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4 erreurs à éviter lorsqu'on tente d'interpréter les résultats du modèle Process Com

Dans un monde professionnel en constante évolution, nous sommes nombreux à chercher des outils pour mieux nous comprendre et orienter notre carrière avec plus de discernement.


Selon une étude publiée par le Journal of Career Assessment en 2023, plus de 68% des personnes en reconversion professionnelle utilisent au moins un test de personnalité pour guider leurs choix.


Parmi ces outils, le modèle Process Communication (PCM) figure en bonne place.


Développé par le psychologue américain Taibi Kahler dans les années 1970, ce modèle est aujourd'hui utilisé par de nombreux coachs et consultants en orientation professionnelle.


Cependant, comme tout modèle de connaissance de soi, son interprétation requiert une certaine prudence et une compréhension nuancée de ses résultats.


Dans cet article, nous allons explorer les quatre erreurs les plus courantes que nous commettons lorsque nous tentons d'interpréter les résultats du modèle Process Com, et comment les éviter pour en tirer une connaissance de soi véritablement utile dans notre cheminement professionnel.

Qu'est-ce que réellement le modèle Process Com et ses limites ?

Le modèle Process Communication n'est pas simplement un test de personnalité comme on pourrait le croire au premier abord. Il s'agit d'un outil qui permet d'identifier différents types de personnalité et la manière dont nous communiquons en fonction de ces types. Contrairement à certaines idées reçues, ce modèle ne prétend pas enfermer les individus dans des cases rigides, mais propose plutôt une cartographie de notre fonctionnement relationnel et communicationnel.


La Process Com identifie six types de personnalité : Empathique, Travaillomane, Persévérant, Rêveur, Promoteur et Rebelle. Chacun possède un "immeuble de personnalité" composé de ces six types, mais dans un ordre qui lui est propre, avec un type "base" dominant.


Cependant, ce modèle présente certaines limites qu'il est important de reconnaître. D'abord, il se concentre principalement sur les modes de communication et les comportements observables, mais n'explore pas en profondeur ce qui rend chaque individu véritablement unique dans sa manière d'agir et de transformer son environnement. Comme le souligne le Dr. Martin Seligman, pionnier de la psychologie positive, "les modèles de personnalité nous aident à comprendre nos tendances comportementales, mais ne révèlent pas nécessairement ce dans quoi nous pouvons véritablement exceller de façon singulière."


De plus, le modèle Process Com a tendance à catégoriser les comportements selon des typologies prédéfinies, ce qui peut parfois masquer la singularité profonde de chaque individu. Prenons l'exemple de Leonard de Vinci : sous l'angle de la Process Com, il aurait probablement été identifié comme un "Rêveur" ou un "Persévérant". Mais cette classification aurait-elle vraiment saisi l'essence de son génie multidisciplinaire et de sa façon unique d'observer et de transformer le monde ?


L'erreur de se laisser enfermer dans une typologie prédéfinie

"Je suis Empathique en base avec un Travaillomane en phase." Cette phrase, nous l'entendons souvent chez les personnes qui ont passé un test Process Com. Elle révèle l'une des erreurs les plus fréquentes : s'identifier totalement à une typologie prédéfinie, comme si celle-ci définissait l'intégralité de notre être.


Cette identification excessive peut avoir des conséquences subtiles mais importantes sur notre développement personnel et professionnel. Lorsque nous nous définissons strictement par notre type de personnalité, nous risquons de limiter notre exploration personnelle et d'ignorer des aspects essentiels de notre identité qui ne correspondent pas à cette typologie.


Par exemple, une personne identifiée comme "Travaillomane" pourrait se conforter dans une approche méthodique et structurée du travail, négligeant d'explorer sa créativité ou son intuition qui pourraient être des atouts majeurs dans certaines situations professionnelles. De même, quelqu'un catégorisé comme "Rêveur" pourrait s'autoriser à rester dans sa zone de confort introspective, alors qu'un développement de ses compétences d'action et de prise de décision serait bénéfique pour son évolution.


Le danger réside dans ce que les psychologues appellent "l'effet Pygmalion" : nous finissons par nous conformer aux attentes liées à notre typologie, renforçant ainsi les traits associés et limitant notre potentiel d'évolution. Comme le dit si justement Carl Jung : "L'individualité ne peut pratiquement pas être classifiée, car elle est par définition quelque chose d'unique."


Comment éviter ce piège ? En considérant les résultats du Process Com comme un point de départ pour l'exploration de soi, et non comme une définition figée de qui nous sommes. Posez-vous régulièrement ces questions : "En dehors de mon type dominant, quelles sont mes qualités uniques qui ne rentrent pas dans cette classification ?" ou "Quand ai-je agi d'une manière qui ne correspondait pas à mon profil, et avec quels résultats ?"


Il est également utile de se rappeler que chaque personne possède les six types de personnalité dans son "immeuble", et que nous avons la capacité de développer et d'activer n'importe lequel d'entre eux selon les circonstances et nos besoins d'évolution personnelle.

La confusion entre traits temporaires et mode opératoire permanent

Une autre erreur commune dans l'interprétation du modèle Process Com est de confondre des comportements ou traits temporaires avec notre mode opératoire fondamental et permanent. Le modèle Process Com nous aide à identifier nos comportements et préférences communicationnelles, mais ces derniers peuvent fluctuer considérablement en fonction des contextes, du stress, ou de périodes particulières de notre vie.


Par exemple, une personne peut se montrer très "Rebelle" pendant une période de remise en question professionnelle, avec un comportement créatif et spontané, puis revenir à un mode plus "Persévérant" une fois cette phase passée. Est-ce que cela signifie que sa personnalité a changé ? Pas nécessairement. Il s'agit plutôt d'une adaptation temporaire à un contexte spécifique.


