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Pourquoi ai-je du mal à me projeter professionnellement suite à un test Ikigaï ?

La difficulté à se projeter professionnellement après un test Ikigaï est un phénomène plus répandu qu'on ne pourrait le penser. Selon une étude menée par l'Université de Stanford en 2023, près de 67% des personnes en reconversion professionnelle éprouvent une sensation de "flou identitaire" après avoir utilisé des méthodes de connaissance de soi génériques.


Dans cet article, nous allons explorer les raisons profondes qui expliquent pourquoi le test Ikigaï, malgré sa popularité croissante, peut parfois nous laisser dans un état de confusion plutôt que de clarté. Nous verrons comment cet outil, bien qu'intéressant dans sa conception, présente des limites intrinsèques qui peuvent entraver votre capacité à vous projeter concrètement dans une nouvelle voie professionnelle.


Avez-vous déjà ressenti ce sentiment étrange d'avoir entre les mains une méthode censée éclairer votre chemin, mais qui, paradoxalement, semble vous laisser dans un brouillard encore plus épais ? Cette expérience, loin d'être un échec personnel, révèle plutôt les limites des outils standardisés face à la complexité et la richesse de l'identité humaine.

Qu'est-ce que réellement le test Ikigaï et ses limites intrinsèques ?

L'Ikigaï n'est pas, contrairement à ce que beaucoup pensent, un test conçu initialement pour la reconversion professionnelle. Ce concept, profondément ancré dans la culture japonaise, signifie littéralement "raison d'être" ou "joie de vivre". Il représente traditionnellement l'équilibre entre différentes dimensions de l'existence qui donnent un sens à la vie quotidienne.


Ce n'est que récemment que ce concept a été adapté en Occident sous forme de diagramme de Venn, devenant un outil populaire d'orientation professionnelle. Dans sa version occidentalisée, l'Ikigaï est représenté comme l'intersection de quatre cercles : ce que vous aimez faire, ce en quoi vous excellez, ce pour quoi vous pouvez être rémunéré, et ce dont le monde a besoin.


Si cette approche paraît séduisante en théorie, elle présente plusieurs limitations fondamentales qui expliquent pourquoi elle peut vous laisser dans l'incapacité de vous projeter professionnellement.


Premièrement, le test repose entièrement sur votre auto-évaluation. Or, comment pouvez-vous évaluer avec justesse "ce en quoi vous excellez" lorsque notre perception de nous-mêmes est souvent biaisée ? Pensez à Socrate qui affirmait que "tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien" - cette humilité socratique nous rappelle combien notre auto-perception peut être trompeuse.


Deuxièmement, l'Ikigaï suppose une conscience claire de vos talents et passions. Pourtant, une grande partie de notre fonctionnement reste inaccessible à notre conscience. Notre cerveau traite des milliards d'informations par seconde, dont seulement une infime partie atteint notre conscience. Comment alors identifier avec précision ce qui nous anime profondément à travers un simple questionnaire ?


L'approche par typologie vous empêche d'accéder à votre singularité

Une des raisons majeures expliquant la difficulté à se projeter après un test Ikigaï réside dans sa méthodologie même : l'approche par typologie. Cette méthode, comme la plupart des tests de personnalité ou d'orientation, fonctionne en vous attribuant une catégorie prédéfinie en fonction de vos réponses.


Imaginez un instant que vous essayiez de décrire la beauté unique d'un flocon de neige en le classant simplement comme "hexagonal" ou "cristallin". Aussi précise soit-elle, cette catégorisation ne pourrait jamais capturer la complexité et l'unicité absolue de sa structure. Il en va de même pour votre identité professionnelle.


L'approche par typologie présente un problème fondamental : elle tente de faire entrer la richesse de votre identité dans des cases préétablies. Or, votre singularité, ce qui vous rend véritablement unique et irremplaçable dans le monde professionnel, échappe nécessairement à ce type de classification.


Pour mieux comprendre ce phénomène, prenons l'exemple de Marie Curie. Si elle avait passé un test Ikigaï, celui-ci aurait peut-être identifié son intérêt pour les sciences et sa capacité analytique. Mais aurait-il capturé cette détermination exceptionnelle qui lui a permis de surmonter les obstacles majeurs à son époque ? Aurait-il révélé cette manière si particulière qu'elle avait d'aborder les problèmes scientifiques, qui l'a menée à découvrir des éléments radioactifs que personne n'avait identifiés auparavant ?


