
Comment interpréter les résultats du test MBTI
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Se projeter professionnellement après avoir réalisé un test MBTI peut s'avérer difficile pour de nombreuses personnes en reconversion. Cette difficulté n'est pas rare et mérite que nous l'explorions en profondeur. Selon une étude menée par le CPP (l'éditeur officiel du MBTI), plus de 70% des personnes ayant passé ce test éprouvent des difficultés à traduire concrètement les résultats en choix de carrière précis. Cette statistique révèle un décalage significatif entre les attentes placées dans ces tests et leur capacité réelle à orienter notre parcours professionnel.
Dans cet article, nous allons décortiquer les raisons profondes qui expliquent pourquoi un test de personnalité, aussi populaire soit-il, peut vous laisser avec ce sentiment de flou et d'indécision quant à votre avenir professionnel. Nous verrons que malgré ses qualités, le MBTI présente des limites intrinsèques qui peuvent entraver votre capacité à vous projeter dans un métier qui correspond véritablement à votre nature profonde.
Le test MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) est souvent présenté comme un outil révolutionnaire de connaissance de soi, mais sa portée est en réalité bien plus restreinte qu'on ne le pense généralement. Développé dans les années 1940 par Isabel Briggs Myers et sa mère, Katherine Cook Briggs, ce test s'inspire des théories psychologiques de Carl Jung pour classer les individus en 16 types de personnalité.
Ces catégories reposent sur quatre dimensions principales : l'introversion ou l'extraversion (E/I), la sensation ou l'intuition (S/N), la pensée ou le sentiment (T/F), et le jugement ou la perception (J/P). Selon vos réponses, vous obtenez un profil à quatre lettres comme "INFJ" ou "ESTP" censé représenter votre type de personnalité dominant.
Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology révèle que près de 50% des personnes obtiennent un résultat différent lorsqu'elles repassent le test après seulement cinq semaines. Cette faible stabilité test-retest souligne une première limite fondamentale : notre personnalité n'est pas figée mais dynamique, évoluant constamment au fil de nos expériences et des contextes dans lesquels nous évoluons.
Prenons l'exemple de Marie, designer graphique pendant 15 ans, qui a obtenu un profil "INFP" lors d'un premier test. Après un congé sabbatique de trois mois pendant lequel elle a exploré de nouvelles activités, son second test l'a classée comme "ENFP". Cette variation significative l'a plongée dans une confusion plus grande encore : devait-elle se fier à son premier résultat ou au second pour orienter sa reconversion ?
Le MBTI peut certes offrir un premier aperçu de certaines tendances générales de notre personnalité, mais il ne peut pas identifier ce qui constitue notre singularité fondamentale, cette manière unique d'agir et de percevoir le monde qui s'est forgée tout au long de notre vie.
La difficulté majeure à se projeter professionnellement suite à un test MBTI réside dans le caractère trop générique des catégories proposées. En vous classant comme "INFJ" ou "ESTP", le test vous place dans une case préétablie que vous partagez avec des millions d'autres personnes à travers le monde.
Or, votre véritable identité professionnelle ne peut se résumer à quatre lettres. Ce qui vous rend véritablement unique, c'est votre manière singulière d'agir, de résoudre des problèmes et d'interagir avec le monde. Cette façon d'être et d'agir s'est développée de manière largement inconsciente tout au long de votre vie, particulièrement durant l'enfance, à travers vos expériences formatrices, qu'elles aient été heureuses ou malheureuses.
Imaginons deux personnes classées "INTJ" selon le MBTI. L'une pourrait avoir développé, au fil de son histoire personnelle, une capacité exceptionnelle à restructurer des systèmes en crise, tandis que l'autre aurait affiné un don pour conceptualiser des idées abstraites et les rendre accessibles. Bien que partageant le même type MBTI, ces deux personnes possèdent des singularités radicalement différentes qui les orienteraient vers des voies professionnelles distinctes.
Quand le test MBTI vous suggère que vous êtes fait pour "les métiers analytiques" ou "les professions créatives", il ignore complètement cette spécificité qui vous est propre. Cette généralisation crée souvent une sensation de flou, un manque de clarté qui rend difficile la projection dans un métier précis correspondant vraiment à votre nature profonde.
Vous vous retrouvez alors face à des listes de métiers recommandés pour votre type, mais sans la conviction profonde qu'ils correspondent véritablement à ce qui vous rendrait épanoui et performant au quotidien. Cette situation génère souvent un sentiment de confusion plutôt qu'une clarification de votre chemin professionnel.
Un autre obstacle majeur à la projection professionnelle post-MBTI est la confusion qu'il génère entre vos préférences cognitives et vos véritables compétences. Ce n'est pas parce que vous êtes classé comme "intuitif" (N) que vous excellez naturellement dans tous les domaines requérant de l'intuition, ni que tous les métiers recommandés pour les intuitifs vous conviendront.
Votre excellence véritable ne se manifeste pas dans des traits généraux, mais dans une manière d'agir spécifique, dans un contexte particulier. Léonard de Vinci, souvent considéré comme un ENTP selon les analyses rétrospectives, n'excellait pas simplement dans "les domaines créatifs" comme le suggérerait une interprétation simpliste du MBTI. Son génie résidait dans sa capacité unique à observer minutieusement la nature et à traduire ses observations en innovations techniques et artistiques – une spécificité bien plus précise que sa simple catégorisation MBTI.
