", "Je cherche à savoir si je suis fait pour ce domaine" - ces formulations apparemment sensées cachent souvent une dépendance excessive à la validation externe.
L'écrivain et philosophe Ralph Waldo Emerson nous mettait déjà en garde contre ce piège au XIXe siècle : "Ne vous perdez pas dans l'opinion des autres, car c'est ce qui crée la distraction et le découragement."
L'expérimentation authentique vise à révéler ce qui émerge naturellement de vous dans différents contextes, et non à obtenir l'approbation d'autrui. Votre valeur intrinsèque n'est pas déterminée par l'évaluation externe de vos performances, mais par la congruence entre vos actions et votre nature profonde.
Pour éviter cette confusion, adoptez ces perspectives :
- Considérez les retours externes comme des informations complémentaires, mais jamais comme le critère principal
- Observez si vous cherchez à impressionner ou si vous agissez simplement en congruence avec vous-même
- Notez les situations où vous vous sentez légitimes sans avoir besoin de reconnaissance extérieure
Cette distinction est fondamentale : l'expérimentation vise à révéler votre singularité, pas à la faire valider par les autres.
Comment structurer efficacement sa démarche d'expérimentation
Pour transformer l'expérimentation en véritable révélateur de votre vocation, une structure méthodique s'impose. Il ne s'agit pas de suivre un protocole rigide, mais d'adopter une démarche qui maximise la qualité des informations recueillies.
Premièrement, accordez une attention particulière à la préparation mentale avant chaque expérience. Prenez quelques minutes pour clarifier votre intention et créer un espace d'observation neutre. Cette étape préliminaire conditionne la qualité de vos perceptions pendant l'expérimentation.
Deuxièmement, variez les contextes plutôt que les activités. Par exemple, si vous explorez le domaine de l'enseignement, testez différents environnements (école privée, publique, association, cours particuliers) plutôt que de multiplier les domaines d'enseignement. Cette approche vous permet d'identifier les environnements qui catalysent votre potentiel naturel.
Troisièmement, intégrez des périodes de réflexion entre vos expérimentations. Le sens émerge souvent dans ces espaces intermédiaires, lorsque votre esprit peut établir des connexions entre diverses expériences. Comme le suggère le neuroscientifique David Eagleman, "le cerveau a besoin de temps d'intégration pour transformer l'expérience en apprentissage durable."
Face à la complexité du monde professionnel et à l'importance des enjeux personnels, un accompagnement structuré peut s'avérer précieux. Le bilan de compétences traditionnel offre un cadre pour explorer vos aptitudes professionnelles, mais ses outils standardisés peuvent parfois manquer de précision pour révéler votre singularité profonde.
C'est pourquoi nous avons développé le Bilan d'Excellence, une démarche qui va au-delà des approches conventionnelles en identifiant cette zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment. Plutôt que de vous enfermer dans des catégories préétablies, cette méthode révèle votre mode d'action singulier, comparable à une empreinte digitale professionnelle.
Transformer l'expérimentation en révélation
L'expérimentation, lorsqu'elle est menée avec conscience et méthode, devient bien plus qu'une simple étape de votre reconversion. Elle se transforme en un processus de révélation de votre nature profonde et de votre contribution unique au monde.
Chaque expérience devient alors une opportunité de dialogue avec vous-même, une invitation à observer ce qui émerge naturellement de vous dans différents contextes. Cette approche vous libère progressivement des attentes externes et des idées préconçues sur ce que vous "devriez" faire.
En évitant les quatre erreurs majeures que nous avons explorées, vous transformez votre quête professionnelle en une aventure de découverte personnelle authentique. Vous ne cherchez plus simplement un métier qui vous convient, mais vous révélez la manière unique dont vous pouvez déployer vos talents naturels au service d'une contribution qui vous ressemble vraiment.
L'enjeu va bien au-delà de la simple satisfaction professionnelle. Il touche à votre épanouissement global et à votre sentiment d'alignement avec ce que vous êtes profondément. Car en définitive, la question n'est peut-être pas tant "quel métier est fait pour moi ?" mais plutôt "comment puis-je exprimer ma singularité à travers mon activité professionnelle ?"