
Les inconvénients du modèle MBTI
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Dans notre quête perpétuelle de connaissance de soi, nous cherchons souvent des outils qui nous aident à mieux nous comprendre. Parmi ces outils, le MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) s'est imposé comme l'une des références mondiales en matière de test de personnalité. Selon une étude publiée dans le Journal of Psychological Assessment, plus de 2 millions de personnes passent ce test chaque année, et environ 89% des entreprises du Fortune 100 l'utilisent pour la gestion de leurs talents.
Mais pourquoi cet outil continue-t-il de séduire aussi bien les particuliers en quête de sens que les professionnels des ressources humaines? Quels sont ses véritables avantages et comment peut-il nous aider dans notre recherche de clarté intérieure? Dans cet article, nous explorerons les bénéfices tangibles que le MBTI peut apporter, tout en reconnaissant les nuances importantes à considérer pour une utilisation optimale.
Contrairement à l'idée reçue qui présente le MBTI comme un simple test destiné à nous étiqueter, cet outil développé par Isabel Briggs Myers et sa mère Katharine Cook Briggs s'appuie sur les théories du psychiatre Carl Jung pour proposer une lecture structurée de nos préférences psychologiques.
Le MBTI repose sur quatre dimensions fondamentales qui, combinées, définissent 16 types de personnalité distincts:
Chaque personne se voit attribuer un code de quatre lettres (comme INFJ ou ESTP) qui représente ses préférences naturelles dans ces quatre dimensions. L'université de Floride a mené une recherche longitudinale montrant que 72% des participants conservaient le même type MBTI après cinq ans, suggérant une certaine stabilité dans ces préférences psychologiques.
Cette catégorisation, bien que simplificatrice par nature, offre un premier langage pour décrire des différences individuelles souvent difficiles à articuler. Elle nous permet de nommer des tendances que nous ressentons intuitivement mais que nous peinons parfois à exprimer.
Nous traversons tous des périodes où le doute s'installe, où la direction à prendre semble obscurcie par un brouillard intérieur tenace. C'est particulièrement vrai lors des moments de remise en question professionnelle. Dans ces instants de flottement, le MBTI agit comme une première boussole.
Imaginez Marie, 42 ans, cadre dans la finance depuis quinze ans. Après un burnout, elle ne se reconnaît plus dans son métier mais ignore vers quoi se diriger. Le MBTI lui révèle un profil INFP (Introverti, Intuitif, Sentiment, Perception), caractérisé par un besoin d'alignement avec des valeurs personnelles et un désir de contribuer au bien-être d'autrui. Cette information, sans être révolutionnaire, lui permet de mettre des mots sur son malaise dans un secteur où la performance financière prime souvent sur l'humain.
Cette clarification initiale remplit plusieurs fonctions essentielles:
Le neurologue Antonio Damasio a démontré que sans émotions pour guider nos décisions, nous devenons incapables de faire des choix, même simples. Le MBTI nous aide à reconnecter avec nos préférences émotionnelles et cognitives profondes, offrant ainsi un premier niveau de clarté indispensable.
Au-delà de l'exploration personnelle, le MBTI déploie sa puissance dans la compréhension des interactions professionnelles. Dans un monde du travail où la collaboration est devenue cruciale, la capacité à comprendre et à naviguer entre différents styles de communication représente un avantage considérable.
Prenons l'exemple d'une réunion d'équipe classique. Un membre ESTJ (Extraverti, Sensation, Pensée, Jugement) pourrait s'impatienter face aux digressions conceptuelles d'un collègue ENFP (Extraverti, Intuitif, Sentiment, Perception), tandis qu'un INTJ (Introverti, Intuitif, Pensée, Jugement) pourrait s'irriter du temps passé sur les détails pratiques qui passionnent un ISFJ (Introverti, Sensation, Sentiment, Jugement).
Sans compréhension de ces différences fondamentales, ces frictions sont souvent interprétées comme des défauts personnels: "Il est trop pointilleux", "Elle est toujours dans la lune", "Il manque de rigueur", "Elle ne voit pas la forêt derrière l'arbre". Le MBTI transforme ces jugements en observations neutres: "Il a une préférence pour les détails concrets", "Elle privilégie la vision globale", "Il apprécie la flexibilité", "Elle valorise la structure".
Cette requalification des différences constitue un puissant levier de tolérance et d'efficacité collective. Une étude menée par le Center for Applications of Psychological Type a révélé que les équipes formées à la compréhension des types MBTI rapportaient une amélioration de 30% dans leur communication et une réduction de 25% des conflits interpersonnels.
Si le MBTI nous aide à cartographier nos grandes tendances, une question fondamentale demeure : est-ce suffisant pour découvrir notre singularité profonde ? Pour y répondre, nous devons comprendre la différence entre préférences générales et singularité individuelle.
Leonard de Vinci, souvent décrit comme un polymathe aux multiples talents, pourrait probablement être classé comme INTP (Introverti, Intuitif, Pensée, Perception) selon le MBTI - type associé aux innovateurs conceptuels. Mais cette catégorisation, bien que pertinente, n'explique pas pourquoi sa façon spécifique d'observer et d'interconnecter les phénomènes naturels était si unique. Des milliers d'INTP ont existé sans produire l'œuvre de De Vinci.