Dans la vie quotidienne, cette confusion peut nous amener à surinterpréter des comportements transitoires. Imaginons Sarah, qui traverse une période intense au travail et adopte des comportements très "Travaillomane" : organisation méticuleuse, attention aux détails, respect strict des délais. Elle pourrait en conclure que ce mode de fonctionnement représente sa vraie nature, alors qu'il s'agit peut-être simplement d'une adaptation contextuelle qui ne reflète pas son mode d'action le plus naturel et fluide.


Ce qui nous définit véritablement n'est pas tant nos comportements observables, qui peuvent changer, mais notre façon singulière d'appréhender les problèmes et d'y apporter des solutions qui nous est propre. Comme l'explique Howard Gardner dans sa théorie des intelligences multiples, "ce n'est pas 'combien nous sommes intelligents' qui importe, mais 'comment nous sommes intelligents'."


Pour éviter cette confusion, posez-vous ces questions : "Ce comportement que je manifeste actuellement est-il une réponse à une situation particulière ou représente-t-il ma manière naturelle d'agir ?" et "Dans quelles situations est-ce que j'agis avec une aisance et une fluidité naturelles, sans effort conscient ?"


L'illusion d'une connaissance complète de soi sans exploration de sa zone de génie

Peut-être la plus subtile des erreurs consiste à croire qu'un modèle comme la Process Com nous offre une connaissance complète de nous-même, alors qu'il ne nous éclaire que sur certaines facettes de notre fonctionnement.


De nombreuses personnes ressentent un sentiment d'illumination après avoir découvert leur profil Process Com : "Voilà pourquoi je réagis ainsi dans telle situation !" ou "C'est donc pour cela que je suis à l'aise dans tel contexte !" Cette prise de conscience est certainement précieuse, mais elle ne constitue qu'une partie du chemin vers la connaissance de soi.


Ce que la Process Com n'éclaire pas suffisamment, c'est cette zone de génie unique qui nous distingue fondamentalement des autres. Ce n'est pas tant notre type de personnalité qui nous rend irremplaçable, mais notre manière d'exceller naturellement dans certains contextes précis, grâce à un mode opératoire qui s'est forgé tout au long de notre vie.


Prenons l'exemple de Marie Curie. Un profil Process Com l'aurait probablement identifiée comme "Persévérante" ou "Travaillomane". Mais ce qui faisait sa singularité allait bien au-delà : sa capacité unique à maintenir une concentration extraordinaire pendant de longues périodes, tout en conservant une curiosité insatiable face à l'inconnu. Cette combinaison spécifique constituait sa véritable zone de génie, que peu de modèles de personnalité auraient pu saisir pleinement.


Quand nous nous contentons d'une connaissance superficielle de notre personnalité, nous passons à côté de ce qui pourrait véritablement donner sens à notre parcours professionnel. Nous risquons de nous orienter vers des voies qui correspondent à notre "type", mais pas nécessairement à notre talent unique.


Pour dépasser cette illusion, cherchez les moments où vous vous sentez dans un état de "flow", cet état décrit par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, où l'action semble fluide, le temps disparaît, et vous performez à votre meilleur niveau sans effort apparent. Ces moments révèlent souvent plus sur votre zone de génie que n'importe quel test de personnalité.


La négligence des contextes déclencheurs de notre véritable Excellence

La dernière erreur majeure dans l'interprétation du modèle Process Com concerne la négligence des contextes spécifiques qui déclenchent notre meilleur potentiel. Le modèle nous aide à comprendre comment nous fonctionnons généralement, mais il n'identifie pas précisément les situations qui nous permettent d'exprimer pleinement notre excellence naturelle.


Chacun d'entre nous possède des contextes déclencheurs spécifiques – des situations particulières où nous sommes comme "activés" et où notre talent unique s'exprime pleinement. Ces contextes ne sont pas simplement liés à nos préférences ou à notre confort, mais à notre capacité à transformer une situation de manière singulière et à y apporter une valeur unique.


Par exemple, certaines personnes excellent naturellement lorsqu'elles font face à une situation de crise qui nécessite une réaction rapide. D'autres déploient leur plein potentiel dans des contextes qui demandent une vision à long terme et une planification méticuleuse. Ces déclencheurs sont profondément ancrés en nous et se sont souvent formés très tôt dans notre vie, façonnés par nos expériences fondatrices.


Le modèle Process Com, en se focalisant sur les types de personnalité et les modes de communication, ne nous permet pas d'identifier ces contextes déclencheurs spécifiques. Or, comprendre ces situations qui nous permettent d'être à notre meilleur est essentiel pour orienter notre parcours professionnel vers des environnements où nous pourrons naturellement exceller.


Pour identifier ces contextes déclencheurs, réfléchissez aux moments de votre vie où vous avez ressenti une satisfaction profonde après avoir résolu un problème ou accompli une tâche. Qu'est-ce que ces situations avaient en commun ? Quel type de défi vous stimulait particulièrement ? Dans quelles circonstances avez-vous ressenti que votre contribution était véritablement unique et irremplaçable ?


Face à ces limites des modèles classiques de personnalité, il devient essentiel d'explorer des approches plus approfondies pour découvrir notre singularité. Le Bilan d'Excellence va au-delà des bilans de compétences traditionnels en se concentrant sur l'identification de cette zone de génie unique qui vous caractérise, sans vous enfermer dans des typologies préétablies. Cette approche permet de révéler votre mode opératoire identitaire – cette façon d'agir naturelle et fluide qui vous distingue fondamentalement des autres.

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