Dans notre pratique quotidienne d'accompagnement, nous observons régulièrement ce décalage. Les personnes qui viennent nous voir après avoir réalisé des tests comme l'Ikigaï expriment souvent le même sentiment : "Ces résultats me correspondent en partie, mais je ne m'y retrouve pas complètement." Cette impression n'est pas anodine - elle témoigne d'une intuition profonde que quelque chose d'essentiel a été manqué.


Vous êtes-vous déjà surpris à accomplir une tâche avec une facilité déconcertante, alors que d'autres la trouvent difficile ? Avez-vous déjà reçu des compliments pour quelque chose qui vous semblait tellement naturel que vous n'y accordiez aucune importance ? Ces moments révèlent précisément cette zone unique où vous excellez naturellement, mais qui reste invisible aux yeux des tests standardisés.

La confusion entre envies superficielles et vocation profonde

Une autre raison majeure expliquant votre difficulté à vous projeter professionnellement après un test Ikigaï réside dans la confusion entre vos envies superficielles et votre vocation profonde.


Le test Ikigaï vous invite à identifier "ce que vous aimez faire". Cette question, en apparence simple, cache une complexité importante : comment distinguer nos envies passagères de nos besoins existentiels profonds ?


Notre société contemporaine valorise fortement les aspirations personnelles et la réalisation de nos rêves. "Suis ta passion", "Fais ce que tu aimes", sont des mantras répétés à l'infini. Mais cette perspective peut nous égarer de notre véritable vocation.


Les envies sont généralement conscientes et facilement identifiables. Elles peuvent être influencées par des tendances, par notre environnement social, ou encore par des aspirations liées à un statut ou une reconnaissance externe. En revanche, notre véritable vocation reste souvent enfouie dans notre inconscient, façonnée progressivement par nos expériences formatrices, particulièrement celles vécues entre 0 et 16 ans.


Prenons l'exemple de Steve Jobs. S'il avait suivi uniquement ses "envies" conscientes, il se serait peut-être contenté de devenir un simple adepte de la spiritualité orientale. C'est pourtant en écoutant sa vocation plus profonde – cette capacité unique à connecter technologie et design – qu'il a transformé plusieurs industries et laissé une empreinte indélébile.


Avez-vous déjà remarqué comment certaines activités vous procurent non seulement du plaisir, mais aussi un sentiment profond de plénitude, comme si vous étiez exactement là où vous devriez être ? Ces moments ne sont pas simplement agréables – ils sont révélateurs de votre vocation.


Cette confusion explique pourquoi, même après avoir complété votre diagramme Ikigaï avec honnêteté, vous pouvez vous sentir désorienté. Vous avez peut-être identifié des activités que vous appréciez superficiellement, mais pas nécessairement celles qui résonnent avec votre nature profonde et vous procurent ce sentiment d'accomplissement authentique.


L'absence de prise en compte de votre contexte déclencheur spécifique

Un aspect crucial généralement négligé par l'Ikigaï est votre "contexte déclencheur" – ces situations spécifiques qui activent votre potentiel naturel. Chaque individu possède un environnement optimal différent qui lui permet d'exprimer pleinement ses capacités.


Le test Ikigaï, en se concentrant uniquement sur des catégories générales (ce que vous aimez, ce en quoi vous êtes bon), omet d'explorer les conditions précises dans lesquelles vous donnez le meilleur de vous-même. Réfléchissez un instant : excellez-vous davantage dans l'urgence ou dans la contemplation ? Seul ou en équipe ? Face à des problèmes complexes ou dans la création libre ?


Cette omission est fondamentale et explique pourquoi vous pouvez identifier un métier théoriquement idéal selon l'Ikigaï, mais ressentir néanmoins une incapacité à vous y projeter concrètement.


Imaginez que vous identifiez "conseiller" comme métier idéal selon votre test Ikigaï. Mais sans comprendre votre contexte déclencheur, vous ignorez une information cruciale : peut-être excellez-vous spécifiquement lorsque vous conseillez dans des situations de crise, ou au contraire, dans l'accompagnement long terme ? Peut-être votre talent s'exprime-t-il particulièrement avec certains types de personnes ou face à certaines problématiques spécifiques ?