Cette limitation du MBTI s'explique par sa nature même. En répartissant l'humanité en 16 types, il ne peut qu'identifier des traits généraux partagés par des millions de personnes. Or, notre véritable singularité se situe à un niveau bien plus profond et nuancé.
Pensez à votre propre expérience : combien de fois avez-vous rencontré quelqu'un partageant votre type MBTI mais fonctionnant de manière radicalement différente de vous ? Cette observation nous révèle que notre unicité dépasse largement le cadre des préférences psychologiques générales.
Notre expérience montre que chaque individu possède une façon d'agir totalement unique, façonnée par ses expériences spécifiques, particulièrement celles vécues entre 0 et 16 ans. Cette manière d'interagir avec le monde est comparable à une empreinte digitale - impossible à répliquer et profondément personnelle.
L'un des usages les plus répandus du MBTI concerne l'orientation professionnelle. De nombreux guides proposent des listes de métiers "idéaux" pour chaque type. Un ENFJ (Extraverti, Intuitif, Sentiment, Jugement) se verra ainsi suggérer des carrières dans l'enseignement ou le conseil, tandis qu'un ISTP (Introverti, Sensation, Pensée, Perception) sera orienté vers des métiers techniques ou d'action.
Cette approche, séduisante par sa simplicité, comporte un risque substantiel : celui de confondre nos préférences conscientes avec notre vocation profonde.
Thomas, ingénieur de 37 ans au profil INTJ (Introverti, Intuitif, Pensée, Jugement), illustre parfaitement ce paradoxe. Attiré vers l'ingénierie conformément aux recommandations classiques pour son type, il a construit une carrière solide mais sans réelle passion. C'est en explorant plus profondément son histoire personnelle qu'il a découvert que sa véritable zone de génie résidait dans sa capacité unique à structurer l'information complexe pour la rendre accessible - talent développé durant son enfance pour aider sa sœur dyslexique. Cette découverte l'a finalement conduit vers la vulgarisation scientifique, domaine où il ressent désormais une fluidité et un accomplissement jamais éprouvés auparavant.
Cette distinction est cruciale : nos préférences typologiques (extraversion/introversion, etc.) nous indiquent comment nous aimons travailler, mais pas nécessairement dans quel domaine nous excellons naturellement. Or, c'est précisément au croisement de ces deux dimensions que se trouve notre véritable alignement professionnel.
Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, à travers sa théorie du "flow" (cet état optimal où nous sommes complètement absorbés par une activité), souligne que notre plus grand épanouissement survient lorsque nous mobilisons nos talents naturels dans des activités qui nous stimulent. Le MBTI peut nous aider à comprendre comment nous préférons être stimulés, mais il ne révèle pas nécessairement nos talents naturels les plus singuliers.
Imaginez un instant que vous soyez un instrument de musique unique. Le MBTI pourrait vous dire si vous appartenez à la famille des cordes, des vents ou des percussions. Cette information est utile, mais elle ne vous révèle pas votre sonorité spécifique, cette vibration particulière qui fait que, parmi tous les violons du monde, vous êtes le seul à produire exactement ce son.
Pour atteindre ce niveau de connaissance de soi, nous devons explorer des dimensions que les typologies ne peuvent capturer :
Le neurologue David Eagleman a démontré que plus de 95% de notre activité cérébrale se déroule au niveau inconscient. C'est précisément dans cette part immergée que réside notre génie singulier, cette façon d'agir si naturelle que nous n'en avons même pas conscience.
Accéder à cette connaissance profonde requiert généralement un regard extérieur bienveillant, capable de repérer ces schémas d'excellence que nous ne voyons pas nous-mêmes. C'est comme si nous portions des lunettes depuis la naissance : nous ne les remarquons plus, alors même qu'elles colorent toute notre perception du monde.
Face aux limitations des approches typologiques, nombreux sont ceux qui ressentent le besoin d'un accompagnement plus personnalisé pour découvrir leur singularité profonde. Ce besoin légitime appelle une réponse adaptée.
L'enjeu n'est pas de rejeter les outils comme le MBTI, mais de les compléter par une exploration plus profonde de ce qui fait votre unicité irréductible. Cette démarche est particulièrement cruciale lors des moments de transition professionnelle, où les décisions prises influenceront profondément votre qualité de vie future.
Pour accéder à cette connaissance plus fine de vous-même, plusieurs approches peuvent être envisagées :
Cette exploration peut être menée seul, mais l'expérience montre qu'un regard extérieur formé à détecter ces schémas d'excellence accélère considérablement le processus. C'est pourquoi les bilans de compétences traditionnels évoluent aujourd'hui vers des approches plus individualisées.
Le Bilan d'Excellence que nous proposons va précisément dans cette direction, en utilisant la méthode MO2I (Mode Opératoire Identitaire et Itératif) pour identifier votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment, sans vous enfermer dans une typologie préétablie.