Cette confusion entre préférences et excellence véritable génère souvent un sentiment d'inadéquation lorsque vous tentez de vous projeter dans des métiers simplement parce qu'ils sont "recommandés" pour votre type MBTI, sans qu'ils ne correspondent à votre véritable zone de génie.
Paul, un manager de 45 ans classé "ESTJ", s'est retrouvé face à cette difficulté lors de sa reconversion. Les métiers recommandés pour son profil (directeur administratif, comptable, juriste) ne trouvaient aucun écho en lui, malgré leur apparente cohérence avec ses traits de personnalité dominants. Ce n'est qu'en explorant plus profondément sa façon unique d'agir et de résoudre les problèmes qu'il a découvert sa véritable zone de génie : sa capacité à percevoir et à résoudre les blocages relationnels invisibles au sein des équipes – une compétence que le test MBTI n'avait pas su identifier.
Le test MBTI peut créer l'illusion trompeuse qu'il existe une liste définie de métiers "compatibles" avec votre type de personnalité. Cette approche simpliste de l'orientation professionnelle néglige un fait essentiel : la réussite et l'épanouissement dans un métier dépendent davantage de votre singularité spécifique que de votre type de personnalité général.
À titre d'exemple, imaginez deux personnes classées "ENFP". La première pourrait trouver son épanouissement en tant que formatrice, tandis que la seconde s'épanouirait comme directrice artistique. Bien que partageant le même profil MBTI, elles possèdent des singularités fondamentalement différentes qui les orientent vers des chemins professionnels distincts.
Cette illusion peut vous mener vers des impasses professionnelles ou des choix par défaut. Vous pourriez vous retrouver à explorer des domaines qui, sur le papier, correspondent à votre type MBTI, mais qui ne sollicitent pas votre véritable zone de génie. Résultat : un sentiment persistant de ne pas être à votre place malgré des choix apparemment "cohérents" avec votre profil.
Ce phénomène n'est pas anodin et touche de nombreuses personnes en reconversion. Une enquête menée auprès de 500 personnes en transition professionnelle révèle que 65% de celles ayant utilisé uniquement le MBTI pour s'orienter ont exprimé un sentiment d'insatisfaction face aux pistes professionnelles suggérées, les jugeant "trop vagues" ou "pas assez personnalisées".
L'épanouissement professionnel véritable survient lorsque vous pouvez déployer votre génie naturel au quotidien, lorsque vos actions s'alignent avec ce pour quoi vous êtes intrinsèquement taillé – bien au-delà des catégories génériques du MBTI.
Une des causes les plus profondes de votre difficulté à vous projeter professionnellement suite à un test MBTI est le manque de dimension ontologique de cette approche. La quête professionnelle n'est pas seulement une question de compétences ou de préférences, mais aussi une quête de sens et d'identité profonde.
Le test MBTI ne touche pas à la dimension existentielle de votre être. Il ne répond pas aux questions fondamentales : "Qui suis-je réellement ?", "Quelle est ma raison d'être ?", "Quelle est ma vocation singulière ?" Ces questions touchent à l'essence même de votre existence et ne peuvent être résolues par une simple catégorisation en types de personnalité.
Prenons l'exemple de Gandhi, souvent identifié rétrospectivement comme un "INFJ". Cette catégorisation peut-elle vraiment expliquer la profondeur de sa vocation et la singularité de son impact sur le monde ? Évidemment non. Elle ne fait qu'effleurer la surface d'une identité profonde forgée par des expériences uniques, des valeurs profondes et une manière singulière d'interagir avec le monde.
Cette absence de profondeur ontologique laisse un vide intérieur que les recommandations professionnelles génériques ne peuvent combler. Vous ressentez alors une persistante impression de flou, un sentiment que quelque chose d'essentiel vous échappe encore dans votre quête professionnelle.
Pour avancer véritablement dans votre projection professionnelle, il est essentiel de dépasser cette approche superficielle et d'explorer plus profondément ce qui constitue votre singularité fondamentale – cette zone de génie unique qui s'est forgée au fil de votre histoire personnelle et qui attend d'être pleinement déployée dans votre vie professionnelle.
Face aux limitations des tests de personnalité comme le MBTI, il devient essentiel d'adopter une approche radicalement différente pour vous permettre de vous projeter professionnellement avec clarté et conviction.
Pour dépasser le flou et l'indécision, nous vous invitons à engager une démarche plus approfondie et personnalisée. Commencez par identifier les moments où vous vous êtes senti véritablement dans votre élément, ces instants où vous avez agi avec une fluidité et une excellence naturelles, sans effort particulier. Analysez ces moments non pas en termes de contenu (ce que vous faisiez) mais en termes de processus (comment vous le faisiez).
Posez-vous des questions plus ciblées que celles d'un test MBTI standard :
Ces questions vous aideront à identifier progressivement votre zone de génie unique, celle qui s'est forgée tout au long de votre vie à travers vos expériences formatrices.
Un bilan de compétences traditionnel peut vous aider à faire le point sur votre parcours professionnel et à identifier certaines pistes d'évolution. Cependant, pour aller plus loin dans cette quête de clarté, il existe des approches encore plus personnalisées comme le Bilan d'Excellence. Ce type d'accompagnement s'appuie sur la méthode MO2I (Mode Opératoire Identitaire et Itératif) qui permet d'identifier votre zone de génie unique dans laquelle vous excellez de façon totalement naturelle et inconsciente, sans vous enfermer dans des catégories préétablies.