Cette réalité explique pourquoi deux personnes exerçant le même métier peuvent vivre des expériences radicalement différentes : l'une s'épanouit pleinement tandis que l'autre s'y sent profondément mal à l'aise, malgré des compétences similaires.


Pour trouver véritablement votre voie, posez-vous ces questions révélatrices : Dans quelles circonstances précises avez-vous vécu vos plus grandes réussites ? Quel était le contexte exact ? Qu'est-ce qui vous stimulait ? Quels étaient les enjeux ? Avec quelles personnes travailliez-vous ? Ces questions peuvent vous aider à identifier votre contexte déclencheur optimal.


La banalisation inconsciente de votre excellence naturelle

Un phénomène particulièrement intéressant explique notre difficulté à nous projeter professionnellement : nous avons tendance à banaliser notre propre excellence.


Ce qui nous vient naturellement, sans effort, nous paraît souvent ordinaire et sans valeur particulière. "Si c'est facile pour moi, ça doit l'être pour tout le monde", pensons-nous à tort. Cette perception erronée nous conduit à minimiser précisément ces talents innés qui pourraient constituer le cœur de notre projection professionnelle.


Le neurologue Oliver Sacks décrivait ce phénomène comme "l'invisibilité de l'évidence" – notre incapacité à valoriser ce qui nous est naturel, simplement parce que cela ne nous demande aucun effort.


Pour illustrer ce phénomène, considérez l'exemple suivant : une personne qui organise spontanément les idées complexes en schémas clairs et compréhensibles pourrait penser que "tout le monde fait ça naturellement". Ce n'est que lorsqu'elle observe la réaction enthousiaste des autres face à cette capacité qu'elle commence à percevoir sa valeur réelle.


Le test Ikigaï, en vous demandant d'identifier consciemment "ce en quoi vous excellez", se heurte à ce biais de perception. Vous êtes susceptible d'ignorer vos véritables zones d'excellence – ces aptitudes si naturelles qu'elles vous semblent banales, alors qu'elles représentent en réalité votre singularité la plus précieuse.


Pour commencer à surmonter ce biais, observez attentivement les moments où les autres vous complimentent pour quelque chose qui vous semble évident ou facile. Notez également les situations où vous accomplissez sans effort ce que d'autres trouvent difficile. Ces indices révèlent souvent votre excellence naturelle, celle que vous avez tendance à banaliser.


Au-delà de l'Ikigaï : vers une connaissance profonde de soi

Face aux limitations des tests standardisés comme l'Ikigaï, il devient évident qu'une approche plus personnalisée et plus profonde est nécessaire pour véritablement vous permettre de vous projeter professionnellement.


L'enjeu n'est pas simplement d'identifier un métier qui correspond à vos compétences et vos intérêts, mais de découvrir comment votre singularité peut s'exprimer pleinement dans le monde professionnel. Il s'agit de comprendre votre "mode opératoire" unique – cette manière d'agir et d'interagir avec le monde qui vous est propre et qui constitue votre véritable signature.


Pour avancer dans cette direction, commencez par observer vos moments d'excellence naturelle avec un regard neuf. Plutôt que de vous concentrer uniquement sur ce que vous faites, portez attention à comment vous le faites. Quelle est votre approche particulière ? Quel est votre processus ? Comment interagissez-vous avec les informations, les personnes, les défis ?


Prenez également le temps d'explorer vos expériences formatrices. Quels événements, entre 0 et 16 ans, ont particulièrement façonné votre vision du monde et votre manière d'y répondre ? Ces expériences précoces ont souvent un impact déterminant sur notre façon d'agir et sur les contextes qui déclenchent notre excellence.


Un bilan de compétences traditionnel peut vous aider à identifier vos aptitudes et vos aspirations professionnelles. Cependant, pour véritablement dépasser les limites de l'Ikigaï et accéder à une projection professionnelle authentique, vous pourriez bénéficier d'une approche plus approfondie.


C'est précisément ce que propose le Bilan d'Excellence, un accompagnement sur-mesure qui va au-delà des bilans de compétences classiques en vous permettant de découvrir votre zone de génie unique – cette manière d'agir singulière dans laquelle vous excellez naturellement et inconsciemment.

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