
Comment interpréter les résultats du test MBTI
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Dans notre parcours de reconversion professionnelle, nous cherchons souvent des repères fiables pour nous orienter vers la bonne direction. Le test MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) figure parmi les outils les plus populaires, utilisé par plus de 2 millions de personnes chaque année aux États-Unis selon l'American Psychological Association. Cependant, sa pertinence dépend étroitement de notre capacité à interpréter ses résultats avec nuance et profondeur.
Bien plus qu'un simple code à quatre lettres, ce test peut devenir un véritable allié dans votre démarche de reconversion à condition de dépasser sa lecture superficielle. Nous allons explorer ensemble pourquoi maîtriser l'art d'interpréter le MBTI vous permettra d'éviter les écueils d'une catégorisation réductrice, tout en transformant cet outil en levier précieux pour votre quête d'identité professionnelle authentique.
Le test MBTI n'est pas un outil de prédiction infaillible de votre personnalité, mais plutôt un indicateur de vos préférences cognitives. Créé dans les années 1940 par Isabel Briggs Myers et Katharine Cook Briggs sur la base des théories de Carl Jung, ce test catégorise les individus en 16 types de personnalité à travers quatre dimensions : l'extraversion (E) ou l'introversion (I), l'intuition (N) ou la sensation (S), la pensée (T) ou le sentiment (F), et le jugement (J) ou la perception (P).
Une étude publiée en 2019 dans le Journal of Personality and Social Psychology révèle que la fiabilité test-retest du MBTI n'est que de 50% sur une période de cinq semaines. Concrètement, cela signifie qu'une personne sur deux obtient un type différent lors d'un second test. Mozart, par exemple, pourrait être catégorisé comme ENFP lors d'un premier test, reflétant son côté créatif et passionné, puis comme INFJ quelques semaines plus tard, mettant en lumière sa profondeur introspective. Cette instabilité souligne l'importance de considérer les résultats comme des tendances plutôt que comme des vérités immuables sur notre identité professionnelle.
Le MBTI fonctionne comme une boussole qui indique une direction générale, non comme un GPS qui vous dicte chaque virage de votre parcours. Sa valeur réside moins dans l'étiquette finale que dans la réflexion qu'il suscite sur vos préférences naturelles et vos modes de fonctionnement.
Imaginez Marie, qui après 15 ans dans le marketing, décide de se reconvertir. Son test MBTI la classe comme ISFJ. Rapidement, elle parcourt les "métiers recommandés" pour ce profil et s'étonne : infirmière, assistante sociale, enseignante... Rien ne l'inspire vraiment. Elle se sent plus confuse qu'avant, pensant que ses aspirations profondes sont peut-être invalides puisqu'elles ne correspondent pas à sa "personnalité officielle".
Cette situation illustre parfaitement le danger d'une interprétation superficielle. En vous limitant à une liste de métiers supposément adaptés à votre type, vous risquez d'amplifier votre confusion plutôt que de la dissiper. Le malaise ressenti provient d'une simplification excessive qui ne tient pas compte de la richesse de votre vécu, de vos aspirations uniques et de la complexité de votre identité professionnelle.
Cette approche binaire (vous êtes soit extraverti, soit introverti) ignore la réalité bien plus nuancée de l'expérience humaine. Vous pouvez parfaitement être à l'aise dans des présentations professionnelles tout en préférant recharger vos batteries dans la solitude. Votre mode de fonctionnement varie selon les contextes, les enjeux et même votre niveau d'expertise dans un domaine.
Le sentiment persistant d'indécision que beaucoup éprouvent après un test MBTI mal interprété s'explique par ce décalage entre la complexité de leur expérience vécue et la simplicité parfois caricaturale des descriptions standardisées. Ce n'est pas vous qui êtes inadapté au monde professionnel, mais bien cette interprétation réductrice qui ne rend pas justice à votre singularité.
Pour comprendre l'importance du contexte dans l'interprétation du MBTI, considérons le cas de Thomas Edison. Ce célèbre inventeur pourrait être classé comme ENTJ (le "commandant") pour sa vision stratégique et sa détermination. Pourtant, son comportement variait considérablement selon qu'il travaillait seul dans son laboratoire (où il montrait des traits introvertis typiques) ou qu'il présentait ses inventions à des investisseurs (déployant alors des compétences extraverties).
Cette dimension contextuelle explique pourquoi certaines personnes se sentent épanouies dans des métiers qui, sur le papier, ne correspondent pas à leur type MBTI. Une personne classée comme "introvertie" peut néanmoins exceller dans des situations de leadership lorsqu'elle défend des causes qui lui tiennent à cœur.
Dans votre parcours de reconversion, cette compréhension contextuelle s'avère libératrice. Au lieu de vous demander "quels métiers correspondent à mon type MBTI ?", posez-vous plutôt ces questions plus nuancées :
Cette approche vous permettra d'identifier des environnements professionnels où vos préférences constitueront des forces, sans vous limiter à une liste prédéfinie de métiers. Elle vous aidera également à anticiper les aspects d'un poste qui pourraient vous demander plus d'énergie, vous permettant ainsi d'adopter des stratégies d'adaptation spécifiques.
Au-delà du code à quatre lettres, chaque type MBTI repose sur une architecture plus complexe : une hiérarchie de fonctions cognitives qui détermine véritablement comment vous traitez l'information et prenez vos décisions. Cette couche d'analyse plus profonde explique pourquoi deux personnes partageant le même type peuvent néanmoins présenter des différences significatives.
Prenons l'exemple de deux personnes classées comme ENFP. Le code suggère qu'elles sont toutes deux extraverties, intuitives, orientées sentiment et perceptives. Pourtant, en examinant leurs fonctions cognitives, nous découvrons que la première utilise principalement son intuition extravertie (Ne) pour explorer les possibilités du monde extérieur, tandis que la seconde s'appuie davantage sur son sentiment introverti (Fi) pour aligner ses choix avec ses valeurs personnelles profondes.
Cette différence subtile mais fondamentale explique pourquoi la première pourrait s'épanouir dans l'innovation et le brainstorming créatif, tandis que la seconde excellerait dans des rôles requérant une forte cohérence avec ses convictions éthiques. Même "type" sur le papier, mais des orientations professionnelles potentiellement très différentes.
Pour tirer pleinement parti du MBTI dans votre reconversion, posez-vous ces questions révélatrices :
Ces questions vous aideront à identifier vos fonctions cognitives dominantes et à comprendre comment elles influencent votre rapport au travail. Cette connaissance approfondie vous permettra de rechercher des environnements professionnels où vous pourrez utiliser naturellement ces fonctions, réduisant ainsi les risques d'épuisement et d'insatisfaction dans votre future carrière.
"Je suis INFP, donc je ne peux pas réussir dans la finance." "En tant qu'ESTJ, je ne suis pas fait pour les métiers créatifs." Ces affirmations limitantes illustrent l'un des dangers les plus insidieux d'une mauvaise interprétation du MBTI : l'auto-limitation.
En période de reconversion, la tentation est grande de s'accrocher à ces catégorisations comme à des vérités absolues, particulièrement lorsque nous faisons face à l'incertitude. Elles deviennent parfois des prétextes pour éviter de confronter des peurs plus profondes liées au changement professionnel ou au sentiment d'illégitimité.
Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, présente des caractéristiques qu'on associerait typiquement à un profil ESTP - pragmatique, énergique, amateur de sensations fortes. Pourtant, il a excellé dans des domaines aussi variés que la musique, l'aviation et les télécommunications, défiant constamment les limites supposées de son "type".
Ce que nous révèle son parcours, c'est que nos préférences ne déterminent pas nos capacités - elles indiquent simplement ce qui nous demande plus ou moins d'énergie dans notre quotidien professionnel. Un introverti peut parfaitement diriger une équipe avec brio, même si cela lui demandera peut-être plus d'efforts conscients qu'à un extraverti naturel.
Dans votre reconversion, gardez à l'esprit que vos préférences MBTI sont des indications précieuses sur votre fonctionnement optimal, non des barrières infranchissables. Elles vous aident à comprendre où vous puiserez naturellement de l'énergie et où vous devrez peut-être en investir davantage, mais elles ne définissent pas les limites de votre potentiel.
La question n'est donc pas "Puis-je exercer ce métier avec mon type MBTI ?" mais plutôt "Comment puis-je exercer ce métier d'une manière qui respecte mes préférences naturelles tout en développant ma flexibilité ?"
Avez-vous remarqué comme certains traits de votre personnalité se sont transformés au fil des années ? Cette évolution naturelle nous rappelle une vérité fondamentale : le test MBTI offre une photographie de vos préférences à un moment donné, mais ne tient pas compte de votre capacité à évoluer et à développer de nouvelles compétences.
Carl Jung lui-même, dont les travaux ont inspiré le MBTI, soulignait que nous développons naturellement nos fonctions cognitives moins préférées au cours de notre vie. Ce phénomène, qu'il appelait "individuation", explique pourquoi une personne initialement très introvertie peut, avec l'expérience, devenir plus à l'aise dans les interactions sociales professionnelles.
Cette dynamique d'évolution a des implications profondes pour votre reconversion. Le résultat d'un test MBTI passé il y a dix ans ne reflète probablement plus avec précision qui vous êtes aujourd'hui. Les expériences que vous avez vécues, les défis que vous avez relevés, les rôles que vous avez assumés ont tous contribué à élargir votre répertoire comportemental.
Pensez à votre parcours personnel : quelles compétences avez-vous développées qui semblaient initialement en contradiction avec votre "nature" ? Peut-être étiez-vous timide mais avez appris à présenter confortablement devant un public, ou peut-être aviez-vous tendance à procrastiner mais avez développé des méthodes efficaces de gestion du temps.
Ces évolutions sont précisément ce qui rend votre reconversion si prometteuse - elle vous offre l'opportunité de mobiliser à la fois vos préférences naturelles et les compétences acquises au fil de votre vie. Votre valeur sur le marché du travail réside précisément dans cette combinaison unique de talents innés et d'aptitudes cultivées, une richesse qu'aucun code à quatre lettres ne saurait capturer pleinement.
Face aux limites que nous venons d'explorer, une question légitime se pose : comment utiliser les enseignements du MBTI tout en évitant ses pièges potentiels ? La réponse réside dans une approche personnalisée et approfondie de la connaissance de soi.
Le besoin de reconnaissance de notre singularité est fondamental, particulièrement en période de transition professionnelle. Nous aspirons tous à être compris dans notre unicité, au-delà des étiquettes et des catégories standardisées. Ce besoin explique le sentiment de frustration que beaucoup ressentent face aux tests de personnalité conventionnels qui semblent nous mettre dans des "cases" prédéfinies.
Pour véritablement exploiter les résultats du MBTI dans votre reconversion, envisagez ces pistes concrètes :
1. Utilisez-le comme point de départ plutôt que comme destination finale. Ses résultats sont des invitations à l'exploration, non des verdicts définitifs.
2. Recherchez les modèles récurrents dans vos expériences professionnelles satisfaisantes, au-delà des descriptions génériques de votre type.
3. Identifiez vos zones de génie spécifiques - ces moments où le temps semble s'arrêter et où vous excellez sans effort apparent.
4. Explorez comment vos préférences MBTI s'expriment de manière unique dans votre vie, plutôt que de vous limiter aux descriptions standardisées.
Cette quête d'authenticité professionnelle bénéficie grandement d'un regard extérieur expert et bienveillant. Un bilan de compétences adapté vous permet d'aller au-delà des catégorisations simplistes pour explorer votre singularité professionnelle dans toute sa profondeur.
Le Bilan d'Excellence se distingue justement par son approche qui ne vous enferme dans aucune case prédéfinie, mais cherche à révéler cette zone de génie unique où vous excellez naturellement sans même vous en rendre compte. Contrairement aux approches traditionnelles, cette méthode s'appuie sur le Mode Opératoire Identitaire et Itératif (MO2I) pour identifier ce qui fait de vous un être véritablement irremplaçable dans le monde professionnel.